En toutes lettres est un jeu qui n’a pas vraiment eu de chance lors de sa diffusion. Alors qu’il fonctionnait plutôt correctement, il s’est retrouvé rétrogradé dans la grille de France 2 pour laisser de la place à On n’demande qu’à en rire, pour finalement être déprogrammé à cause de la concurrence qu’il faisait au même moment à France 3 et à un autre jeu ayant un concept « semblable », à savoir… Des chiffres et des lettres. Alors, personnellement, à part pour la présence du mot « lettres » dans le titre, je ne vois pas en quoi ces jeux pouvaient avoir des concepts si semblables que ça ; et, niveau ambiance, c’était carrément autre chose (c’est pas dans DCDL qu’on verrait des filles danser pour annoncer la manche à suivre…), donc j’imaginais plutôt mal ces deux jeux viser exactement le même public cible.
Mais bon, rétrospectivement, ça semblait plutôt être un prétexte pour commencer à évincer Julien Courbet de France 2, d’autant plus que le directeur des programmes de l’époque avait plutôt une dent contre lui (honnêtement, ses productions n’étaient pas particulièrement bien considérées par la chaîne à cette époque-là, donc je comprends la rancœur de Julien Courbet envers France TV depuis…).
Néanmoins, entre l’arrêt de En toutes lettres et sa mise à la porte du groupe France TV, Julien Courbet aura eu l’occasion de proposer Seriez-vous un bon expert ? à la place.
Un jeu qui, tout comme La Cible, n’aura pas duré particulièrement longtemps (du 5 septembre 2011 au 29 mars 2013, soit 2 ans et demi seulement) ; mais qui aura pourtant connu, en aussi peu de temps, moult ajustements par-ci par-là. Ce qui ne va, encore une fois, pas me simplifier la tâche pour pouvoir le présenter…
Cependant, on peut quand même à peu près différencier trois versions différentes, avec quelques petits ajustements supplémentaires par-ci par-là en cours de route. Je vais donc me baser sur cette distinction-là pour traiter séparément ces trois versions.
La première version
On va commencer par la première version… qui est à la fois la plus « créative », mais également la moins agréable à regarder pour moi.
Les deux premières manches se déroulent selon le principe de… Que le meilleur gagne. Quelle joie.
Pour chaque manche, trois questions vont être posées au public de 50 personnes, pour en écrémer le plus possible ; puis une quatrième question permettra de sélectionner le candidat le plus rapide. Toutes sont des QCM à 4 propositions de réponse, avec à chaque fois 5 secondes pour répondre.
Chaque manche aura la particularité de se dérouler sur un thème précis, avec l’accompagnement d’un expert sur le sujet.
Autant je comprends la présence d’accessoires et de décors sur les côtés du plateau, autant je ne comprends pas trop la présence du taiji au centre de celui-ci… (et, non, il n’y avait pas d’expert en cosmogonie chinoise dans cette émission-là)
Et je vais VRAIMENT finir par croire que le manque de rythme et de fluidité ainsi que le divertissement lourdingue font partie du cahier des charges du principe à la QLMG, parce que 8 questions qui s’enchaînent péniblement en 20 minutes (avec des enjeux pourtant pas aussi élevés), ce n’est pas acceptable.
Enfin, bon, je vais relativiser un peu cet aspect-là, parce qu’on a d’une part, du remplissage utile, et d’autre part, du remplissage inutile.
Commençons déjà par le remplissage utile : les interventions des « experts ».
Ceux-ci arrivent en début de manche, avec un petit magnéto qui les présente rapidement. Puis, par la suite, ils donnent des explications plus détaillées pour chaque question.
Ca ralentit certes le rythme de jeu ; néanmoins, c’est probablement l’un des meilleurs points de l’émission pour moi. Le fait de véritablement profiter de la présence d' »experts », qui n’étaient d’ailleurs pas forcément des vedettes médiatiques à l’époque, ce qui pouvait donner un aspect assez passionné.
Ici, par exemple, l’expert est un détective, avec donc des questions sur son métier, et des explications idoines à chaque fois.
Passons à présent au remplissage inutile…
En fait, ce jeu arrive quand même à faire pire niveau remplissage que QLMG, car il fait appel à quelque chose que même QLMG n’avait pas osé introduire (hors émissions spéciales). Quoi donc ? Des people, bien sûr !
Oui, il y a trois people, devant le public, sur le côté du plateau, qui… sont là. Et ils ne servent absolument à RIEN !
Alors, oui, ils réfléchissent aux questions de leur côté en même temps que le public… mais c’est juste histoire de se moquer d’eux s’ils répondent mal, ou s’ils ont une blague à faire au sujet de la question qui vient d’être posée. Sinon, ils n’ont aucun impact sur ce qui se passe, ils servent juste à amuser la galerie et à alourdir un rythme déjà très naturellement pataud. Je ne comprends vraiment pas pourquoi avoir voulu les incorporer, alors que l’émission manquait déjà de fluidité même sans leurs interventions.
En résumé : c’est l’une des pires incrustations de people dans un jeu TV que je n’ai jamais vu !
Au passage, je ne peux pas m’empêcher de rebondir sur cette phrase, que j’ai trouvée sur la page Wikipédia : « Au cours de l’enregistrement, on note de nombreuses coupures des rythmes de tournages, ce qui a tendance à les rendre très longs. »
Et j’ai envie de dire que, déjà que visuellement, le produit fini est extrêmement poussif au niveau du rythme, je n’ose même pas imaginer le supplice que ça devait être pour le public. Déjà que j’avais gardé un mauvais souvenir des tournages du Grand Concours auquel j’avais assisté fin 2017 qui, eux aussi, étaient interminables…
Et ça va de soi : qui dit people, dit promo de son activité du moment. Entre ça et le fait qu’ils n’ont aucun impact dans le déroulement de l’émission, c’est encore pire qu’une page de publicité.
Bref. Une fois ces deux manches poussives terminées, on aborde le dernier tiers de la partie, qui va être composé d’une demi-finale et d’une finale.
La demi-finale va se dérouler entre les deux candidats qualifiés lors des manches précédentes, qui devront, chacun leur tour, répondre correctement à un maximum de questions par « Vrai » ou « Faux » en 45 secondes.
Rien de bien original donc, si ce n’est qu’on va « inverser » les thèmes sur lesquels les candidats ont brillé dans les deux premières manches. C’est-à-dire : si le candidat A a gagné la manche Expert 1, dont le thème était « Détective », et si le candidat B a gagné la manche Expert 2, dont le thème était « Chant », le candidat A devra répondre à des questions sur le chant, et le candidat B à des questions sur les détectives. J’aime bien ce petit twist, ça permet de demander un petit peu plus de polyvalence aux candidats.
En cas d’égalité, on départage de façon classique avec une question de rapidité.
Euh… ouais, je crois que l’image parle d’elle-même, il n’y a pas grand-chose de spécialement visuel à montrer pour cette demi-finale…
Pour la finale, le candidat va jouer exclusivement sur l’un des deux thèmes, qu’il va découvrir en décachetant une enveloppe. Je trouve ça un peu dommage, on aurait pu soit laisser le choix du thème au candidat, soit trouver un principe de finale qui jouait sur les deux thèmes. Mais bon, c’est mineur.
Durant 90 secondes, il devra réorganiser, sur un écran tactile, une série de 8 propositions, à laquelle 8 réponses correspondantes sont rattachées (par exemple : des chansons dont il faut retrouver l’interprète, des cépages dont il faut retrouver la région…), mais dans le désordre. Son but sera donc d’associer les bonnes réponses aux bonnes propositions.
A la fin du chrono, les réponses sont vérifiées, et le candidat progresse dans une échelle des gains en fonction du nombre d’associations correctement effectuées.
Un principe simple, mais efficace, sur lequel je n’ai pas grand-chose d’autre à dire.
… oui, c’est un peu le problème avec certains thèmes : la tentation de transformer ça en un vulgaire questionnaire de culture générale est grande.
Dans l’ensemble, cette première version tient plutôt bien la route en termes de mécanique, et même si celle-ci n’est pas la plus créative qui soit, elle convient à peu près au concept que ce jeu veut se donner.
Malheureusement, elle est plombée par une durée trop longue et un rythme mal géré, de plus ponctué par des interventions inutiles qui s’apparentent à du rembourrage.
Ce que la deuxième version va essayer de corriger, avec plus ou moins de succès…
La deuxième version
Pour cette nouvelle version, on va oublier la mécanique à la QLMG pour sélectionner les candidats, et partir sur un format de compétition un peu plus classique (… même si QLMG est loin d’être un parangon d’originalité, certes).
Les deux premières manches restent des manches « Expert », se déroulant chacune sur un thème précis, avec l’intervention d’un « expert », et des QCM à 4 propositions de réponse avec 7 secondes de réflexion.
Toutefois, elles se dérouleront directement avec 4 candidats chacune, candidats qui sont tirés au sort dans le public, dans lequel on a soigneusement séparé la gent masculine de la gent féminine, histoire de bien montrer qu’on respecte la parité. Je ne vois pas ce qui empêchait de garder un public complètement mixte et de juste appeler deux hommes et deux femmes, mais bon…
Enfin, si, je sais pourquoi ils ont fait cette séparation : c’est parce qu’aux débuts de cette deuxième version, il y avait une question de rapidité (avec 5 propositions de réponse), portant sur le thème de la manche, posée au public pour sélectionner les candidats ; et ça permettait de prendre les deux meilleurs hommes et les deux meilleures femmes. Pré-sélectionner les hommes et les femmes séparément : nouveau point commun avec La Cible repéré !
Bon, considérations genrées mises à part, je trouve dommage de ne pas avoir conservé cette question de rapidité, car elle permettait un tant soit peu de trouver un critère de sélection « légitime » pour les candidats. Non pas que le tirage au sort me dérange particulièrement, mais il ne permet pas de savoir si les candidats qui ont été choisis ont des prédispositions pour répondre au thème qu’on va leur proposer… à moins que la production n’ait communiqué en amont au public les thèmes qu’ils avaient intérêt à réviser avant de venir, comme pour TLMVPSP, ce qui n’aurait pas été une mauvaise idée (oui, je sais, j’ai dit du bien de TLMVPSP… ne rigolez pas trop), mais j’en doute.
En fait, c’est là que je me rends compte de la pertinence de la mécanique de sélection à la QLMG qu’on avait au départ : permettre de véritablement sélectionner les candidats les plus « experts » dans le domaine en jeu. Ce qui a été considérablement réduit avec la seule question de rapidité posée aux débuts de cette seconde version, puis qui a fini par complètement disparaître. Dommage.
Bref. Chaque manche va voir les quatre candidats sélectionnés s’affronter sur une série de 5 QCM. La première question rapportera un point, la deuxième deux points, la troisième trois, etc. et le candidat qui aura le plus de points sera qualifié pour la demi-finale (en cas d’égalité, on pose une question de rapidité).
C’est… banal. Non pas que la mécanique à la QLMG était excitante elle non plus, mais bon… c’est un principe vraiment vu et revu, sans plus-value particulière à part l’intervention des experts.
En outre, à l’instar de la manche 2 de Trouvez l’intrus (elle aussi très banale, mais comme elle est intégrée dans un jeu qui est l’incarnation même de la banalité…), je ne vois pas ce qui justifie spécialement que les questions valent plus de points au fur et à mesure. Une augmentation de la difficulté de celles-ci ? … mouais, mais ça reste un peu subjectif, tout de même.
Quitte à partir sur une compétition entre candidats assez classique, n’y avait-il pas moyen de la pimenter un peu plus ? Par exemple, proposer des QCM avec un nombre de réponses grandissant à chaque fois, miser un nombre de points, demander aux candidats s’ils préfèrent répondre en Duo, Carré ou Cash (quoi, j’ai beau détester ce jeu-là, je reconnais que ce système en est le meilleur point…) ; bref, conférer un petit peu plus d’originalité à ce genre de principe, qui est devenu lassant à la longue.
Ah, et pour illustrer les thèmes, on fait porter des accessoires aux candidats. Je subodore N’oubliez pas les paroles de s’être inspiré de ce jeu pour sa version 2014…
Et malheureusement, cette nouvelle mécanique pour les deux premières manches ne va pas beaucoup améliorer les problèmes de rythme qu’avait la première version.
Bon, notons quand même du positif considérable, comme le fait qu’on passe de 4 questions par manche à 5 (on gagne donc une question, ce qui n’est pas rien), et la disparition pure et simple des trois inutiles qui squattaient un coin du plateau sous prétexte que les people avaient tous les droits (merci, Seigneur…).
Néanmoins… on continue quand même à quelque peu s’ennuyer (enfin, par « on », je veux dire « je »…), car ces manches continuent à manquer de fluidité. Si les explications des « experts » sont toujours plaisantes, elles prennent peut-être un peu plus de temps que nécessaire ; on a également des interactions animateur/candidat qui cassent un peu le rythme ; et la façon de dévoiler les réponses, en maintenant le mini-suspense après avoir donné la réponse, fait perdre de précieuses secondes globalement.
Pour prendre un autre exemple de jeu dans la même thématique : TLMVPSP, via la manche « La Compét' », arrive à gérer une douzaine de questions sur un thème précis, en à peu près autant de temps que SVUBE ne le fait pour 5 questions, tout en donnant des explications après chaque question lorsque c’est nécessaire (… ça m’inquiète vraiment de dire autant de bien de TLMVPSP dans cet article, je devrais consulter). Bon, cela dit, le blabla candidat/animateur un peu lourd, c’était dans sa première manche que TLMVPSP nous le faisait subir, donc ce jeu n’était clairement pas en reste non plus (ah, ça fait du bien de refaire des piques au sujet de ce jeu !).
Mais tout ça pour dire que le rythme de ces manches reste clairement perfectible.
Néanmoins, même si je ne suis toujours pas particulièrement emballé par ces manches-là, elles conservent le même point fort que pour la première version, à savoir les interventions des experts.
Intéressant.
La demi-finale se déroule de la même façon que pour la première version, avec toutefois les quelques différences suivantes :
- Chaque candidat dispose de 60 secondes (au lieu de 45) ;
- Le chrono peut être interrompu lorsqu’un candidat se trompe, afin que l’expert puisse apporter des détails (dans la première version, on attendait plutôt la fin du chrono pour le faire) ;
- Il n’y a pas d’inversion des thèmes (donc si le candidat A a eu droit à une première manche « Chant », il continuera à répondre à des questions sur le chant).
Je n’ai pas de problème particulier avec les deux premiers points ; pour le troisième, en revanche, je suis un peu plus mitigé. Déjà, parce qu’on perd le petit twist de la première version que je trouvais plutôt original.
Et, bon, je reconnais que d’un certain point de vue, le fait de ne pas switcher les thèmes permet de vraiment spécialiser les candidats, et de coller au thème global de l’émission (après tout, le titre, c’est Seriez-vous un bon expert ?, sous-entendu « Avec votre champ d’expertise »)… mais à côté de ça, on compare quand même un peu les choux et les carottes, puisque le domaine d' »expertise » des candidats n’est pas du tout le même (et que lorsque la question de sélection a disparu, les candidats n’étaient pas forcément prédisposés à être des experts dans les domaines qu’on leur a attribués…).
Cela dit, ça permet quand même à la finale de rester dans le même domaine pour le candidat (là où je n’étais pas très fan du choix au « hasard » de la première version).
Le principe de celle-ci ne change pas, le candidat devant toujours effectuer des associations entre réponses pour gagner le plus d’argent possible. Si ce n’est qu’elle est présentée plus… bizarrement. Au lieu d’avoir la liste des 8 réponses potentielles directement affichée, on les dévoile au candidat au fur et à mesure, qui doit dire « Pioche » lorsqu’il souhaite passer à la réponse suivante. Et sachant qu’il peut toujours remanier l’ordre des réponses s’il lui reste du temps, je ne vois pas du tout l’intérêt d’avoir modifié la façon de présenter cette finale, à part alourdir un peu son déroulement…
Et dans la pyramide des gains, on rajoute un palier intermédiaire, techniquement inutile puisque si on fait une erreur dans ce format, elle est forcément accompagnée d’une deuxième erreur…
Bref, pour résumer cette seconde version : un peu plus digeste que la première, mais également un peu plus ordinaire ; ce qui fait que je la trouve dans l’absolu plus agréable à regarder, mais moins mémorable.
Et la troisième version ne va pas changer grand-chose à ce ressenti…
La troisième version
Pour cette troisième version, on change de décor, en passant des tons orangés chaleureux des débuts à du bleu et du gris plus froids. Tiens donc, ça me rappelle encore La Cible, ça…
Sauf que niveau ambiance, on reste plus ou moins dans les mêmes eaux, avec Julien Courbet qui fait son Julien Courbet (c’est dommage que je traite les jeux TV et non pas les émissions de défense du consommateur, parce que je parlerais plus positivement de lui sinon…), et certains « experts » qui sont peut-être un peu trop passionnés en parlant (sincèrement, quand Frédérick Gersal donnait des explications sur les questions patrimoine, j’avais l’impression qu’il participait à un débat politique vu l’ardeur avec laquelle il s’exprimait…). Ce qui fait que ce changement d’ambiance visuelle n’a finalement aucun impact particulier.
Cette fois-ci, on n’accueillera non pas deux, mais trois « experts » sur le plateau, puisque l’on jouera avec non pas deux, mais trois spécialités durant toute l’émission.
Une modification qui… n’était pas spécialement nécessaire, selon moi. En fait, je trouve qu’à force de multiplier les spécialités, on tend à s’éparpiller et à faire perdre en identité au jeu, en s’éloignant du concept de base, pour en faire finalement un jeu de culture générale très lambda (et déjà qu’il peinait à se démarquer à ses débuts…).
Ce qui est également appuyé par le fait que les thèmes du jeu semblent devenir plus ouverts. Ainsi, si l’on pouvait avoir des thèmes plus pointus aux débuts comme « Détective privé » ou « Chant », on se retrouve dans cette troisième version avec des thèmes plus génériques comme « Sciences », « Patrimoine » ou « Cinéma ». Plus on avance, et moins le jeu ne mérite vraiment le titre qu’il s’est donné…
En outre, les « experts » sur le plateau semblent également devenir de plus en plus « médiatiques » qu’aux débuts, ce qui fait là encore perdre un peu de fraîcheur au concept de base. Néanmoins, ils restent quand même suffisamment spécialisés dans leurs domaines de prédilection pour que leurs interventions restent pertinentes. Et ça reste toujours largement mieux d’avoir trois people qui interviennent utilement que trois people qui ne servent à rien hormis amuser la galerie de façon dispensable…
Ca reste relativement corsé et réfléchi comme question… mais c’est inclus dans un thème plus global, à savoir la science de façon générale.
(et au passage, je m’étais également un peu demandé ce que Laurent Broomhead était devenu après Pyramide, j’ai ma réponse)
Cependant, les experts ne sont pas les seuls à être plus nombreux sur le plateau : les candidats le sont aussi. Enfin… du moins, lors des débuts de cette troisième version. Car les premières émissions de cette mouture faisaient se concourir 5 candidats au lieu de 4 ; mais, par la suite, on est revenu à seulement 4 candidats.
L’explication est toute simple : cette version se compose de 5 manches (dont une finale individuelle) ; et, à l’exception de la finale, on élimine à chaque fois le candidat qui a fait la moins bonne performance à l’issue de chaque manche (on reviendra plus en détail sur leurs modalités après, même si honnêtement il n’y a pas grand-chose de très croustillant à en dire…). Ah, et on introduit également un système de champion, donc le candidat qui a gagné la finale de la veille refait la partie, comme dans QPUC, mais sans limite de participations. Vu que le format de finale permet de gagner de l’argent plus difficilement que dans les deux versions précédentes, le système de champion fraîchement instauré est donc une façon déguisée de proposer des gains juteux en investissant moins d’argent par émission, en jouant sur la durée en contrepartie.
Sauf que comme ce système ne semblait pas satisfaire la production, il a été remanié en cours de route. Le nombre de manches reste le même, mais le jeu démarre avec 4 candidats. On élimine toujours un candidat à l’issue de chaque manche, ce qui fait qu’à l’issue de la manche 3, il n’en reste donc plus qu’un. Mais la demi-finale se jouant toujours à deux candidats, il faut donc trouver un duelliste au vainqueur de la manche 3. Et ce duelliste n’est autre que… le champion de la veille, qui n’a donc plus besoin de rejouer la partie en intégralité, puisqu’il n’intervient désormais qu’à partir de cette demi-finale.
Grrrrr… certes, je reconnais que les jeux du type « Le champion débarque comme une fleur aux deux tiers du jeu » étaient moins nombreux en 2012 (on avait surtout TLMVPSP et QPUSC, mais il aura fallu attendre quelques années avant que ne débarquent Trouvez l’intrus, Harry version 2, Le grand slam ou LJDME), mais ça n’enlève rien au fait que ce genre de twist m’a toujours énervé.
Surtout quand il n’était pas présent à la base et qu’il a été rajouté en cours de route ! Parce que ça souligne juste le ridicule de cette façon de procéder, puisqu’on a pu voir que le jeu tournait très bien sans faire ça ! Ah, pardon, c’est vrai que c’est plus facile d’avoir des champions qui battent des records en carton quand on leur sert des règles qui leur permettent de gagner plus facilement sur un plateau d’argent.
Et même outre cet aspect-là, ça souligne encore une fois l’instabilité chronique du programme et le besoin constant de devoir le réajuster régulièrement. Pour un jeu qui a déjà connu deux versions différentes en moins de deux ans, et dont les versions ont elles-mêmes connu des ajustements en cours de route. Décidément…
Bref. Arrêtons de parler de banalités irritantes, pour revenir à des banalités plus ennuyeuses ; et décrivons le principe des différentes manches.
Les trois premières manches vont garder le principe de la deuxième version, avec un thème par manche, et une succession de QCM qui vaudront successivement 1, 2, 3 puis 4 points ; mais cette fois-ci, le nombre de questions par manche passe de 5 à 4, et on joue avec une mécanique d’élimination encore plus classique, en éliminant le candidat qui a le moins bon score à l’issue de chaque manche.
Rien de plus à rajouter…
Néanmoins, à partir de la demi-finale, on va changer de principe un peu plus radicalement par rapport à ce qu’on a pu avoir jusque là (outre la refonte du système de champion arrivée en cours de route, je veux dire…).
Demi-finale qui devrait rappeler des bons souvenirs aux fans de En toutes lettres, puisqu’elle est basée sur le même principe. Était-ce une façon déguisée de la part de Julien Courbet de faire un pied de nez à la direction de France 2 pour avoir supprimé ce jeu-là ?
Pour rappel, les candidats jouent sur un chronomètre global (de 150 secondes), le candidat qui a la main répond à une question, s’il répond juste il gagne un point, sinon la main passe à son adversaire. Et on continue jusqu’à épuisement du temps imparti. Les questions vont porter en alternance sur les thèmes des trois premières manches. Un principe pas spécialement original, mais qui reste tout de même un peu plus frais que ce qu’on a pu avoir jusqu’ici.
Mais pour déterminer qui commence, on pose au préalable une question de rapidité sur le dernier thème joué, et c’est le candidat le plus rapide qui commence. C’est un peu léger, sachant que commencer confère un avantage assez important (quand on a la main, on peut ne pas la lâcher pendant un bon moment), mais c’est mieux que rien. TLMASMAD devrait en prendre de la graine, pour départager ses égalités d’avant-finale…
Pas grand-chose à montrer, vu que les questions sont posées oralement.
La finale va, elle aussi, complètement changer de format.
Exit les associations thématiques, place à… une série de huit questions, qui vont porter en alternance sur les trois thèmes joués jusqu’ici. La première question sera un Duo (euh, pardon, un QCM à deux propositions. J’ai trop parlé de TLMVPSP dans cette critique, ça devait arriver…), la deuxième question un… triangle ? (oui, la métaphore TLMVPSP ne marche pas à tous les coups, je le reconnais), la troisième un Carré, et les suivantes seront des questions Cash. Chaque bonne réponse fera avancer le candidat dans l’échelle des gains.
Autant j’aime bien l’idée d’augmenter progressivement le nombre de possibilités de réponse… autant c’est très maigre de n’exploiter ce système qu’à la va-vite pour les trois premières questions, et de totalement l’oublier pour le reste ; ce qui rend cette idée finalement très anecdotique, et ce format de finale somme toute assez ordinaire encore une fois, là où le précédent avait le mérite d’être un petit peu plus rafraîchissant (bien que plus simple, et ne faisant intervenir qu’un seul thème) et donc mémorable.
Notez au passage, en comparaison avec les captures d’écran précédentes, que le jeu en a profité pour revoir son échelle de gains à la baisse, en dépit du concept plus difficile… ah, le service public, toujours à l’affût de petites économies, n’hésitant pas à faire appel aux systèmes de champion à tout-va pour faire office de cache-misère.
Cette troisième et dernière version… vaut à peu près la deuxième, pour moi, les qualités et défauts restant les mêmes.
Le remodelage de la mécanique de jeu est correct en soi, mais ne démarque cette version ni en mieux, ni en pire ; et, au final, elle ne fait que conforter le ressenti global que j’ai au sujet de cette émission.
Total : 10/20
Seriez-vous un bon expert ? est un jeu qui oscille du médiocre au passable, pour moi. Même à son « meilleur » niveau, il n’arrive jamais vraiment à décoller ou à se démarquer d’autres jeux TV du même genre ; et le fait d’avoir dû autant s’ajuster et changer de version en si peu de temps est finalement plutôt symptomatique de son problème de base, à savoir un postulat de départ très vague qui ne promettait rien de très révolutionnaire.
Car si on part de l’idée louable de jouer avec des domaines précis, amenant à des questions pouvant être relativement pointues, et l’intervention d’experts sur le sujet ; son exécution n’a, en revanche, rien de mémorable, du moins pour les bonnes raisons. Je retiens effectivement davantage le manque de rythme (qui s’est certes amélioré au fil du temps) ainsi que le style d’animation de Courbet (style que je n’ai jamais vraiment apprécié dans ses jeux) et ce qu’il implique, plutôt que des idées de mécanique spécialement intéressantes.
Mais bon, je n’arrive pas non plus à détester ce format. Nonobstant la tiédeur avec laquelle j’y ai assisté globalement, j’ai quand même eu l’impression de voir un jeu qui essayait de se donner sa propre patte, et une volonté de faire un produit fini tenant la route, à l’instar de Connaissez-vous bien la France ?. Même si j’ai trouvé que le jeu peinait à se trouver à force d’y apporter des modifications ça et là, on peut aussi voir ça comme un reflet de la certaine passion qu’avait son producteur pour son format, afin qu’il puisse rester à flot. Et je ne peux pas dire non plus que la plupart de ces modifications allaient dans le mauvais sens, même si je me serais bien passé du système de champion de la v3.
Donc… SVUBE mérite bien la moyenne, au final. Ça valait légèrement le coup de le découvrir ; mais ce n’était pas non plus un format qui avait le potentiel de percer ou de susciter de l’intérêt sur le long terme.
Les experts ne m’auront donc pas particulièrement convaincu… peut-être les spécialistes feront-ils mieux ? Réponse la prochaine fois.