Je me souviens d’un top que j’avais lu sur Topito, qui listait les signes prouvant qu’on était fan de Pyramide (sous-entendu la version 90’s). Et parmi ceux-ci, il y avait : « Vous considérez Olivier Minne comme un traître », par rapport au fait qu’il avait participé à la nouvelle formule décriée à l’époque des années 2000 (avant d’être rapidement évincé pour rappeler les maîtres-mots d’origine), qu’il avait délogé l’émission de la case du midi pour y mettre La Cible, et qu’il avait également pris la place de Patrice Laffont dans un autre jeu culte des années 90, à savoir Fort Boyard ; bref, un vrai fossoyeur sur plusieurs plans. Ce top avait été (il me semble) publié avant le « retour » surprise du programme en 2014 ; et à en croire celui-ci, les vrais fans de Pyramide n’ont pas dû être très ravis que « le traître » en prenne les commandes. Surtout vu sa prestation en tant que Maître-mot à l’époque, qui avait contribué à tuer le programme en 2002, on pouvait limite prendre l’attribution de ce remake à Olivier Minne comme une insulte…
Et ce n’est d’ailleurs pas la seule chose qui a dû prendre les fans de la première heure au dépourvu avec cette version « modernisée ». Mais bon, c’était inévitable que cette nouvelle version ne reprenne pas à l’identique les codes de l’émission des années 90-début 2000. Entre les éléments d’ambiance tombés en désuétude dans un PAF devenu plus lisse, les acteurs de cette version-là qui n’étaient pas forcément disposés à reprendre leurs rôles 10 ans plus tard (je ne sais pas s’ils avaient été recontactés pour l’occasion, mais j’imagine qu’ils ont dû tourner la page depuis), les visages que France 2 avait sous la main à la place, la « concurrence » de Mot de passe qui était toujours à l’antenne et qui risquait de faire doublon, et le fait qu’un jeu avec un déroulement trop complexe ne passerait (hélas) plus aujourd’hui… il ne fallait pas s’attendre à ce que la hype liée à ce retour soit aussi intacte que celle qu’on pouvait ressentir à l’époque.
Cela étant, est-ce que cette version vaut le coup intrinsèquement ? … moui, quand même.
Essayons donc de ne pas trop garder à l’esprit la version des années 90, pour donner sa chance à celle-ci et en souligner ce qu’elle réussit tout de même pas trop mal…
Revirement de mécanique
Si vous vous souvenez bien, dans la première version de Pyramide, on avait deux mécaniques pour faire deviner les mots : la première qui est un ping-pong verbal façon Mot de passe, la seconde qui est plus verbeuse façon Time’s up. Ces deux concepts existent toujours dans cette seconde version ; toutefois, leur importance ne sera pas la même.
En effet, la première version jouait davantage sur le côté Mot de passe, avec la plupart des manches qui utilisaient ce principe (seule la Grande Pyramide jouait sur l’autre), avant que ce ne soit rééquilibré avec l’apparition du Contre-la-montre dans les années 2000.
Cette version-ci, en revanche, va surtout mettre en avant le côté Time’s up, avec 3 manches sur 4 qui suivront ce principe.
Un choix de réorientation qui pouvait s’expliquer de plusieurs façons.
La première est plutôt évidente : ce « remake » de Pyramide était diffusé en 2014, période durant laquelle l’émission Mot de passe était toujours à l’antenne. Donc pour permettre à ces deux émissions de coexister en limitant les doublons, il fallait forcément mettre moins d’emphase sur le ping-pong verbal et davantage l’accent sur les descriptions verbeuses…
La seconde est davantage une spéculation de ma part, mais j’imagine qu’elle a dû peser dans la balance : vous vous souvenez que, dans mon article précédent, je disais que Pyramide était plutôt raillé pour ses règles peu intuitives ; et j’ai indiqué en introduction que ça paraissait à présent impensable qu’un jeu plus contemporain se permette d’avoir des règles complexes au premier abord… Volte-Face s’y est d’ailleurs cassé les dents quelques années plus tôt. Simplifier ainsi la mécanique permettait sans doute aux nouveaux spectateurs de pouvoir aborder le concept plus facilement.
D’ailleurs, c’est également un moyen de davantage rappeler la version d’origine de Pyramid. Pour rappel, la version française de Pyramide des années 90 avait pris pas mal de libertés, en y incorporant la mécanique de Mot de passe, qui n’était pas présente dans le jeu d’origine.
Clin d’oeil appréciable : les thèmes sont disposés selon la forme de la pyramide (comme c’était d’ailleurs le cas dans les premières saisons de la version 90). Ce qui donnait d’ailleurs à l’origine le nom au jeu (oui, c’est uniquement pour ça que cette émission s’appelle comme ça…).
Mais bon, même si on se rapproche du Pyramid américain, on sent quand même que cette version se base davantage sur la version française des années 90 que sur la version originale.
Ne serait-ce qu’à cause de la manche de jeu basée sur les briques, qui, à ma connaissance, n’a jamais existé outre-Atlantique (l’intégralité de cette version-là se base sur des phrases formulées et n’a aucun rapport avec Password), et qui est présente surtout pour rappeler la version d’il y a 20 ans. Autrement, elle n’aurait probablement pas été adaptée, s’il n’y avait pas eu besoin de rappeler qu’à la base, Pyramide se jouait avec des briques. Idem pour le principe d’énigme, présent dans la finale de cette nouvelle version, qui a clairement été repris de la version française.
De charmantes attentions, certes… mais qui rendent cet « hommage » un peu pauvret, et qui rappellent au spectateur nostalgique à quel point la version précédente avait pu être particulièrement poussée en matière de mécanique. C’est un peu frustrant d’avoir juste une manche à base de briques (particulièrement simplifiée de surcroît) et une seule énigme par émission, quand on a connu un principe qui jouait bien plus sur son concept de base, avec la manche du ping-pong, ou encore une manche dédiée aux noms propres qui avait même un système d’enchères jouant sur les briques (sans parler de l’interactivité avec son public).
A la limite, à ce stade, on aurait presque pu tout simplement reprendre le principe de la version américaine, en retirant toute allusion à la version française déjà connue, si seulement elle ne s’était pas appelée « Pyramide »…
Ah oui… un détail un peu perturbant quand on a l’habitude de la version d’origine : à l’instar de Mot de passe, on mélange à nouveau noms communs et noms propres.
Des manches simplifiées… et dans le désordre
Par conséquent, suite à la priorisation du principe de Time’s up sur celui du mot de passe, le déroulement de la partie n’est plus le même que dans la version d’origine.
Le jeu se décompose toujours en quatre manches (dont une finale, jouée par un seul binôme candidat/maître-mot) ; mais leur principe diffère, même si on retrouve des similitudes avec l’émission de base. Par exemple, pour les deux premières manches, on propose toujours 6 thèmes, avec les candidats qui doivent chacun en choisir deux.
Ainsi, le principe de la première manche reprend celui du contre-la-montre des années 2000, avec des mots à faire deviner librement (tout est autorisé, sauf mots de même racine) durant un temps imparti de 30 secondes. En revanche, la manche est simplifiée, puisqu’il n’y a plus que 5 mots à trouver au lieu de 7.
Notons que les mots ne sont dévoilés au spectateur que lorsqu’ils sont trouvés. Pourquoi pas, ça permet de réfléchir en même temps.
D’ailleurs, en parlant de simplification par rapport à la version d’origine, la manche 2 est également dans ce cas de figure.
Elle reprend le principe des mots à faire deviner avec un nombre de briques limité, mais sans énigme au bout (ce sera pour la finale) et avec moins de mots à faire deviner : seulement 3 mots à faire deviner en maximum 8 briques, vs. 5 mots à faire deviner en 13 briques à l’origine. En outre, les mots à trouver sont en rapport avec le thème choisi, ce qui simplifie davantage le processus… et histoire d’enfoncer le clou, interdiction de faire des incitations ou autres joyeusetés incompréhensibles pour les néophytes. Après, pour le peu de mots à faire deviner par émission, de toute façon, à quoi bon vouloir élaborer des stratégies plus poussées…
Bon, je reconnais quand même que les mots à deviner dans cette manche sont plutôt élaborés.
La manche 3 reprend le principe de la Grande Pyramide, en inversant les rôles, puisqu’ici c’est le maître-mot qui fait deviner les locutions au candidat (c’était l’inverse à l’origine, sauf dans les toutes premières émissions).
Avec cette fois-ci une légère complication par rapport à la version originale, puisque les maîtres-mots ne peuvent pas faire de gestes, uniquement parler.
En revanche, cette fois-ci, il n’y a pas de nombre maximal de locutions à trouver dans le temps imparti de 60 secondes, il faut simplement en trouver le plus possible. Chaque locution trouvée rapporte 3 points.
Notons au passage que les candidats peuvent passer une locution, mais seulement deux fois.
D’ailleurs, pour éviter toute tentation de faire des gestes durant cette manche, les mains des Maîtres-mots sont montrées comme étant bloquées, ce qui est un effort de mise en scène plutôt appréciable. Même si ça multiplie un peu inutilement les espaces de jeu sur le plateau…
Quant à la finale, celle-ci reprend le principe des énigmes de la première version, avec une énigme comprenant 6 mots à trouver, ainsi que la réponse à l’énigme ; mais les mots se font là encore deviner sur le principe du Time’s up et non plus avec des briques, et les mimes sont impossibles. En outre, l’intégralité de la manche est chronométrée, avec 60 secondes pour faire deviner les 5 mots et trouver la réponse à l’énigme. L’énigme est énoncée au plus tard 15 secondes avant la fin du chrono, les mots non trouvés sont omis, et le candidat n’a le droit qu’à une seule proposition de réponse.
En sachant que s’il trouve les 6 mots et la réponse à l’énigme, il gagne 20 000 € ; s’il trouve la réponse à l’énigme mais qu’il lui manque des mots, il gagne 1000 € par mot trouvé ; si la réponse à l’énigme n’est pas trouvée, il ne gagne rien.
Bon, là, on va quand même souligner le point positif par rapport à l’édition originale, avec le fait que les gains sont davantage modulaires, et qu’il n’y a donc plus ce côté « tout ou rien »… ou presque, vu qu’il faut quand même trouver l’énigme dans tous les cas (énigme au passage imposée au candidat, on ne lui a pas demandé de choisir de thème pour l’aiguiller avant que ça ne démarre). Dommage, on aurait pu se passer de cette contrainte.
Ici, en revanche, on ne fait pas le même effort de mise en scène qu’en manche 3, on demande juste au Maître-mot de garder ses mains sur la table pour ne pas mimer… pourquoi ne pas être allé jusqu’au bout de la logique et réutiliser les fauteuils ?
Bref, dans l’ensemble, je trouve que cette version réinvente plutôt bien le matériau de base (en dépit de la mécanique de briques beaucoup moins présente), d’une façon même plutôt amusante… même si (c’est un peu le leitmotiv de cette critique, je le reconnais) le jeu s’en retrouve très voire trop simplifié, aussi bien en termes de mécanismes de jeu que de niveau.
Bon, là encore, c’est un sentiment lié à une comparaison avec du pré-existant ; et si on avait connu les deux versions de Pyramide dans l’ordre inverse, avec celle de 2014 en premier puis celle de 1990 en second, on aurait trouvé l’évolution normale et logique, à l’instar d’autres jeux comme Motus ou Des chiffres et des lettres devenus davantage élaborés au fil du temps.
Cela étant, malgré une trame de jeu globalement satisfaisante intrinsèquement, il y a quand même deux ou trois petits défauts que j’aimerais relever, indépendamment du matériau de base.
Une mécanique solide… mais avec ses lacunes
Déjà, je n’ai pas précisé comment les égalités juste avant la finale étaient départagées. Bon, il n’y a pas de système de champion à la con façon TLMVPSP (j’avoue, un bon point pour cette version pour ne pas avoir succombé à cette mode inutilement, malgré son époque), donc pas d’histoire de match gagné par le champion par défaut, Dieu merci. Mais le système trouvé par l’émission ne va pas être le plus élégant du monde…
En fait, l’émission va s’arranger pour ne tout simplement jamais montrer d’égalité entre les candidats. A en croire la page Wikipédia (puisqu’on ne peut pas le constater au visionnage), l’astuce trouvée est de faire rejouer la troisième manche par les candidats une seconde fois, et de ne diffuser que la version qui n’aboutit pas à une égalité. C’est un peu… malhonnête. Bon, si on excepte la coupe au montage, faire rejouer une manche est un système qui tient la route (même si dans un cas hypothétique où il faudrait la rejouer plusieurs fois à force de n’avoir que des égalités, ça deviendrait lourd…), certes. Mais je suis quand même un peu dérangé par le fait que le jeu, via son montage, fasse prétendre qu’un cas de figure ne puisse tout simplement pas arriver en pratique, alors qu’il le pourrait en théorie. Quitte à utiliser ce genre de système, j’aurais préféré que l’émission soit transparente à ce sujet.
Ensuite, je trouve qu’il y a également une certaine dissymétrie entre les rôles du candidat et du Maître-mot.
En effet, durant les deux premières manches, les rôles de celui qui devine et celui qui fait deviner sont inversés lors du deuxième passage ; mais dans la seconde moitié de jeu, c’est exclusivement le Maître-mot qui fait deviner au candidat, et de surcroît lors de la manche qui rapporte le plus de points ainsi que la finale avec un gain monétaire à la clé. Bon, pour la finale, c’est compréhensible, vu que ça paraîtrait bizarre que le Maître-mot fasse gagner 20 000 € au candidat en donnant lui-même la réponse à l’énigme… mais c’est assez déconcertant.
Dans la version des années 90 (sauf au tout début, quand le jeu se rôdait encore), mais aussi dans Mot de passe, c’est l’inverse, avec le candidat qui fait deviner au Maître-mot dans ces manches-là. Et personnellement, ça me semble plus logique que ce soit dans ce sens-là.
En effet, pour faire deviner des mots, il y a tout un processus de réflexion derrière, tout un raisonnement à rendre accessible pour se dire « Comment je pourrais faire pour que mon partenaire trouve ce mot-là ? » ; là où celui qui doit deviner est plus « malléable » et dépend du raisonnement de l’autre. Bref, l’un guide l’autre. Ainsi, si celui qui doit faire deviner est nul, il y a peu de chances pour que son partenaire ne trouve quoi que ce soit, même avec le meilleur niveau du monde. Et, certes, celui qui doit deviner doit également avoir un assez bon niveau de jeu (on a pu constater avec la version Boccolini de Mot de passe que ce n’était pas non plus un rôle à la portée du premier venu, vu les performances catastrophiques de certains…) ; mais de mon point de vue, même si ça reste un travail d’équipe, le plus gros du travail, c’est le guide qui doit l’effectuer.
Donc je trouve personnellement très discutable que cette version de Pyramide donne plus d’importance au Maître-mot qu’au candidat ; alors que par défaut, l’inverse aurait été plus logique pour moi.
En parlant de la gestion des Maîtres-mots : comme cette nouvelle version ne fait pas de matches aller/retour pour que chaque candidat puisse jouer une émission complète avec chaque Maître-mot, on les alterne à chaque manche, sauf pour la finale où le candidat le choisit.
C’est un peu maladroit, puisqu’un candidat jouera donc 2 manches avec un même Maître-mot, vs. une seule avec l’autre ; en outre, sur des manches qui n’ont pas le même principe (un candidat jouera avec le premier Maître-mot exclusivement sur les manches à la Time’s up, et avec le second exclusivement sur les briques…). Donc ça me paraît un peu léger pour déterminer lequel des deux choisir en finale, en se basant sur leur niveau…
J’ai l’impression que le jeu voulait s’inspirer de ce que Mot de passe faisait… sauf que Mot de passe a une structure davantage symétrique pour se le permettre. Alors qu’ici, ça fait juste tache, et qu’on aurait pu limite se contenter d’un Maître-mot attitré par candidat tout au long de l’émission.
D’ailleurs, à ce sujet, je vais revenir rapidement sur un détail de la version 90’s sur lequel j’étais passé rapidement.
En effet, dans les années 90, on avait des matches aller-retour avec les mêmes candidats. C’est-à-dire que deux émissions consécutives étaient jouées avec les mêmes candidats, si ce n’est que l’un commençait la première émission et l’autre commençait la seconde, et qu’ils échangeaient les Maîtres-mots entre les deux émissions. Ca permettait de garantir une certaine équité ; même s’il existait deux cas de figure pour lesquels l’émission retour pouvait ne pas avoir lieu. Si les candidats avaient plus de 10 points d’écart, ou si la Grande Pyramide était remportée dans la première émission, il n’y avait pas de match retour. Bon, ce détail-là complexifiait les règles un peu inutilement (même si je comprends pourquoi ils n’ont pas voulu prendre le risque qu’un candidat puisse remporter deux Grandes Pyramides d’affilée…), mais j’appréciais l’idée de match aller/retour (et si vous voulez mon avis, c’est quelque chose dont N’oubliez pas les paroles aurait bien eu besoin pour contrebalancer ses problèmes de mécanique, et pas que pour les Masters).
La version 2014 de Pyramide, en revanche, cherchait à avoir des émissions davantage interchangeables, d’où l’absence de matches aller/retour (plus le fait que ce genre de mécanique était jugé un peu vieillissant, d’ailleurs Des chiffres et des lettres finira par s’en débarrasser deux ans plus tard) et le fait d’avoir voulu condenser les échanges de Maîtres-mots au sein de la même émission… mais comme je l’ai dit plus haut, ça fait surtout très maladroit.
Et enfin, pour parler de la finale… je la trouve relativement simple à réussir, intrinsèquement.
Certes, elle nécessite plus ou moins de faire un sans-faute pour être réussie ; mais il ne me semble pas si difficile à faire que ça. Et d’ailleurs, malgré la petite vingtaine d’émissions diffusées seulement, le gain maximal a été gagné plusieurs fois (comparé à Mot de passe où elle a été remportée jusqu’au bout très peu de fois au global, alors que ce jeu-là a duré bien plus longtemps). Trouver 6 mots et la réponse à l’énigme en une minute, j’ai connu des finales plus corsées que ça ; et certaines étaient même moins bien payées.
Personnellement, quitte à conserver ce système, j’aurais juste fixé le gain maximum à 10 000 €, ça m’aurait semblé largement suffisant.
Ca me fait d’ailleurs un peu marrer ici, car, pour faire deviner le mot « écume », Damien Thévenot a accidentellement dévoilé la réponse à l’énigme…
Total : 11/20
Je ne suis finalement pas surpris que cette version 2014 de Pyramide n’ait pas fait long feu. En fait, j’ai l’impression qu’elle essayait de concilier un peu trop d’impératifs à la fois ; ce qui a fait qu’à force d’essayer de séduire des publics différents, elle n’en a finalement séduit quasiment aucun. N’y voyez pas une remarque condescendante de ma part : c’est tout à fait possible que vous ayez aimé ce revival, et c’est tant mieux pour vous ; mais étant donné qu’il n’a pas fait beaucoup parler, que ce soit avant, pendant ou après sa diffusion, j’ai l’impression qu’il a globalement laissé le public assez indifférent.
Le problème, c’est que pour un fan de la version 90’s du programme, ce remake n’a pas grand intérêt. Certes, cette version-là était moquée pour sa complexité ; mais c’était justement celle-ci qui donnait une grande partie de sa saveur au jeu et qui en faisait sa richesse. Vouloir autant édulcorer cet aspect-là ne va pas plaire au public qui la recherchait. Et étant donné qu’on critiquait déjà les ajustements de 2002 qui étaient 100 fois plus légers que ceux de ce remake, il n’y avait donc aucune chance qu’un fan des 90’s ne soit autant hypé par cette version-là.
Quant à l’idée de séduire un nouveau public, il y a deux problèmes potentiels. D’une part, celui qui ne regardait déjà pas ce jeu dans les années 90-début 2000 ne va pas s’y intéresser soudainement, même en simplifiant le propos ; et d’autre part, celui qui ne connaissait pas cette version-là peut certes trouver son compte, mais ça ne lui donnera pas envie de s’intéresser à la version de base.
De fait, c’était difficile pour moi de juger cette version-là indépendamment, dans la mesure où elle se veut être (malgré elle ?) l’héritière du jeu des années 90 (par rapport à certains détails mentionnés plus haut), en en reprenant certains codes non présents dans le concept initial (notamment la manche des briques) ; là où pour Mot de passe, le jeu est totalement indépendant, et la comparaison est surtout une question de goûts. Et à ce titre, je trouve personnellement cette version-là de Pyramide beaucoup moins aboutie, voire même maladroite dans son approche ; avec des manches très voire trop simplifiées, des concepts beaucoup moins poussés dans l’ensemble, et une gestion des rôles entre candidats et Maîtres-mots bâclée.
Même si la comparaison n’est clairement pas à l’avantage de cette version 2014, je pense que je ne l’aurais pas particulièrement revue à la hausse prise indépendamment.
Néanmoins, elle n’est pas mauvaise pour autant, et j’arrive tout de même à l’apprécier un tant soit peu. Intrinsèquement, elle passe à peu près ; et en tant que « suite », elle est certes très décevante, mais elle n’est pas non plus insultante. J’ai déjà vu des programmes « évoluer » d’une façon nettement pire que celle-ci, en piétinant les fondamentaux du programme et l’intelligence du spectateur, dont un certain jeu d’aventure présenté par le même animateur durant la même décennie…
En outre, je reconnais qu’à l’instar de Mot de passe, cette version parvient convenablement à rendre plus facilement accessible un principe qui pouvait paraître un peu élitiste aux yeux du grand public. C’est au moins un point que je peux respecter.
Mais bon, ça n’aura clairement pas suffi à faire rester ce remake dans les mémoires ; et il y a toujours de très fortes chances que, lorsqu’on parle de Pyramide à un téléludophile, il pense d’abord à la version 90’s, et ce à juste titre (selon moi).
Je n’ai pas de transition pour la prochaine fois. On va juste aller faire un tour outre-Manche.