En 2021, Les z’amours ont pris fin sur France 2 après 26 ans de… services. Ouaip, difficile pour moi de préciser « bons et loyaux », étant donné que je n’aimais pas des masses ce jeu, et que sa place sur le service public m’a toujours laissé particulièrement perplexe.
Mais toujours est-il que l’arrêt de cette émission est devenu un manque à gagner pour Sony Pictures et Satisfaction (la boîte de production d’Arthur), puisque la case de 11h30 en semaine a été attribuée à Banijay et Air Prod (la boîte de production de Nagui). Banijay qui est d’ailleurs très présente en matière de jeux TV sur cette chaîne depuis un moment, à tel point que ça en deviendrait presque du clientélisme…
Bon, Sony Pictures et Satisfaction ont tout de même eu un lot de consolation, en gardant la case du samedi, pour y proposer un nouveau jeu de leur composition, Y’a pas d’erreur ?. Jeu qui a fonctionné plutôt correctement durant son année de diffusion, mais qui n’a finalement pas été reconduit… parce que c’était plus important de faire encore plus de clientélisme en attribuant AUSSI la case du samedi à Air Prod et en donnant ainsi une fenêtre supplémentaire au très surcoté Chacun son tour déjà diffusé en semaine (ouaip, ne vous attendez pas à ce que je traite ce jeu avec beaucoup d’enthousiasme, quand je vais m’y mettre…).
Ca reste néanmoins dommage pour Y’a pas d’erreur ?, car j’appréciais un peu ce jeu, que je ne trouvais certes pas folichon, mais qui faisait le café. On va voir pourquoi dans la suite de cette critique…
Une ambiance un peu datée… mais qui passe
Disons-le tout de suite, car c’est la première chose qui saute aux yeux quand on découvre ce jeu : son ambiance semble tout droit sortie des années 90-début 2000. En fait, hormis pour la qualité d’image, ce jeu aurait pu sortir sans problème 20 ans plus tôt.
Je reconnais que, venant de la boîte de production des Z’amours, ça n’a pas grand-chose de surprenant, étant donné que l’ambiance de ce jeu et son habillage n’avaient pas évolué (ou alors très peu) depuis le début des années 2000… et, personnellement, je ne m’en plains pas trop. J’avoue que mon côté nostalgique de cette période est plutôt content de voir un jeu qui assume ce genre d’ambiance, même 20 ans plus tard.
Cela dit, même si ce n’est pas affreux, je reconnais que l’habillage de ce jeu reste quand même un peu kitsch, notamment le logo de l’émission. En outre, certains effets sonores et musiques d’attente ne sont pas des plus agréables non plus.
Un peu dans le même genre, on peut noter la présence d’Eurêka, une tête robotique qui est la « mascotte » de l’émission, et qui va apporter des précisions sur les différentes réponses.
J’aime bien cette présence. Ca renforce la bonne ambiance et le côté familial de ce jeu, en proposant une mascotte susceptible de plaire à un jeune public, tout en étant tout à fait acceptable pour un public adulte.
Eurêka valide la réponse.
De façon générale d’ailleurs, l’ambiance de ce jeu, bien qu’elle n’ait rien de particulier, reste très correcte pour un jeu familial comme celui-ci.
En fait, on sent que Y’a pas d’erreur ? n’affiche aucune « grande » ambition, et cherche juste à meubler l’antenne. Je comprendrais donc tout à fait qu’on puisse ne pas accrocher à ce jeu, si l’on cherche quelque chose d’un peu plus consistant et créatif. Et pour ma part, même si je préfère largement les jeux plus créatifs dans leur mécanique, j’arrive quand même à apprécier celui-ci, pour une raison simple : le peu d’ambitions est correctement assumé. Contrairement à un certain Trouvez l’intrus qui me donne l’impression d’en faire un peu des caisses pour compenser son principe simpliste et qui n’en ressort que plus fade pour moi, Y’a pas d’erreur ? ne me renvoie pas une impression de prétention, et renvoie tout à fait l’image à laquelle on s’attendait (avec même une ou deux petites surprises positives, j’y reviendrai).
D’ailleurs, ça en fait même finalement un jeu plutôt approprié pour le jeune public. Si vous êtes adulte et cherchez des questions pointues, vous risquez peut-être de vous ennuyer un peu avec le niveau global des questions ; mais pour un jeu à regarder en famille, on y trouve son compte.
Au passage, on a régulièrement des explications illustrées pour les réponses, ce qui est appréciable.
Et je pourrais dire un peu la même chose du concept de base du jeu, qui reste dans le même état d’esprit : basique, mais correct.
Un concept de base simpliste… mais correct
Le concept global, à une exception près que je vais détailler plus bas, est le suivant : tour à tour, des binômes verront des affirmations, et devront dire s’il y a « Erreur » ou si « Y’a pas d’erreur » ; et ils remporteront des points s’ils répondent correctement. Bref, des questions de type « Vrai/Faux ». Voilà, voilà…
Bon, il y a quand même un petit peu de variété, et on va en parler plus en détail.
Dans la première manche, chaque binôme doit choisir un numéro entre 0 et 9, puis dire si l’affirmation qui est associée est correcte ou non. Ils devront le faire deux fois, et pourront remporter 10 points à chaque réponse correcte.
Hormis le fait que le numéro choisi apparaît dans la question posée, cette manche n’a vraiment rien de particulier, elle permet juste d’introduire le principe global du jeu. Aucun binôme n’est d’ailleurs éliminé à l’issue de cette manche, elle sert juste à faire un peu grimper le score des candidats.
… je ne vois pas trop ce que je pourrais rajouter comme légende à cette capture d’écran.
Dans la deuxième manche, ce seront des phrases en français, pour lesquelles les candidats devront dire s’il y a une faute dans la phrase ou non. Là encore, deux questions sont posées ; mais cette fois-ci, on met un mot en évidence dans la première phrase proposée (qui rapporte 20 points), alors que dans la seconde phrase aucun mot n’est mis en évidence (celle-ci rapporte 40 points).
Bon, même si la mécanique ne décolle pas non plus particulièrement dans cette manche-là, j’apprécie l’idée de jouer avec l’orthographe et la grammaire françaises. D’une part, ça permet de proposer des questions avec un peu plus d’identité propre (là où la manche précédente proposait des questions plus diverses) ; et d’autre part, j’apprécie d’autant plus pour un jeu familial de proposer quelque chose qui puisse parler aussi bien au public adulte qu’au jeune public, et qui puisse lui être utile pour l’école, par exemple.
Cette fois-ci, le binôme qui a le moins bon score à l’issue de cette manche est éliminé.
Ici, la question est de savoir si « souffrir » est orthographié correctement.
Dans la troisième manche, on propose cinq thèmes, qui déboucheront chacun sur trois extraits sonores (musiques, répliques de films, génériques d’émissions, bruits d’animaux). Le binôme avec le meilleur score commence, écoute les extraits, puis doit dire si, parmi ces extraits, il y a eu une erreur par rapport au thème choisi (par exemple, si le thème est « Le père Noël est une ordure », il peut y avoir trois répliques citées, et l’une d’entre elles peut provenir d’un autre film). Si c’est le cas, il faudra choisir l’extrait sonore dans lequel il y a erreur ; sinon, répondre par « Y’a pas d’erreur ».
On passe donc cette fois-ci d’un QCM à deux réponses, à un QCM à quatre réponses… mais je reconnais que ça a un côté légèrement original d’avoir du QCM dont l’une des réponses est « en fait, tout est juste ». Tiens donc, même sur sa façon de faire des QCM où il faut trouver l’intrus, YPDE arrive à être plus original que Trouvez l’intrus… c’est vraiment dire à quel point ce jeu-là ne faisait vraiment aucun effort à ce niveau-là.
En outre, cette fois-ci, la première question posée vaudra 50 points, puis la seconde 100 points. Bon, autant le nombre de points en jeu plus élevé se justifie par la présence de davantage de propositions de réponse (un peu comme les « Duo, carré ou cash » du jeu qui suit… mais sans le « cash »), autant je ne vois pas ce qui justifie que la seconde question rapporte autant de points (même avec un choix de thèmes plus restreint).
En revanche, malgré l’originalité du QCM ici, c’est la manche que j’aime le moins, car c’est la moins fluide du jeu. Les extraits musicaux prennent un peu de temps, de même que la validation, ce qui fait qu’on passe plus de temps que nécessaire sur chaque question… et de plus, ils ne sont pas toujours nécessaires pour illustrer la question. Bref, autant dire que le côté musical est surtout là pour meubler.
En plus, les extraits musicaux qui ont été diffusés au préalable ne correspondaient même pas aux chansons chantées par ces artistes à l’Eurovision…
De façon générale d’ailleurs, on a un peu l’impression que le nombre de points en jeu est décidé un peu arbitrairement…
Certes, je trouve logique qu’en manche 2, la seconde phrase, sans indication, rapporte plus de points que la première qui en a une ; et que la manche 3 permette de rapporter plus de points car il y a davantage de propositions.
Mais pour le reste… pourquoi 10, 20, 40, 50 et 100 points en particulier ? Pourquoi ces chiffres-là et non pas par exemple 30, 60 ou 70 points ? Qu’est-ce qui justifie que les questions de la manche 1 soient jugées plus « simples » que celles de la manche 2 ? Je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu une réflexion très poussée à ce sujet.
En outre, même si c’est mineur, je regrette que, pour un jeu mettant en scène une confrontation entre binômes, il n’y ait finalement que très peu d’interactivité entre eux ; puisque chaque question n’est destinée qu’au binôme qui a la main.
Les seuls moments où il y a des confrontations directes sont les jeux décisifs, pour départager les égalités. Là encore, le principe est juste de répondre à une question dont la réponse est « Erreur/Y’a pas d’erreur » ; mais cette fois-ci, les équipes à départager jouent en même temps, et c’est celle qui aura répondu incorrectement ou qui aura été la plus lente qui sera éliminée (si en revanche tout le monde s’est trompé, on pose une nouvelle question).
Basique, simple ; simple, basique. Mais bon, ça reste un jeu décisif, donc optionnel, on n’avait pas besoin d’un principe très élaboré ici.
Un jeu plutôt décousu
Vous l’aurez compris en lisant le principe des trois manches précédentes : celles-ci n’ont pas vraiment de principe commun très fort. On enchaîne une manche de quiz de culture générale, puis une manche avec une question d’orthographe/grammaire, puis une manche basée sur du blind-test… certes, toutes ces manches ont pour dénominateur commun le fait d’être des QCM dont l’une des réponses est « Y’a pas d’erreur », mais ça reste quand même un élément très anecdotique. Il n’y a pas vraiment de « liant » entre les différentes manches.
En fait, ça me donne l’impression que, lors du brainstorming pour la conception du jeu, on a donné la consigne « Il faut que dans chaque manche, la réponse Y’a pas d’erreur soit proposée », puis qu’on a laissé tout le monde exprimer ses idées… mais en les prenant telles quelles, sans chercher à les harmoniser entre elles. Quelqu’un a soufflé un principe basé sur l’orthographe, quelqu’un d’autre a soufflé une idée à base de blind-test… on les a prises telles quelles, mais sans les adapter pour avoir quelque chose de cohérent.
Ce qui fait de ce jeu un concept malheureusement plutôt fourre-tout. C’est légèrement gênant pour ma part, car j’aime bien quand un jeu suit une certaine cohésion dans son principe de bout en bout.
Proposer une succession de concepts différents dans le fond est une chose relativement « simple », tandis que proposer une succession de concepts différents dans la forme mais cohérents dans le fond demande davantage d’efforts.
Or, ici, c’est un peu l’inverse, avec une succession de concepts cohérents sur la forme, mais moins sur le fond.
Mais bon, en dépit de ces quelques petits problèmes de cohésion, les manches prises indépendamment restent correctes.
En particulier la dernière…
La finale
Le binôme qui a eu le plus de points à l’issue des trois premières manches va en finale.
Cette fois-ci, les membres du binôme sont chacun de leur côté, sur une sorte de tapis, en face d’un pupitre qui va avancer automatiquement.
La phase est chronométrée. Durant cette finale, l’animateur va poser des questions de type vrai/faux (bien sûr, formulées « Erreur/Y’a pas d’erreur » comme le reste), auxquelles chaque membre du binôme va répondre de son côté.
S’ils donnent tous les deux la bonne réponse, ils avancent d’un cran ; s’ils donnent tous les deux la mauvaise réponse, la question passe ; s’ils ne sont pas d’accord entre eux, l’un des deux doit changer sa réponse.
Le but est de donner 10 bonnes réponses afin de pouvoir remporter la somme maximale (… bon, comme c’est un jeu du samedi matin, ça ne fera que 2 000 euros, bien sûr). Il y a également deux paliers intermédiaires qui permettent de remporter des sommes un peu plus basses.
Cette partie du jeu en est le meilleur point, haut la main !
En fait, c’est un principe tout simple, mais qui, à ma connaissance, n’a pourtant jamais été vu dans d’autres émissions (ou alors très peu). Disons qu’il fallait y penser.
J’aime en particulier le fait de faire collaborer les deux membres du binôme, et ainsi de justifier que ce jeu se joue avec des binômes. Je trouve toujours un petit peu dommage que certains jeux comme Money Drop ou 8 chances de tout gagner (oui, je vais dire du « mal » de 8CDTG… profitez-en, c’est très rare) se jouent automatiquement avec des binômes, alors que ça n’apporte techniquement rien à la mécanique du jeu, puisque des candidats en solo auraient suffi. Ici, c’est certes aussi le cas pour les trois premières manches, mais au moins la finale exploite pleinement le binôme.
Et le principe reste bon, avec l’idée de devoir se mettre d’accord sur la bonne réponse, sans que ce ne soit pénalisant, hormis en temps de réponse.
Au passage, c’est également la phase du jeu durant laquelle les questions sont globalement les plus délicates.
Pour un jeu dont le concept ne repose pas sur son originalité ou ses grandes ambitions, ça fait plaisir de voir quand même une manche avec un principe un peu recherché et rafraîchissant.
Bon, si je devais chipoter sur quelque chose, je dirais tout de même que la mise en scène avec les pupitres qui avancent n’était pas vraiment nécessaire… mais c’est mineur.
Il va falloir se mettre d’accord sur la réponse !
Ah, et avant de conclure, petite cerise sur le gâteau : les candidats ne reviennent pas la semaine prochaine.
Ca ne va pas peser dans ma note finale (étant donné que le fait d’avoir un système de champion en soi n’est pas une qualité ou un défaut, mais juste un état de fait), mais ça confère à ce jeu un petit bonus personnel, étant donné que c’est devenu tellement rare, en ce début des années 2020, d’avoir des jeux qui ne recourent PAS à un système de champion, alors que le concept était compatible avec. Je vous avoue, ça fait du bien de voir un jeu qui ne cherche pas à inclure « champion » dans son cahier des charges, et par conséquent défier la loi de Tout le monde veut prendre sa place (ça m’aurait manqué si j’avais fait une critique sans le tacler, celui-là !).
Total : 11/20
Y’a pas d’erreur ? est un jeu relativement simpliste, qui n’a pas de grandes ambitions… mais qui assume plutôt bien ce statut-là, ce qui en fait une émission sans prise de tête, ludique et plutôt agréable à regarder, avec tout de même un petit sursaut de créativité qui rend ce programme un peu plus que correct à mes yeux. Ce n’est certes pas l’émission du siècle, mais elle remplit bien ses objectifs.
Mais bon, c’est dommage qu’elle eut l’outrecuidance de n’occuper qu’une case discrète de France 2 en hebdomadaire, à une époque où la chaîne cherchait à harmoniser sa programmation de jeux du lundi au samedi (pour des raisons économiques, j’imagine). Ce qui appauvrira encore davantage la diversité des jeux proposés par la chaîne par la même occasion…
D’où son remplacement par l’extension de Chacun son tour, qui, honnêtement, ne méritait pas particulièrement de bénéficier d’une case supplémentaire pour moi… on verra pourquoi la prochaine fois.