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#083 – The Wheel, le cercle des 7

Wheel of fortune (La roue de la fortune), Spin the WheelThe Wheel… on sent que le marketing a de moins en moins d’inspiration pour vendre des concepts à base de roues qui tournent. Mais bon, c’est valable pour le marketing étranger comme pour le marketing français, étant donné que, par chez nous, ce dernier format a été vendu sous le nom complet de The Wheel, le cercle des 7. Soit un énième titre à base de « The <mot en anglais pour se la péter mais suffisamment compréhensible par le français moyen>, <sous-titre en français pour faire plaisir à la loi Toubon> », ce qui est un peu une spécialité chez TF1 à force (The Voice, la plus belle voixThe Wall, face au mur…).
Cela dit, en dépit de leur élément central commun (et donc du côté aléatoire qui en découle), ces jeux arrivent tout de même à ne pas être redondants entre eux et à être originaux à leur manière (même si certains comme Spin the Wheel peuvent faire un peu redite avec d’autres concepts, comme on en a déjà longuement parlé la dernière fois). En fait, la roue de The Wheel n’a rien à voir avec les deux autres, celle-ci ne permettant pas de remporter de l’argent, mais l’aide d’un people ; et le concept n’a quasiment aucun rapport avec les deux jeux précédents, si ce n’est le fait de procéder à des tirages au sort. Oui, c’est juste à cause du titre que je traite ce jeu-là à la suite des deux autres, histoire de faire un bloc thématique « roues qui tournent »…

Bref. Comme son nom l’indique, The Wheel est donc un concept d’origine anglo-saxonne, qui nous provient de Grande-Bretagne pour être plus précis.
Pour la petite histoire, c’est un concept qui avait été imaginé pendant la pandémie de Covid, et ses producteurs cherchaient à développer un format qui pouvait être facilement mis en place en respectant les protocoles sanitaires. Une intention très louable dans l’idée, car le programme est conçu de sorte qu’on ne pense pas au Covid en le regardant ; contrairement à la plupart des jeux produits lors de cette période, où on avait soit des masques et du plexiglas de partout, soit une animatrice qui rappelait constamment que les candidats respectent les règles de distanciation sociale (coucou Laurence Boccolini dans Mot de passe). Mais bon, il est arrivé par chez nous en France en 2023, à une période où l’impact du Covid ne se faisait plus ressentir visuellement.
Et, sincèrement, j’aurais aimé pouvoir applaudir ce jeu pour avoir su faire preuve de créativité, en transformant une contrainte de l’époque (les mesures de distanciation) en une idée rafraîchissante et originale !
Sauf que dans les faits, la seule chose que je retiens positivement de ce jeu, c’est sa tentative de créativité. Parce que dans l’exécution, j’ai trouvé ça particulièrement raté et assez foireux ; et croyez-le ou non, mais c’est même encore pire en ce qui concerne l’adaptation française. On va se marrer aujourd’hui…

La première manche

Le plateau de jeu est composé d’une grande roue (virtuelle), sur laquelle sont disposées sept célébrités ; et, au centre de celle-ci, d’une petite roue en sous-sol, sur laquelle sont disposés trois candidats.
En fait, un seul candidat joue à la fois, et on en tire un au sort en début de partie ; celui-ci apparaît alors sur le plateau au centre de la grande roue.

Autant le dire tout de suite : cette roue de célébrités et cette « mini-roue » de candidats, c’est un peu de la gonflette visuelle. On aurait tout aussi bien pu mettre tout ce petit monde derrière des pupitres, et désigner les candidats/célébrités au hasard avec des projections lumineuses façon Terminator de Mission : 1 Million, que ça n’aurait rien changé à la mécanique.

Quoique, la roue, ça permet à Arthur de faire l’idiot en tentant de repousser une flèche virtuelle.

Revenons-en aux règles.
Le candidat au centre du plateau doit choisir un thème parmi les sept proposés (sachant qu’ils devront tous être traités quoi qu’il arrive).
Il s’avère que l’une des célébrités est l’ « expert » au sujet de ce thème ; et sa case va alors se colorer en doré. En revanche, le candidat devra également désigner l’un des people, qui, selon lui, ne l’aidera pas à répondre à la question. Sa case se colore alors en rouge.
Puis la routourne tourne, et l’un des sept people est donc sélectionné. Si c’est celui en doré, tant mieux pour le candidat, car c’est a priori celui qui pourra le mieux l’aider (et il aura potentiellement droit à un petit bonus, on y reviendra) ; en revanche, si c’est celui en rouge, le candidat va être immédiatement mis hors jeu et revenir en sous-sol, pour faire monter l’un des trois candidats tirés au sort pour prendre sa place (il a néanmoins une chance sur trois pour revenir dans la partie tout de suite, le tirage au sort se faisant avec remise).

Puis on pose une question sous forme de QCM à 4 propositions de réponse, sur laquelle le candidat et le people sélectionné réfléchissent, avant de proposer une réponse. Si elle est bonne, le candidat reste dans la partie, et fait monter la cagnotte ; si elle est mauvaise, le candidat est éliminé, et on en prend un autre au hasard pour le remplacer (comme avec la case rouge).
Le candidat choisit alors un autre thème parmi ce qui reste, et on repart pour un tour.

Petite particularité : quand une question n’a pas été répondue correctement, le thème qui lui était associé n’est cependant pas retiré de la liste des thèmes disponibles. Une autre question sur ce thème sera alors proposée lorsqu’il sera choisi à nouveau. Il faudra donc forcément traiter correctement les sept thèmes pour mettre fin à cette première manche.

Le candidat qualifié pour la finale sera celui qui aura répondu correctement à la dernière question.

Même si, ici, ce n’est pas Philippe Manœuvre qui aide le candidat à la question, il doit, comme tous les autres, y répondre secrètement pendant que le candidat et son people désigné par la roue y réfléchissent. Ca servira pour la finale plus tard.

Je ne nie pas que, quelque part, ce concept a quelque chose d’un peu frais et essaie d’être créatif… mais il ne me convainc pas particulièrement.
Pour moi, le principal défaut que cette manche a à proposer, c’est le système de rotation des candidats. On est dans un système façon Motus ou LRDLF, où tant qu’un candidat continue à répondre correctement, il garde la main, et ne la perd qu’en cas de mauvaise réponse de sa part, ou en tombant sur une boule noire/une case type Passe ou Banqueroute.
Comme vous le savez, je ne suis pas fan de ce genre de système. C’est typiquement le genre de cas où, selon le niveau et le manque de chance, certains candidats peuvent ne jamais avoir l’occasion de jouer parce qu’on ne leur en laisse pas l’occasion. Ici, c’est d’ailleurs même pire, vu que les candidats sont tirés au sort, là où LRDLF recourt au moins à une énigme rapide pour savoir qui commence (ou permet à tout le monde de commencer au moins une manche, selon la version).
Et là, en plus de ça, on a le même défaut prépondérant que pour Millionaire Hot Seat, où un candidat qui arrive tardivement peut profiter des bonnes performances de ses camarades éliminés au préalable pour remporter la victoire en n’ayant quasiment rien fait et juste donner la réponse à la dernière question… donc, vraiment, c’est difficile pour moi de trouver les victoires systématiquement méritées dans cette manche, d’autant plus quand on peut solliciter l’aide des people.
Bref, il y a à la fois trop de hasard et pas forcément assez de mérite pour que je puisse trouver cette mécanique correcte, et trouver que le candidat mérite la cagnotte.

Les candidats doivent patienter en sous-sol, pour découvrir lequel va être sélectionné au départ, puis en cas d’erreur de la part d’un autre candidat.
(Et ils doivent avoir un de ces tournis à l’issue du tournage…)

La cagnotte, parlons-en, tiens.
Celle-ci est forgée en fonction des bonnes réponses données, avec 3 000 € par bonne réponse. Sauf que comme cette manche prend forcément fin au bout de 7 questions correctement répondues, ça veut dire qu’elle vaudra donc forcément 21 000 €, donc ça n’a pas grand intérêt de calculer comme ça, au final…
Bon, en fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Si, par hasard, c’est la personnalité experte qui aide le candidat à répondre à la question, la bonne réponse vaut alors 6 000 €. Donc si les candidats ont beaucoup de chance, et que l’expert tombe à chaque fois, ce gain peut monter à 42 000 €. Mais ça ne change rien du tout au fait que la personnalité qui aide le candidat est à chaque fois tirée au sort, donc que la possibilité d’avoir plus d’argent dans la cagnotte ne dépend au final pas tant du candidat que du hasard… et que le montant final de la cagnotte revient juste à un tirage de loterie sans intérêt. On n’est pas dans LRDLF où, au moins, le candidat pouvait tenter de doser son effort pour viser des cases précises ; ou garder les lettres les plus présentes pour les cases les plus juteuses afin de les multiplier, pour jouer plus stratégiquement…

Concernant les thèmes… je n’apprécie pas trop l’idée de conserver les sept mêmes thèmes tout au long de la manche.
Bon, je reconnais que c’est un peu original, car on aurait pu avoir une mécanique plus classique où une question mal répondue implique une occasion de moins d’avoir de l’argent. Mais là… à supposer que quasiment personne ne s’y connaisse sur l’un des thèmes et qu’on enchaîne les mauvaises réponses dessus, on fait quoi ? On rejoue jusqu’à tomber sur l’expert à ce sujet ? On simplifie les questions pour les rendre plus accessibles et en finir ? C’est un peu bof bof comme façon de faire… ou alors, peut-être y a-t-il une règle subsidiaire qui décrète qu’au bout d’un certain nombre de questions posées au sujet d’un même thème, celui-ci finit par être retiré de la partie.

Les people. Ca ne va pas être un aussi gros morceau que je ne le pensais.
Alors, déjà, commençons tout de même par du positif : même si mon appréciation à leur sujet est inégale (certains adorant se mettre en avant plus que d’autres, comme d’habitude…), je reconnais que le jeu n’en fait pas non plus des caisses à leur sujet (enfin, ça dépend peut-être des émissions, j’avoue que je ne les ai pas toutes regardées). Et que, pour une fois, leur présence est plutôt justifiée, dans la mesure où ils participent activement d’une part ; et où, d’autre part, ça permet également aux candidats d’avoir une légère (j’insiste sur le « légère »…) idée de celui qu’ils vont désigner en tant que non-spécialiste ; car l’intérêt d’un people dans ce contexte, c’est le fait qu’il soit un minimum connu, et qu’on sache pour quelles raisons on le connaît. C’est d’ailleurs un peu dommage à mon sens de ne pas avoir poussé l’idée jusqu’au bout, en laissant le candidat désigner lui-même celui qu’il pense être l’expert à ce sujet ; même si ça aurait fait un peu Qui est qui ? sur les bords je le reconnais, et que ça aurait été évident pour ceux qui auraient été rendus célèbres grâce au sujet en question.
Après, le choix des experts est parfois un peu… douteux. Autant pour certains, ça semble évident, comme Michel Sarran pour un thème « Cuisine du Sud-Ouest » ou Philippe Manœuvre pour un thème « Rock »… mais pour d’autres, on se demande parfois si la production n’a pas dû soit leur dégoter un thème sur mesure, soit justifier l’expertise du candidat d’une façon assez tordue… comme cette personnalité dont j’ai oublié le nom (je m’excuse envers elle si elle venait à lire cette critique, mais bon ça m’étonnerait que ça arrive), qui était propulsée « experte en cuisine asiatique » parce que sa grand-mère était vietnamienne. Ok, si on va par là, je suis un expert en plomberie parce que mon père était plombier, quand bien même j’exerce un métier pas du tout manuel et que je ne sais pas comment installer un robinet.

Oh zut, pas de chance, c’est le people désigné comme « pas du tout expert sur le sujet » sur lequel la roue s’est arrêtée. Bon, ben retour au sous-sol pour le candidat…

Et enfin, niveau ambiance et gestion de rythme… je ne m’attarderai pas dessus pour le moment, mais ça n’aide clairement pas à rendre cette manche plus dynamique.
Surtout le suspense « correct ou pas ? » après chaque validation de réponse, qui est à des antipodes de celui que QVGDM arrive à justifier. Désolé, mais ici, une mauvaise réponse, ça veut juste dire que le candidat est temporairement mis sur la touche (et encore, il a une chance sur trois pour revenir dans la partie immédiatement…), ça ne mérite pas un suspense à couper le souffle à chaque fois.

Bref, le candidat qui a répondu correctement à la dernière question part en finale.

La finale

Pour cette finale, on retrouve le candidat qui a passé la première manche avec succès au centre du plateau ; il sera entouré par trois des sept personnalités qui ont joué avec lui.
En fait, lors de la première manche, les people répondaient également chacun de leur côté à toutes les questions ; et à l’issue de celle-ci, on nous dévoile le classement de ceux-ci, en partant du meilleur au moins bon. Ceux qui vont accompagner le candidat en finale sont respectivement le premier du classement, le quatrième et le septième. Soit, d’une certaine façon, le meilleur, le plus moyen et le moins bon.
Et avant de démarrer la finale, le candidat choisit l’un des trois ; toutefois, son choix va avoir des conséquences sur son gain final potentiel. En effet, s’il décide de choisir le meilleur pour l’accompagner en finale, il ne remportera alors que la moitié de la cagnotte accumulée en manche 1 en cas de victoire. S’il choisit le moyen, il en remportera la totalité ; et s’il choisit le moins bon, il pourra carrément doubler ses gains.

Sur le papier, l’idée est appréciable. En effet, stratégiquement, ça revient à avoir le choix entre s’assurer un gain plus faible en jouant la sécurité, ou tenter de prendre plus de risques pour gagner davantage.
En pratique, en revanche… c’est beaucoup moins pertinent. A moins que le meilleur ne soit vraiment réputé pour être une éminence et/ou que le moins bon soit un ex-candidat des Anges de la télé-réalité, ça me semble assez péremptoire d’affirmer, à partir de ce qu’on a eu l’occasion de voir jusqu’ici, si tel ou tel people a réellement une meilleure culture générale que les autres. Au mieux, ils n’ont répondu qu’à une petite dizaine de questions, qui plus est sur des thèmes relativement précis… franchement, les pourcentages de bonnes réponses de 100% Question me semblent largement plus fiables, au vu du nombre de questions posées dans ce jeu-là.
Donc de là à justifier à ce point que tel ou tel people fasse gagner la moitié ou le double de la cagnotte si on le choisit… je suis particulièrement sceptique. Ca aurait clairement été plus pertinent si la première manche avait comporté davantage de questions, et donc davantage d’occasions de jauger la culture générale des people. Bref, autant prendre le moins bon systématiquement.

Mais le principal problème, ça va surtout être le déroulement de cette finale.
Car une fois le people choisi, le thème va être choisi au hasard parmi deux ou trois thèmes proposés, en faisant tourner encore un peu la roue, histoire de rappeler dans quel jeu on est (car à part ça, elle ne sert à rien durant la finale) ; et à partir de là, on posera une question à quatre possibilités de réponses, pour laquelle le candidat et la personnalité devront réfléchir dessus… et proposer une réponse en 30 secondes. Si la réponse est correcte, le gain est remporté ; si elle ne l’est pas, en revanche, le candidat n’a droit qu’au lot de consolation.

Ce qui fait donc de cette finale… un pur foutage de gueule, pour moi.
Désolé, mais déjà que la première partie de jeu avait ses quelques longueurs, au moins elle avait de quoi me faire miroiter une finale qui pouvait valoir le coup, et qui avait tout un champ de possibilités devant elle. Sauf que cette finale est complètement bâclée, avec une seule question en tout et pour tout, sur laquelle le candidat n’a aucun pouvoir de décision quant à son thème, et qui n’a plus qu’à espérer alors que la personnalité a une idée de la réponse s’il n’y connaît rien. Personnalité qui, au passage, est choisie avant le thème de la question, alors qu’on aurait au moins pu laisser le choix au candidat après, de sorte qu’il sache si la personnalité s’y connaît un peu ou non et lui serait alors d’une grande aide ou non. Ce que le classement « meilleur/moyen/moins bon » élaboré à la va-vite au préalable ne permet pas spécialement de déterminer, surtout quand le thème de la finale est trop spécifique…
En fait, je parlais de Millionaire Hot Seat tout à l’heure, on en a ici exactement le même défaut quant à la conclusion en mode « tout ou rien » sur une seule question imposée.

Bah oui, c’est juste un QCM. Voilà.

Donc bon, au final, déjà que la première partie avait ses problèmes qui la rendaient plutôt passable, cette façon de conclure le programme rend ce jeu encore plus frustrant. Je ne souhaitais pas spécialement quelque chose d’exceptionnel, mais j’aurais quand même souhaité qu’on finisse sur une idée qui ne me donne pas l’impression d’avoir été trouvée en prenant sa douche le matin, quoi…

Mais le pire, c’est que je n’en ai toujours pas fini avec les griefs que j’ai contre cette finale. Car j’ai volontairement omis de préciser un détail qui concerne l’émission entière, et qui a un impact sur celle-ci…

La version française est aux fraises… comme d’habitude.

A l’instar de 100% logique100% France et d’autres formats importés de l’étranger qui duraient moins longtemps dans leur pays d’origine, le fait de l’étirer pour en faire du prime-time à la française dessert le matériau de base. On passe quand même d’un format originel de 52 minutes à un format français de 2 heures, pubs non comprises. Les producteurs ont alors tout intérêt à trouver comment justifier utilement la multiplication par deux de la durée du programme. Et (quelle surprise !) ils n’y arrivent pas… même si ce n’est pas non plus le pire cas de figure que j’ai pu observer, je le reconnais.
Déjà, citons cet extrait de l’interview d’Arthur, que je mentionnais brièvement en introduction :

Franchement, c’est du bullshit total. La « dramaturgie » n’est quasiment pas plus présente qu’en VO, et les éléments rajoutés qu’Arthur mentionne n’apportent aucune plus-value à l’émission ; si ce n’est conforter des producteurs, animateurs et people dans leurs délires rébarbatifs habituels dès qu’il s’agit de faire une émission de prime time, délires qui en réalité me donnent surtout le sentiment de perdre mon temps tant je m’ennuie devant. Ce n’est pas parce que vous rajoutez une musique random en tournant la roue et en montrant vos people danser dessus que ça va me divertir davantage que si vous aviez juste fait tourner la roue sans tout ce tralala.
Bon, de fait, entre ces délires inutiles et un suspense très gratuitement appuyé à chaque vérification de réponse, la gestion du rythme est, comme vous pouvez vous en douter, pas géniale… mais pas la pire dans le genre. Je suis quand même un peu étonné que ce ne soit pas le point qui m’ait le plus agacé, alors que d’habitude c’est plutôt ça qui me dissuade de regarder des jeux de prime time ; mais bon, même si je n’adhère pas à l’ambiance et au rythme de ce jeu, je reconnais que j’ai déjà vu bien pire et bien plus affreux à supporter à ce niveau-là, en particulier avec Le marathon des jeux TV ou Le grand concours des années fin 2010-2020.
Au passage, pour parler rapidement du Grand concours, puisque c’est aussi un format dont Arthur a fini par récupérer la production : n’allez certainement pas me faire croire qu’on a profité du rallongement de l’émission (même s’il date de bien avant sa reprise en main de la production du programme) pour créer une « dramaturgie » quelconque, quand on voit toutes les conneries qui y sont présentes depuis quelques années. Au contraire, la dramaturgie, elle est plutôt morte et enterrée dans ce jeu-là, par rapport à ses débuts… alors que le programme était pourtant plus court. Donc le fait d’insinuer qu’il y a besoin d’une durée de jeu plus longue pour créer une ambiance et une dramaturgie : poupougne.

Cela étant, même en rajoutant du blabla et des délires, ça ne suffit quand même pas à passer de 52 minutes à 120 minutes (Dieu merci, imaginez à quel point ça aurait été imbuvable sinon…).
En fait, ce qui va justifier cette durée plus longue, ce sera surtout le fait qu’en réalité… on ne joue pas qu’une seule partie au sein d’une émission, mais deux. Après la première manche où un candidat est qualifié et où trois people sont sélectionnés pour la finale, on enchaîne sur une deuxième manche, jouée à l’identique, mais avec trois autres candidats, ainsi que trois autres people pour remplacer ceux partis en finale. Finale qui ne sera jouée qu’à la toute fin, histoire de devoir attendre 23 heures pour voir comment ça se termine.
Et c’est chiant. Le problème, c’est que The Wheel n’est à mon sens pas adapté pour ce genre de programmation de plusieurs numéros consécutifs à la suite. Bon, c’est assez subjectif, mais je vais prendre d’autres exemples de primes pour expliciter mon propos.
Prenons par exemple les primes de N’oubliez pas les paroles ou Hold-up. Ceux-ci ne consistent effectivement qu’en un enchaînement de plusieurs parties souvent disjointes les unes des autres ; toutefois, ces formats-là sont davantage aptes à du binge-watching. En effet, une partie de NOPLP ou de Hold-up ne dure généralement pas plus d’une demi-heure ; et, surtout, ce sont des formats rythmés. De fait, on peut enchaîner plus facilement et plus fluidement plusieurs numéros à la suite.
En revanche, une partie de The Wheel dure déjà environ une heure, et n’est pas aussi rythmée. A l’issue d’une partie, je suis déjà « rassasié » (voire même un peu ennuyé), et je ne ressens pas du tout le besoin de m’en enchaîner une seconde juste après. De fait, un prime entier de The Wheel de 2 heures va surtout m’ennuyer plus qu’autre chose.


Cependant, le programme ne s’est pas tout à fait contenté de juxtaposer l’équivalent de deux numéros différents juste pour rembourrer deux heures de prime-time. En effet, les deux sessions de jeu vont s’entremêler lors de la finale.
Finale qui va se jouer en deux temps. Dans un premier temps, le finaliste qui a la cagnotte potentielle la moins élevée va jouer sa finale ; et son thème sera tiré au sort parmi les trois thèmes proposés. Ensuite, le second finaliste (celui qui a donc la cagnotte potentielle la plus élevée) joue, avec un thème tiré au sort parmi les deux restants.
Mais la subtilité, c’est que seul le candidat qui remporte le plus d’argent repart avec sa cagnotte. Donc si le premier finaliste remporte sa finale, le second doit impérativement la remporter lui aussi, mais également faire « mieux », càd remporter plus d’argent que le premier. Ce qui va donc très probablement lui forcer la main, si le premier finaliste avait choisi le people qui allait lui rapporter le plus.

Ici, on voit que c’est le premier candidat qui s’apprête à jouer, vu qu’il aura le « choix » entre trois thèmes. Avec des guillemets, puisque ce n’est même pas lui qui choisit, mais la roue. Au moins, c’est équitable pour le candidat qui passe après lui…

Et déjà que je n’aimais pas du tout cette finale de base, je trouve que ce twist la rend encore pire !
Certes, il permet de « justifier » qu’on doive s’enfiler deux épisodes à la suite ; mais il le fait d’une façon que je trouve particulièrement grossière.
Déjà, je rappelle que la détermination du gain de chaque candidat s’effectue en première manche, selon un procédé pas mal hasardeux ; donc, de fait, c’est surtout une question de chance d’avoir la cagnotte la plus grosse avant d’arriver en finale. En outre, comme les deux parties n’ont aucune corrélation avant la finale, pour moi, faire s’ « affronter » les deux finalistes revient surtout à comparer des choux et des carottes.
Mais ça ressemble surtout à une excuse pour que TF1 et/ou la production aient à dépenser le moins d’argent possible. Car avec deux parties totalement indépendantes l’une de l’autre, ils auraient eu à récompenser les deux candidats s’ils étaient venus à gagner tous les deux ; tandis qu’ici, ils n’ont à en récompenser qu’un seul au maximum, quoi qu’il arrive.
Comme si ça ne suffisait pas déjà de balancer en prime-time un format qui aurait été adapté pour de l’access, il faut le rentabiliser encore davantage d’une façon encore plus honteuse. Je crois bien que le peu d’estime que j’avais encore pour ce jeu vient de se volatiliser…

Total : 6/20

Bon, même si je me suis un peu lâché durant cette critique et sur la note… en vrai, je n’ai pas trouvé mon visionnage de The Wheel si affreux que ça. Hormis certains people, ainsi que le côté forcé du prime-time qui m’agacera toujours quoi qu’il arrive, les éléments qui me déplaisaient sur le papier ne m’ont pas irrité outre-mesure ; et même si le visionnage était vraiment longuet et ennuyeux au bout d’un moment, ça pouvait encore se regarder. J’irais même jusqu’à dire qu’à notes égales, si je devais choisir entre un The Wheel à la française et un Marathon des jeux TV, j’opterais aisément pour la première option, tout simplement parce que la seconde a une ambiance beaucoup plus lourde et insupportable.
En revanche, ça reste un format que j’ai trouvé très mauvais, tout simplement parce que j’ai rarement vu un jeu qui proposait une mécanique aussi aléatoire et subie par les candidats plus qu’autre chose. A cause de ce côté totalement aléatoire dans l’exécution, je n’arrive pas à être pris une seule seconde par les enjeux du programme (qui va gagner, combien d’argent est en jeu…) ; et le fait que ceux-ci soient potentiellement élevés ne fait que remuer le couteau dans la plaie.
En fait, si je devais comparer The Wheel à un autre jeu que j’ai eu l’occasion de traiter par le passé, ce serait Still Standing. Ces deux jeux ont en commun le fait d’avoir tenté de faire quelque chose de frais et de nouveau ; mais ils se plantent totalement dans leur exécution, et j’en retiens principalement l’abrupte bancalité de leurs concepts, à tel point que j’ai du mal à voir ce qu’il y a à sauver dedans, sauf à les retravailler en profondeur.

Cependant, je ne vais pas reprocher aux diffuseurs d’avoir tenté de nouveaux formats. C’est une bonne chose de tenter d’élargir ses horizons ; et c’est très difficile de garantir le succès quand on se lance dans de nouvelles voies. Si je prends l’exemple de la société de production Effervescence, par exemple, elle a tout aussi bien sorti des formats comme Slam et 8 chances de tout gagner qui ont tapé dans le mille dès le départ, tout comme elle a sorti TLMVPSP qui est bien plus mauvais (dis-donc, j’aurai attendu la dernière minute pour faire une pique à ce jeu dans cet article, moi…) ; mais ces trois formats ont eu en commun de proposer un concept totalement inédit et travaillé en amont.
Donc même si je n’ai pas du tout aimé The Wheel, je reconnais toutefois que ça restait une découverte intéressante ; ne serait-ce que pour analyser ce qui ne fonctionnait pas dedans. Par conséquent, bien que ce fût mauvais, merci tout de même à TF1 d’avoir tenté le coup.

D’autant plus que je préfère quand un format se plante en essayant d’innover, plutôt que lorsqu’un format se vautre en suivant pourtant une formule prémâchée… et vu que le jeu que l’on traitera la prochaine fois va se situer dans cette seconde catégorie, je n’ai décidément pas fini d’être négatif.

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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