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#027 – N’oubliez pas les paroles ! (version maestro)

Bien qu’elle ait commencé vers la fin des années 2000 et a duré jusqu’en 2014, la version solo de N’oubliez pas les paroles fait très « années 2000 » dans son esprit et sa mécanique : en effet, comme je le disais, on sent très clairement l’inspiration de Qui veut gagner des millions ?, qui aura influencé d’une certaine manière cette décennie-là.
Et on pourrait dire que la version maestro de NOPLP s’inscrit, elle, pleinement dans un état d’esprit des années 2010. En fait, le programme quitte une tendance pour une autre : ainsi, elle passe de la mode des pyramides de gains instaurée par QVGDM (même si elle y fera un léger clin d’œil, j’y reviendrai) pour surfer sur… la mode des grands champions, instaurée par Tout le monde veut prendre sa place. Hum… ai-je déjà précisé à quel point je haïssais ce jeu pour avoir lancé ça ?

Pourtant, assez paradoxalement, c’est une version que je prends quand même plus de plaisir à suivre que la précédente… mais qui me frustre également beaucoup plus, à cause de son problème numéro 1, qui lui vaudrait d’office que je considère ce jeu comme mauvais en temps normal. Et qui est effectivement lié à cette tendance que le programme suit désormais…
Mais parlons d’abord de ce que cette version a à offrir.

Faisons les présentations

Le début du jeu est une mécanique bien rôdée, qui alterne entre des plans du plateau de jeu, des plans sur les musiciens (les « Zikos »), et des plans sur le public, avant que Nagui n’entre en compagnie du « maestro », le nom officiellement employé pour désigner le champion en titre (parce que, oui, bien sûr que ce jeu avait besoin d’un système de champion pour rester dans le vent…).
Un peu de blabla sur le parcours du maestro jusqu’ici, le nombre d’émissions qu’il a fait, le montant qu’il a accumulé, etc. De toute façon, du blabla, il faut s’attendre à en avoir dans ce jeu (un peu comme tous les jeux TV, certes), d’autant plus qu’il peut parfois servir de variable d’ajustement à la durée du jeu, certaines manches pouvant potentiellement durer longtemps ou être expéditives.

Puis le challenger arrive sur le plateau ; mais avant de faire du blabla syndical à son sujet, il entre en chantant la chanson de son choix (enfin, le début de la chanson de son choix), accompagné par les musiciens. On avait déjà ça dans la première version, certes ; mais là, ça a l’avantage d’arriver tout de suite et de mettre immédiatement dans le bain.
C’est un détail, mais c’est quelque chose que j’apprécie tout particulièrement. D’une part, c’est souvent l’occasion d’entendre une chanson qu’on n’entend pas ou peu dans l’émission (bon, bien sûr, ce n’est pas une obligation, le titre chanté peut être très connu et passer fréquemment), notamment dans d’autres langues occasionnellement (l’anglais en premier lieu, mais aussi pourquoi pas l’espagnol, l’italien ou l’arabe). D’autre part, ça permet aussi de se focaliser un peu sur le challenger, et de lui donner son moment de gloire, d’autant plus dans un jeu où il peut malgré lui (et malheureusement…) n’être que le faire-valoir du maestro (on y reviendra…). Et enfin, c’est tout simplement original, et ça colle tout à fait à l’ambiance de ce jeu (sur laquelle je reviendrai aussi).
Ce qui me dérange un peu plus, en revanche, c’est le fait que l’animateur demande systématiquement au challenger ce qu’il ferait avec les 20 000 euros qu’il peut potentiellement gagner en une émission… outre le fait que j’ai envie de dire que ce ne sont pas leurs oignons et qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué (… bon, je reconnais, par rapport aux convictions vegan de l’animateur, ce n’est pas la meilleure expression que j’aurais pu trouver), ça va également me poser problème par rapport à un point majeur que j’évoquerai plus loin. Et au passage, cette question est même posée dans le formulaire à envoyer pour participer aux castings… c’est vraiment une obsession de leur part là, ça en devient flippant !

J’ai parlé de l’animateur, des candidats et du public ; mais le plateau est largement plus rempli (hors émissions tournées dans le contexte sanitaire strict de 2020… mais n’évoquons pas les mauvais souvenirs).
Derrière les candidats et l’animateur, se trouvent des gradins, sur lesquels les « ambianceurs » (qui sont des intermittents du spectacle) vont effectuer quelques chorégraphies pour accompagner les titres chantés.
Le jeu dispose par ailleurs d’une voix off, surnommée « Cruella », dont le but est de rappeler aux candidats les paroles précédentes (sur leur demande) ou de les corriger lors de la manche 2.
Et, surtout, les musiciens (les « zikos »), certes déjà présents dans la première version, mais qui sont cette fois-ci plus nombreux, avec un choix d’instruments plus varié, et sur lesquels on mettra un peu plus d’emphase, notamment via quelques interactions avec les candidats et l’animateur, ou des petites chorégraphies improvisées.
Je ne m’étendrai pas trop sur ce point, car j’aurai l’occasion de développer davantage ma pensée dans un point ultérieur sur ce que la présence de l’orchestre apporte à l’émission.


Derrière les candidats, les ambianceurs se déhanchent.

Concernant la disposition, celle-ci a changé en cours de route : en effet, avant que le Covid ne vienne embêter tout le monde, le public était largement plus réparti sur le plateau, y compris sur les balcons du fond. Mais par la suite, ces balcons sont désormais occupés par certains musiciens : les choristes sur le balcon de gauche, et sur le balcon de droite les joueurs d’instruments à vent (Nagui dit souvent « les cuivres », sauf que le saxophone n’en est pas un…). On sent que c’est une conséquence des mesures sanitaires, puisque ce sont ceux à qui l’on ne pouvait pas mettre de masques qui se retrouvent un peu isolés du reste de l’orchestre, ce qui est un peu dommage.
Néanmoins, même si c’est principalement cette disposition « éparpillée » que j’ai connu, je la préfère à celle qui était en vigueur auparavant, car elle permet au plateau de « respirer » un peu, là où l’orchestre et le public était un peu trop « comprimé ».
En outre, je souligne le travail qui a été fait sur la réalisation et le montage du jeu pour rendre le tout dynamique et pour mettre à l’honneur tout le monde. Ainsi, on ne ressent pas trop ce côté dispersé.

La première manche

Durant la première manche, 5 thèmes sont proposés et cachent chacun deux chansons. Parmi eux, on trouvera systématiquement un thème « Artiste » (avec deux chansons de l’artiste donné) et un thème « Décennie » (les années 60, 70, 80, etc.), les trois autres étant plus libres : ça peut être des thèmes génériques (Eurovision, Bande originale, Génériques TV, Carrière solo…) ou des thèmes avec un intitulé donnant un indice sur les chansons qui peuvent être jouées (par exemple, « Les loups » peut cacher les chansons Mon p’tit loup et Coeur de loup), ce qui donne d’ailleurs souvent l’occasion à l’émission de faire quelques jeux de mots à ce sujet.
Mais ces thèmes n’ont pas tous la même importance : en effet, ils valent respectivement 10, 20, 30, 40 et 50 points ; et plus un thème vaut de points, plus le blanc à compléter dans la chanson comportera de mots. Ainsi, si le thème à 10 points ne demandera que deux mots à compléter, le thème à 50 pourra en demander 8 ou 9.
Tous ces thèmes ne seront cependant pas joués : le maestro en jouera deux, le challenger deux autres.


Ca va, ça se voit que c’est la spéciale Halloween ?

Le maestro joue en premier, et est donc le premier à avoir le choix. Ce qui va déjà poser un énorme problème pour la suite, mais j’y reviendrai… après, il peut aussi choisir de laisser la main au challenger pour que celui-ci puisse choisir en premier, mais bon, il n’a aucun intérêt à le faire (même si c’est déjà arrivé !).
Et déjà, on a un léger problème : souvent, le déroulement de cette manche va être assez prévisible, avec le maestro qui choisira le thème à 50, puis le challenger qui prendra celui à 40, puis le maestro qui prendra celui à 30, puis le challenger qui prendra celui à 20. Honnêtement, on a ça 90% du temps, ce qui se comprend, puisque ça reste la stratégie pour avoir le plus de points possible… même s’il arrive que cet ordre ne soit pas respecté (le plus souvent parce qu’un thème n’inspire pas l’un des candidats, ce qui arrive le plus souvent avec les thèmes « Artiste »), rendant cette manche un peu moins monotone lorsque ça arrive.
Autre petit problème : avec cette mécanique, le jeu insinue que c’est principalement le nombre de mots manquants qui détermine la difficulté d’une chanson… alors qu’en pratique, ce serait plutôt son degré de popularité. Ca reste quand même plus simple a priori de trouver 9 mots manquants sur une chanson très connue, plutôt que 2 ou 3 mots sur un titre qui l’est beaucoup moins… ça souligne aussi le côté un peu subjectif de la culture musicale, mais bon, on peut dire exactement la même chose que pour les jeux de culture générale, certes.

Bref. Une fois le thème choisi, le candidat a le choix entre deux chansons, et prendra celle qui l’inspire le plus.
J’ai un autre petit problème avec ça (… j’avais pas dit que cette critique serait majoritairement positive ?), mais c’est plus subjectif : assez souvent, le choix de la chanson pourra être assez prévisible, surtout quand on a d’un côté une chanson ultra connue et/ou qui passe très souvent, et de l’autre une chanson moins connue qui passe moins souvent et que les candidats révisent moins souvent. Bon, en termes de stratégie, c’est normal, évidemment ; mais on peut un peu regretter le léger manque de diversité des titres qui passent et déplorer la surreprésentation de certains d’entre eux à cause de ça. Un peu comme lors des sessions de karaoké où, à force d’en faire, vous en avez marre de chanter Le coup de soleil de Richard Cocciante pour la 36e fois… (ou alors c’est moi qui suis particulier à ce niveau-là, mais bon, j’avoue que j’aime bien me démarquer au karaoké et chanter des titres un peu moins habituels. Et, oui, Le coup de soleil, plus je l’écoute, plus elle m’ennuie…)
Cela dit, ce serait un peu injuste de blâmer l’émission pour ça. D’une part, car ça reste quand même tout à fait logique que les chansons les plus connues par le public (et souvent les plus vendues) soient les plus représentées (surtout pour la Même Chanson sur laquelle je reviendrai) ; et d’autre part, car l’émission fait quand même des efforts pour diversifier un peu sa programmation musicale, en n’hésitant pas à prendre des titres plus récents et à piocher dans des genres (notamment « urbains ») moins bien considérés par les puristes. Les goûts et les couleurs ne se discutent certes pas, mais on ne peut pas dire que ce jeu soit très snob au niveau de son contenu ; et on peut difficilement dire que l’émission est élitiste à ce niveau-là, ce sont surtout les goûts du public et des candidats qui entrent en jeu. Ca m’est même d’ailleurs déjà arrivé à plusieurs reprises de découvrir des chansons via cette émission, et de me les réécouter régulièrement par la suite, comme quoi…


Evidemment que la candidate va choisir la chanson de Goldman. Tout le monde aime Goldman, à ce qu’il paraît…

Une fois la chanson choisie, le candidat commence à la chanter, accompagné de l’orchestre, en ayant les yeux sur les paroles qui défilent ; puis, au bout d’un moment, l’orchestre cesse de jouer, les paroles ne s’affichent plus, et le candidat doit donc trouver les mots manquants.
S’il semble connaître la chanson (que la réponse soit bonne ou non, du moment qu’il ne laisse pas de blanc), il continue à chanter et l’orchestre reprend. Ca ne sert à rien au niveau de la mécanique, mais ça contribue à l’ambiance du jeu (j’y reviendrai).
Lorsque tout le monde a fini de chanter et de jouer, les paroles données par le candidat dans le feu de l’action s’affichent à l’écran. S’il n’est pas sûr de lui, il a la possibilité de modifier sa réponse, et de demander à Cruella de répéter la phrase d’avant pour resituer le passage dans le contexte de la chanson ; ainsi que (même si ça arrive plus rarement) de demander si ce qu’il vient de chanter n’a pas déjà été chanté plus tôt dans la chanson (la réponse à trouver n’ayant pas été chantée au préalable). Ce recours à Cruella pour se rafraîchir la mémoire est au passage beaucoup plus fluide que de rechanter la chanson depuis le début, comme ça pouvait être le cas dans la première version.
Une fois que le candidat est sûr de sa réponse, il prononce la phrase emblématique « Je bloque ces paroles », puis un petit suspense s’ensuit (ou un grand, quand la prod est folâtre et décide de ne pas dévoiler un mot sur lequel le candidat a douté tout de suite…) et la réponse est validée ou invalidée. Mais attention, il faut que TOUS les mots soient exacts pour que la réponse soit validée : une seule petite erreur sur une conjonction comme un « Et » remplacé par un « Mais », et c’est paumé ! En soi, c’est principalement ça qui justifie que le nombre de points soit déterminé par le nombre de mots manquants.


Ligne du dessus : les dernières paroles données. Ligne du dessous : la proposition du candidat.

C’est la même chanson

Une fois la première manche terminée, on passe à une manche plus redoutable : la même chanson.
Pour commencer, le candidat qui a le moins de points (ou en cas d’égalité, le maestro) va s’installer dans un fauteuil, dos au plateau de jeu, avec un casque sur les oreilles, pour ne pas entendre ce qui va suivre. Car les deux candidats vont jouer avec une même chanson (d’où le nom de la manche), qui sera cette fois-ci imposée par la production.
A de très rares exceptions près, les chansons proposées dans cette manche sont des chansons davantage connues, ou qui passent assez souvent dans l’émission. Parce que cette fois-ci, ce ne sera pas un groupe de mots à compléter ponctuellement, mais carrément la majeure partie d’une chanson qu’il faudra compléter.

La candidate qui est en avance commence ; celui en retard patiente dans le fauteuil et n’entend rien pendant qu’elle va chanter.

En effet, le premier candidat va commencer à chanter, avec les paroles dévoilées ; puis, au bout d’un moment, celles-ci cesseront d’être affichées sur le plateau, et le candidat devra alors chanter de mémoire tout le reste, sans se tromper. Car s’il se trompe sur ne serait-ce qu’un mot, ou s’il ne connaît pas la suite, la chanson s’arrête. Cruella indique alors au candidat son erreur, ainsi que ce qu’il aurait dû chanter.
Il peut y avoir certaines exceptions, comme les choeurs d’une chanson qui n’ont pas besoin d’être chantés (l’animateur précisera avant le démarrage de la chanson s’il y a besoin de les chanter ou non), certains passages en langue étrangère (du moins lorsqu’il s’agit de « blocs » de phrases ; s’il s’agit juste de quelques mots par-ci par-là ils comptent quand même, mais la production n’est pas pointilleuse sur la prononciation dans ce cas) ou encore certaines onomatopées qui sont optionnelles ; mais tout le reste doit être chanté sans erreur, car, contrairement à la manche précédente, tout se fait en live, on ne revient pas sur les passages manquants pour réfléchir dessus. Cependant, le candidat peut se désynchroniser avec la mélodie, du moment qu’il cite quand même les bonnes paroles (et qu’il ne prend pas trop longtemps à citer les paroles qui suivent).
Une fois que la chanson s’arrête, on compte le nombre de mots que le candidat a chanté entre l’interruption de l’affichage des paroles au début, et le moment où il s’est trompé. Chaque mot trouvé rapportera un point, qui sera rajouté à son score de la première manche.
Si le candidat réussit à aller suffisamment loin dans la chanson, au point que l’autre candidat ne peut pas le rattraper, il entend une clochette, qui lui indique qu’il a gagné et qu’il ira en finale. Il n’a alors plus besoin de continuer à chanter, si ce n’est pour le plaisir.
Si, en revanche, le candidat en tête est encore rattrapable, c’est au deuxième candidat (qui sort alors du fauteuil) de chanter à son tour la même chanson, et de compléter les paroles à partir du même point que le candidat précédent, avec les mêmes contraintes. S’il parvient à aller suffisamment loin dans la chanson et à dépasser le score cumulé du candidat précédent, c’est alors lui qui entend la clochette et qui ira en finale.

Assez paradoxalement, cette séquence est le point d’orgue du jeu. On aurait pu s’attendre à ce que ce soit la finale ; mais finalement, c’est bel et bien la Même Chanson qui capte le plus l’attention du spectateur et qui ménage le plus de suspense (… enfin, la plupart du temps, car si la chanson est trop facile, ça l’est moins. A vaincre sans péril, etc.).
D’une part, car tout se joue en live : il n’y a pas de temps de pause et de réflexion pour compléter la chanson, et les candidats peuvent tomber à tout moment. On guette ce fameux moment où le candidat va se tromper dans les paroles, ou au contraire le moment où on va entendre la clochette salvatrice. C’est haletant !
Et d’autre part, car, en cas de réussite, ce n’est pas rien de chanter toute une chanson sans se tromper. Bon, là encore, ça dépendra du titre chanté, car un très complexe Tu verras de Claude Nougaro ou un Nuit de folie de Début de soirée avec son passage chanté à toute vitesse seront largement plus impressionnants qu’un Les démons de minuit ou un Ma philosophie pour lesquels c’est plus simple de tout mémoriser.
En fin de compte, c’est surtout cette manche-là qui justifie l’engouement qu’on peut avoir pour les maestros : en effet, comme c’est cette manche qui rapporte le plus de points, c’est sur cette manche-là qu’ils se doivent de briller le plus, et c’est là qu’on peut être ébahis par leur culture musicale et leur faculté à ne pas se tromper.


Le plateau passe en rouge, tout comme l’indication à l’écran de ce que le candidat devait chanter : oups, la même chanson s’arrête là.

Mais malgré ce côté impressionnant, cette manche a quelques légers problèmes pour moi.
Le premier problème est que, là où le reste du jeu laisse le choix de la chanson au candidat, cette séquence est imposée ; donc il faut que le candidat ait la chance de tomber sur un titre qui lui parle, surtout vu le très grand nombre de points en jeu.
Et le second problème est que la séquence est certes impressionnante, mais elle en demeure par conséquent très difficile et nécessite des connaissances musicales encore plus pointues que pour le reste du jeu, où l’on peut s’en sortir un peu plus facilement ne serait-ce qu’en ayant des choix à effectuer.
Ainsi, on sent que l’émission se « professionnalise », en demandant aux candidats un niveau plus élevé, et une culture musicale assez étendue, au point de devoir connaître quasiment par coeur plusieurs « classiques ». D’où la nécessité à présent de devoir réviser en priorité les chansons susceptibles de tomber dans cette manche-là en particulier. Le spectre de chansons jouables durant cette partie est certes assez large pour que très peu de candidats ne puissent toutes les connaître sur le bout des doigts ; mais le fait de devoir réviser certaines chansons en particulier enlève quand même un peu de spontanéité au concept. En outre, le fait de prioriser ainsi les révisions des candidats impacte également le reste du jeu, où 90% du temps, les choix des candidats paraîtront plutôt prévisibles, puisqu’ils se dirigeront davantage vers les chansons susceptibles d’être proposées en même chanson (puisqu’elles ont été révisées de sorte que les candidats puissent les chanter par coeur, ce qui ne sera pas le cas d’autres titres moins connus).

Et enfin, ça ne tient certes pas spécifiquement à cette manche-là ; mais en cas d’égalité à l’issue de celle-ci, c’est le maestro qui gagne par défaut. Ce qui va me faire revoir ce jeu considérablement à la baisse, à partir du paragraphe suivant…

LE gros problème de ce jeu : son système de champion…

Et c’est là que je vais malheureusement être beaucoup moins enthousiaste en parlant de ce jeu. Car si j’arrive à pardonner assez facilement les quelques défauts que j’ai pu relever jusqu’ici, celui-là, je ne peux vraiment pas le pardonner.
Bon, depuis ma critique de TLMVPSP, je pense que vous savez que j’ai une légère aversion envers l’engouement qu’ont les jeux TV pour les systèmes de champion, principalement en tant qu’effet de mode. Et ici, je pense que la mise en place d’un tel système a dû contribuer au succès de cette version par rapport à la précédente… mais le problème que j’ai avec ça ne vient pas de là. Enfin, à part le fait que lorsqu’un grand champion reste trop longtemps, les émissions ont tendance à devenir plutôt ennuyeuses à regarder, les scenarii de victoire étant aussi prévisibles que pour TLMVPSP.
Non, ce qui m’agace profondément, c’est surtout quand un jeu cherche à donner un statut particulier à ses champions, quitte à ce qu’ils soient injustement avantagés au niveau de leurs règles. TLMVPSP tombe évidemment en plein dans ce piège, et même si NOPLP ne pousse pas le bouchon aussi loin, il est malheureusement victime de ce problème, à un niveau assez considérable.

Et pourtant, ça ne tient pas à grand-chose, mais le simple fait de laisser le maestro choisir son thème en premier, et donc surtout son nombre de points potentiels, ça lui donne déjà de l’avance. Dans un scénario parfait où les deux candidats prennent à chaque fois le thème restant qui rapporte le plus de points et réussissent tout, ça fait un score de 80 à 60 avec avantage pour le maestro. Et il lui suffit après ça de faire un sans-faute à la même chanson pour que le challenger soit remercié sans qu’il n’ait eu la chance de pouvoir se défendre…
Soit dit en passant, c’est aussi en grande partie pour ça que je suis loin de ressentir autant de liesse suite à une même chanson victorieuse pour le maestro. Oui, je suis admiratif du fait d’avoir pu chanter toute la chanson d’une traite ; mais à côté de ça, je me dis surtout que le challenger n’est venu que pour faire de la figuration, et qu’on aurait tout aussi bien pu avoir une mécanique de jeu à un seul candidat si le but était juste de voir des candidats arriver au bout de la chanson…

Désolé, mais je trouve ça particulièrement gênant. Alors oui, ce n’est pas un cas de figure qui arrive tout le temps, mais tout de même suffisamment pour que ça me hérisse le poil. Pour peu qu’on tombe sur des grands maestros peu faillibles, ça limite déjà énormément les chances pour le challenger. Et, oui, je me doute aussi que dans ce genre de jeu à champion avantagé façon TLMVPSP, ça rend d’autant plus méritoire la victoire du challenger pour qu’il puisse s’installer à son tour… mais si les règles ne sont pas calibrées pour départager proprement le champion et son challenger dans le cas d’un scénario parfait, ça reste profondément injuste pour moi.
J’ai vraiment eu de la peine pour bon nombre de challengers qui semblaient avoir un niveau qui tenait tout à fait la route, mais qui ont eu la malchance de tomber sur un grand maestro qui faisait un sans-faute… et ce n’est d’ailleurs pas rare que, lors de la présentation d’un challenger, celui-ci dise qu’il avait déjà participé mais avait été confronté à un grand maestro. C’est même arrivé qu’un challenger tombe 3 fois de suite dans ce cas de figure !!!
Et au passage, c’est aussi pour ça que ça m’agace qu’en début de jeu, l’animateur demande au challenger ce qu’il ferait de son argent s’il gagnait ; alors que, depuis le temps, il a parfaitement conscience de ce problème de maestro irrattrapable. Ca revient pratiquement à remuer le couteau dans la plaie pour moi. Grosso modo, c’est un peu comme s’il se disait intérieurement, à ce moment-là : « Tu veux gagner de l’argent pour faire tous tes beaux projets ? Ah ben va falloir espérer pour toi que le maestro fasse pas de sans-faute, parce que sinon, tes beaux projets, tu pourras t’asseoir dessus ! ». J’aurais certainement beaucoup moins tiqué sur cette question anodine si on l’avait posée dans un jeu où le challenger a vraiment toutes ses chances de pouvoir gagner, sans dépendre des aléas d’une mécanique particulièrement désavantageuse pour lui.


Bon, ça n’illustre pas vraiment ce paragraphe, mais les paroles affichées expriment bien mon ressenti au sujet de ce problème.

Après… je comprends un tout petit peu pourquoi laisser l’avantage au maestro : pour le cas épineux des égalités à départager. Autant dans la plupart des autres jeux, on peut trouver un système pour gérer ça, le plus souvent basé sur la rapidité de réponse ; autant ici… j’ai du mal à voir comment on aurait pu faire, car ce jeu n’a pas de mécanique confrontant directement les candidats, et je ne vois pas comment on aurait pu en instaurer une.
Peut-être qu’on aurait pu s’inspirer des Masters et faire un match aller/retour pour que chaque candidat se retrouve dans une position favorable (c’est d’ailleurs quelque chose qui se faisait à une époque, avec Pyramide et Des chiffres et des lettres par exemple, mais qu’on ne voit quasiment plus aujourd’hui). Cela aurait rendu le jeu un peu plus équitable… mais même lors de ces Masters, le problème des égalités potentielles se pose, avec une solution qui n’est guère plus satisfaisante voire pire (c’est le maestro le mieux placé dans le classement global qui remporte par défaut…). J’aurai cependant l’occasion de reparler de ces Masters dans l’article suivant.
Comme quoi, la solution idéale reste encore à découvrir ; mais ça reste vraiment profondément regrettable que le jeu ait fini par s’enliser dans cette mécanique grossière et semble désormais incapable d’en sortir (faudrait pas léser les grands maestros en faisant jouer les candidats dans des conditions moins favorables pour qu’ils atteignent les sommets…).

Au passage, j’ai récemment appris quelque chose à ce sujet : lors des débuts de cette formule, ce n’était pas le maestro qui choisissait son thème en premier, mais le challenger. Ce n’est qu’à partir du 25 août 2014 (source) que le maestro a ce privilège.
Alors, dans un sens, je conviens que ça n’aurait pas réglé le problème d’inéquité du format de base, car on aurait toujours eu un candidat avantagé au point de ne pouvoir techniquement laisser aucune chance à l’autre. Néanmoins… ça aurait quand même permis de léser un peu moins les candidats de façon générale, puisque le maestro aurait déjà eu sa chance de remporter de l’argent dans l’émission qui a précédé. Mais bon, évidemment, depuis l’avènement de TLMVPSP, il faut favoriser les champions pour favoriser l’audience et la fidélisation… soupir.

Et c’est aussi à cause de ça qu’en termes de règles, je trouve la version duel clairement en-dessous de la version solo, qui a certes a priori moins d’atouts que cette version maestro, mais qui a au moins l’avantage de proposer des règles qui tiennent la route de bout en bout.
Néanmoins, s’il y a un point que la version maestro réussit mieux que la version solo, c’est…

LE gros point fort de ce jeu : son ambiance !

Alias le point du jeu qui me permet de l’aimer sincèrement en dépit du problème précédemment mentionné.
Ce jeu réussit particulièrement bien son ambiance fun et légère, non seulement à l’aide de plusieurs points déjà évoqués précédemment comme la façon de se présenter du challenger, la présence d’un orchestre avec lequel on interagit, ou encore les ambianceurs et leurs chorégraphies ; mais également plusieurs détails, comme le fait de pouvoir chanter en duo une fois le moment où les paroles ont été complétées est passé, ou encore les Zikos qui se déguisent régulièrement en fonction de la chanson jouée.


Titre de Mylène Farmer oblige : les Zikos vont porter des perruques d’une couleur rousse pétante. De quoi donner une idée de ce à quoi aurait ressemblé Samantha Oups ! si le comédien avait opté pour une perruque rousse au lieu d’une perruque blonde…

Par ailleurs, la présence de plusieurs interlocuteurs permet de favoriser les interactions entre eux. Et on sent la répartie de chacun.
Du côté de Nagui, par exemple, je n’en ai certes pas parlé très positivement (doux euphémisme…) dans ma critique de TLMVPSP ; mais ici, je trouve qu’il est très bien dans son rôle, qu’il a une bonne répartie, un bon tac au tac, et qu’il offre de très bonnes interactions avec les autres. Et malgré quelques moments un peu lourds par-ci par-là façon TLMVPSP, le fait qu’il puisse interagir avec plus de monde aide à ne pas faire reposer l’ambiance uniquement sur lui.
Je peux également citer Cruella, qui a un ton un peu cassant et sarcastique très plaisant, et qui ne se cantonne pas toujours à juste rappeler les dernières paroles des candidats.
Et aussi les Zikos, qui contribuent pas mal à l’ambiance. Certains se démarquent davantage, notamment Fabien et Magali qui donnent le départ des chansons jouées, et qui font souvent des remarques ou répliquent aux candidats ou à l’animateur. Néanmoins, tous les musiciens ont l’occasion de briller et d’être mis en valeur, selon les chansons jouées, et même parfois avec quelques performances improvisées.
Il faut dire aussi que le contexte musical aide particulièrement à instaurer ce genre d’ambiance, et je pense que c’est aussi pour ça que ce jeu de plateau est l’un des plus divertissants à ce niveau-là.

Et autant j’ai fustigé la tentative de certains jeux comme Qui veut gagner des millions ? ou Le grand concours pour avoir basculé dans une ambiance trop légère en dépit de leur formule de base davantage pesante ; autant dans le cas de NOPLP, je n’ai pas spécialement ce ressenti de trahison par rapport à la formule initiale, qui était un peu plus sérieuse.
Même si je comprends que certains regrettent que le jeu soit devenu plus léger à ce niveau-là et n’adhèrent pas trop à cette ambiance-ci, je n’irais pas non plus jusqu’à dire qu’on a dénaturé quelque chose.
D’une part, parce que je trouve cette ambiance fun quand même plus adaptée pour un concept de jeu musical que pour un jeu de culture générale sérieux à la base, et plus réussie que les tentatives citées précédemment que je trouve au contraire lourdes (je n’arrive sincèrement plus à supporter un épisode du Grand Concours depuis 2017 à force d’avoir insisté sur le côté divertissement.), mais c’est un ressenti purement personnel.
D’autre part, car on appuie davantage dans le cas de NOPLP que la version maestro est une autre formule, à part de l’originale, avec une mécanique de jeu très différente. Ce qui fait qu’il est plus simple pour moi de faire la distinction entre la formule plus sérieuse et la formule plus légère.
Et enfin, car ce jeu divertit son public d’une façon plus réfléchie et plus créative. Là où pas mal d’autres se contentent de fourrer des people qui en font des caisses pour amuser la galerie (ce que la première version avait d’ailleurs un peu fait…) quitte à casser le rythme et à faire passer la mécanique du jeu au second plan, ici, les éléments d’ambiance sont soit incorporés de façon plus fluide de sorte à ne pas casser le rythme (comme des déguisements ou des chorégraphies), soit plus plaisants (comme les performances musicales).

Bon, cela dit, je comprendrais très bien que l’ambiance ne plaise pas à tout le monde, et moi-même j’ai tendance à ne pas adhérer à certains délires et à trouver certains moments un peu trop kitsch.
Les déguisements, par exemple : autant il y en a que j’apprécie et que je trouve bien pensés, autant il y en a que je trouve juste un peu trop ridicules, comme certaines perruques portées par les Zikos pour accompagner les chansons de certains artistes. D’ailleurs, quelqu’un qui découvre l’émission pourrait se demander pourquoi, dans le générique, les Zikos ont des déguisements ou accessoires aléatoires, dont pour certains on se demande quelle chanson ils peuvent bien illustrer…
Je pourrais aussi parler de certains moments de blabla ou de certaines blagues un peu lourdes par moments. Ca reste variable, ça peut dépendre des candidats ou de l’inspiration de l’animateur.
Je peux aussi mentionner quelques chansons sur lesquelles Fabien (celui qui donne le début de la chanson) a tendance à abuser de l’auto-tune, ce qui n’est pas agréable du tout à entendre, même quand l’idée est de se moquer (gentiment) du genre de musique sur lequel on l’utilise…
Et puisque je parlais du Covid tout à l’heure, je peux citer une autre conséquence à ce sujet : avant que les ambianceurs et le public ne puissent à nouveau occuper le plateau et se montrer à visage découvert, on a eu droit dans un premier temps à des mannequins pour occuper l’espace vacant, puis à des surmasques pour les ambianceurs avec des visages souriants imprimés dessus… bon, ce n’était certes pas le seul jeu à le faire à ce moment-là (en fait, toutes les autres productions Air Prod / Banijay y sont passées), et c’était peut-être celui qui se prêtait le plus à ce genre de façon de s' »amuser » avec les gestes barrière ; mais il n’empêche que je trouvais ça particulièrement gênant, et que j’aurais largement préféré des masques classiques, plus austères mais moins flippants. Heureusement qu’ils ont fini par disparaître au bout d’un moment…

Néanmoins, par la suite (vers l’automne 2023), l’émission semble s’être calmée avec ces différents délires, et les déguisements et accessoires semblent avoir été remisés (hormis pour les génériques). Ce n’est pas plus mal, il n’y avait pas forcément besoin de davantage forcer l’ambiance.

La finale

Après ces deux points généraux, revenons à la mécanique de l’émission, puisque celle-ci ne se termine pas à l’issue de la Même Chanson. En effet, une finale avec le candidat qui a gagné vient la conclure.
Le principe de la finale se rapproche davantage de celui de la première manche : le candidat aura le choix entre deux chansons, puis devra compléter les paroles de celle qu’il aura choisie, cette fois-ci en prenant son temps pour proposer une réponse et en pouvant solliciter l’aide de Cruella pour lui rappeler les paroles précédentes.
Mais cette fois-ci, ce ne sera pas un seul passage de la chanson qu’il faudra compléter, mais cinq différents, avec à chaque fois un nombre de mots à trouver croissant. Lors de la première interruption, il y aura deux mots à trouver le plus souvent ; lors de la dernière, il y en aura une quinzaine. Le premier passage lui permettra de remporter 1 000 €, le deuxième 2 000 €, le troisième 5 000 €, le quatrième 10 000 €, et s’il fait le grand chelem 20 000 €.

Le candidat dispose d’un joker à usage unique, utilisable à tout moment, qui lui donnera les initiales des mots à trouver.
Il n’est bien sûr pas tenu d’aller jusqu’au bout : en effet, à chaque fois qu’il complète un groupe de mots, il peut décider de continuer, ou de s’arrêter là et de remporter le montant correspondant. Aussi, il utilisera le plus souvent les initiales au moment où il ne se sentira pas d’attaque pour aller plus loin.
Car il devra faire attention à ne pas commettre d’erreur : en effet, il n’y a pas de paliers disponibles, et s’il se trompe lors d’un passage, il perd tout.


Ah, je suis content, elle a choisi une chanson de Richard Gotainer pour sa finale.

Même si je regrette un peu l’absence de palier et de gain minimal (d’autant plus que la plupart des chansons jouées dans cette partie de jeu sont moins connues), ça reste un bon principe pour conclure l’émission.
Le suspense reste présent pour savoir si le candidat va réussir à aller jusqu’au bout (enfin, s’il connaît la chanson…), les enjeux sont importants, et le rythme de cette partie reste très fluide et soutenu, sans temps morts, hormis les phases de réflexion pour le candidat (qui restent cependant aussi fluides qu’en début d’émission).

Total : 13,5/20

Si dans sa version maestro, N’oubliez pas les paroles a le potentiel d’être l’un des meilleurs jeux que je connaisse (par rapport à ce qu’il réussit le mieux), le très mauvais calibrage de son système de maestro reste malheureusement un défaut beaucoup trop grossier pour que je puisse passer outre ; et me renvoie l’impression d’un jeu qui n’est toujours pas au point, malgré sa longévité et son rodage sur les autres aspects. Ce qui est sincèrement dommage, d’autant plus qu’en raison de son succès et des dérivés (sur lesquels je vais revenir), le programme semble désormais plus ou moins condamné à garder ce problème, sans pouvoir le corriger véritablement.
Toutefois, je souligne que ça reste un exploit de la part de ce jeu que je parvienne tout de même à l’apprécier sincèrement, car c’est le genre de défaut qui, d’habitude, me fait automatiquement descendre un jeu en flèche (demandez à TLMVPSP et à Trouvez l’intrus, ils en savent quelque chose…). Mais NOPLP arrive tout de même à compenser ce problème par des qualités loin d’être anodines : une mécanique relativement solide en dehors du système de maestro, une fluidité dans le rythme, et surtout une ambiance particulièrement prenante (qui, chose rare dans les jeux TV, parvient à me happer !) pour laquelle le jeu n’a pas ménagé ses efforts et mérite d’être reconnu.

Peut-être même un peu trop reconnu, compte tenu du nombre de variantes dont il a pu faire l’objet… et dont nous parlerons plus en détail la prochaine fois.

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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