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La gestion des enjeux dans les jeux TV (partie 1)

Je me souviens d’un épisode de A prendre ou à laisser dans lequel Arthur avait dit :

Il y a beaucoup de jeux où 10 000 € c’est le pactole hein, sur une autre chaîne on repart avec des dictionnaires, ne l’oubliez pas !

(Arthur, A prendre ou à laisser, 2006)

Pour être plus précis, il avait dit ça juste avant qu’un candidat n’ouvre la dernière boîte, alors que les montants en jeu restants étaient 100 € et 10 000 € ; soit, en réalité, 50 € et 5 000 €, puisque je rappelle que les gains étaient partagés avec un spectateur (j’en reparlerai…). Si vous voulez savoir, tout est bien qui finit bien, le candidat a gagné 10 000 € 5 000 €. Certes, c’était loin de l’enjeu maximal, mais ça restait honorable.
Cependant, cette remarque m’a quand même fait tiquer sur un point ; parce que, je ne sais pas si c’était volontaire de la part d’Arthur ou non (quoique, d’après certains sondages, l’animateur a plutôt une réputation d’arrogance…), mais ça renvoyait une image assez condescendante envers les jeux de France 3. Oui, ça me paraît évident que c’était de cette chaîne-là dont il voulait parler, et en particulier de jeux comme Des chiffres et des lettres ou Questions pour un champion.
Parce que, franchement, qu’est-ce qu’on est censé tirer de cette remarque ? Que APOAL serait “mieux” qu’un QPUC, parce que le premier se permet de faire gagner plus d’argent que le second (quand bien même l’un des jeux teste la culture générale des candidats, alors que l’autre se contente plus ou moins d’ouvrir des boîtes au fur et à mesure) ? Que France 3 a beaucoup moins de budget que TF1 ? Que c’est normal que dans les jeux culturels, le candidat joue surtout pour l’honneur ? En outre, même si DCDL n’est effectivement pas réputé pour ses gains juteux, QPUC permet en revanche de gagner des sommes plutôt conséquentes quand on enchaîne 5 victoires d’affilée ; donc c’est faux d’insinuer qu’”on [ne] repart [qu’]avec des dictionnaires”…
Mais bon, j’ai peut-être surinterprété cette remarque de la part d’Arthur, qui cherchait sans doute juste à faire relativiser le candidat au bord des larmes à ce moment-là.

Cela dit, j’ai trouvé que ça pouvait faire une introduction intéressante à mon article thématique du jour, concernant la façon dont les enjeux des jeux peuvent être gérés.
Est-ce qu’un jeu a forcément besoin de proposer des enjeux élevés pour être intéressants ? Est-ce qu’une chaîne peut se permettre de proposer des gains juteux si elle en a difficilement les moyens ? Dans quelle mesure l’aspect pécuniaire peut devenir gênant si le jeu ou le diffuseur est trop radin ? Comment un jeu peut-il tenter de réduire ses dépenses ? Et, au contraire, est-ce que c’est déjà arrivé qu’un jeu devienne plus généreux en cours de route ?

Cependant, même si je comptais au départ traiter ça en une seule fois… je me suis rendu compte qu’avec tous les exemples que je pouvais citer, ça risquait de rendre cet article un peu indigeste.
Aussi, je vais finalement le séparer en trois parties. Cette première partie décrira plus en détail la problématique posée.


Est-ce qu’un jeu a besoin de promettre des fortunes pour fonctionner ?

Je vous le donne en mille : la réponse est NON !

… bon, ça me semblait plutôt évident.
Si je me base sur le top 10 personnel de mes jeux préférés, l’écrasante majorité des jeux qui y sont présents (Pyramide, Slam, 8 chances de tout gagner, La gym des neurones, Only connect, Des chiffres et des lettres, Questions pour un champion…) ne sont pas réputés pour faire gagner des mille et des cents ; et même si Qui veut gagner des millions ? est dans ma liste, ce jeu-là vient plutôt derrière tous ceux que je viens de citer.
Et même sans parler de mes goûts personnels, si le succès des jeux se devait d’être proportionnel à leurs enjeux monétaires, ça aurait fait belle lurette que toutes les chaînes sauf TF1 (voire France 2) auraient arrêté de diffuser des jeux, parce qu’ils n’auraient jamais pu se permettre d’y consacrer autant de budget…

Maintenant que c’est dit : est-ce qu’on peut partir du raisonnement inverse, et se dire qu’un jeu n’a pas besoin de promettre des fortunes aux candidats pour fonctionner ? … non plus.

En fait, tout va dépendre de ce sur quoi le jeu va mettre l’accent. Mais si on ne sait pas trop sur quel pied danser, je dirais toutefois qu’un jeu prendra généralement moins de risques en faisant potentiellement gagner des gains plus élevés, même si le principe ne le justifie pas forcément. Bon, évidemment, les finances des diffuseurs ne seront clairement pas de cet avis ; aussi, ils dosent les gains en fonction de leur budget et de leurs besoins…

Bref. Il y a effectivement certains jeux pour lesquels l’intérêt réside dans les gains potentiellement juteux que les candidats peuvent espérer.
L’exemple le plus parlant qui me vienne à l’esprit étant A prendre ou à laisser, dont je parlais justement en introduction. Forcément, comme ce jeu est un peu vide conceptuellement (sans vouloir être offensant, ouvrir des boîtes et accepter/refuser les offres du banquier, c’est pas le genre de concept qui peut marcher sans y mettre les formes), il faut que son intérêt vienne d’autre chose. Et cette autre chose, c’est clairement les gains en jeu (ça, plus le fonctionnement en bande des candidats, et légèrement le style d’animation d’Arthur, pour ceux qui y accrochent…).

On peut d’ailleurs généraliser le cas A prendre ou à laisser à la majorité des jeux qui se jouent en solo ; en particulier, ceux qui suivent une formule à la QVGDM.
En effet, avec un seul candidat (ou un binôme de candidats), l’intérêt du jeu ne peut pas provenir du fait de savoir qui va l’emporter (puisque le candidat est seul…), mais plutôt de s’il va l’emporter. Et aussi, combien il va emporter.
Bon, à la rigueur, on peut se permettre un enjeu binaire, où soit le candidat ne gagne rien, soit il gagne un prix fixe… mais il vaut mieux que l’enjeu soit modulaire, pour que le candidat ne soit pas lésé. The colour of money avait essayé d’imposer un montant fixe au candidat, mais ça desservait clairement plus le jeu qu’autre chose.
Mais, surtout, il faut quand même que les enjeux soient relativement élevés, afin de susciter de l’intérêt. Bon, pas besoin de monter jusqu’au million d’euros non plus ; mais tout de même de quoi inciter le candidat à vouloir tenter le maximum, s’il y arrive. Si on lui propose juste de tenter de gagner 100 € au maximum, ça n’aura pas un grand impact s’il n’arrive pas à les gagner. Après, quelle somme minimale peut se permettre le gain maximal… ça dépendra de l’appréciation de chacun, j’imagine. Personnellement, les 5 000 € de Carbone 14 me semblent être un minimum acceptable.

On vient de voir le cas de figure des jeux en solo ; mais quid des jeux compétitifs ?
Bon, théoriquement, pour ceux-ci, on peut davantage se permettre de réduire les enjeux, dans la mesure où ce qui suscite l’intérêt du spectateur, c’est plutôt de savoir qui va gagner la partie. Ce qui n’empêchera pas de faire éventuellement une finale individuelle, avec des enjeux potentiellement élevés ; mais disons que celle-ci sera davantage secondaire que dans un QVGDM-like.
Ainsi, même si je me plaignais du côté très expéditif de la façon dont un épisode de Que le meilleur gagne (des années 90) s’arrête (c’est juste une question à 4 propositions, qu’il faut remettre dans le bon ordre et basta) ; je reconnais que, stylistiquement, ce n’était pas forcément incohérent avec le principe du jeu, puisque l’intérêt réside dans le fait de savoir lequel des 200 candidats va l’emporter, davantage que de savoir si le candidat en question va avoir le gros lot. C’est juste que ce serait mieux passé, si la phase de sélection géante qui précède n’avait pas été aussi inintéressante…
On peut même d’ailleurs parfois se permettre d’avoir un enjeu purement honorifique, comme Intervilles ou Le grand concours. Même si je reconnais que, dans le premier cas, ça apporte aussi un peu de prestige à la ville gagnante (et, potentiellement, des revenus touristiques supplémentaires, le jeu ayant fait de la publicité pour la ville) ; et que dans le second cas, comme ce ne sont pas des anonymes qui jouent (sauf les enfants, mais ils ne peuvent pas remporter de cash dans les jeux TV), on n’allait pas leur donner d’argent de toute façon.

D’ailleurs, lorsque Le grand concours a pris le relais de QVGDM pour les spéciales Pièces Jaunes, ça n’avait pas vraiment de sens… on sentait que la façon d’augmenter la cagnotte avait été ajoutée au forceps.

Donc, oui, c’est essentiellement cet aspect compétitif qui permet de diminuer les enjeux monétaires.
De fait, ce n’est donc pas grave pour Des chiffres et des lettres de ne pas proposer le même gain maximal qu’un Money Drop ; puisque l’intérêt de DCDL réside dans le fait de savoir quel candidat va gagner. En outre, DCDL a un principe davantage compatible avec l’interactivité spectateur qu’un jeu comme Money Drop : là où on regarde DCDL surtout pour pouvoir réfléchir aux tirages en même temps que les candidats, on regarde plutôt Money Drop pour son suspense et sa mise en scène, qui nécessitent davantage de moyens.

Toutefois, puisque je parle de DCDL, soulignons quand même un cas de figure où le jeu a tenté d’évoluer à ce sujet… mais où ça n’a pas marché.
A partir de 2016, le jeu s’est doté d’une finale individuelle (Les mots de la fin), où le finaliste peut remporter 100 € par mot trouvé. Sachant qu’il a 8 mots par finale, et éventuellement un sésame qui lui permet de gagner 100 € de plus s’il a fait un sans-faute sans l’utiliser, il peut donc gagner jusqu’à 900 € par finale ; et comme il peut participer jusqu’à 10 fois de suite, il peut donc prétendre à un gain total de 9 000 € s’il se débrouille comme un chef. Pour un jeu de France 3, ça reste pas trop mal !

Mais, à partir de 2022, dans un souci d’introduire de la stratégie et de la dramaturgie dans le principe (parce que France 3 voulait faire évoluer le jeu coûte que coûte, quitte à ce que ça en devienne totalement contre-productif…), les règles ont un peu changé.
D’une part, les candidats ont pu avoir le “choix” entre une liste de mots facile (à 50 € par mot) et une difficile (toujours à 100 € par mot) ; et je mets “choix” entre guillemets, car si le candidat n’avait pas remporté le sésame au préalable, il était obligé de prendre la liste facile.
D’autre part, une fois que le candidat a gagné 5 participations de suite, il a le choix entre s’arrêter là, ou continuer jusqu’à la dixième… en sachant que s’il se faisait éliminer entre-temps, il perdrait tout. En contrepartie, l’enjeu des finales passe à 150 € par mot trouvé.
Ces nouvelles règles posent un énorme problème. Déjà, personne ne regarde DCDL pour voir de la stratégie et de la dramaturgie ; donc ça n’allait pas attirer de nouveau public, ni satisfaire le public existant. Mais indépendamment de ça, je reconnais que faire prendre ce genre de décisions au candidat, ça aurait effectivement pu ajouter un côté stratégique intéressant… sauf qu’avec des gains aussi ridicules, on s’en fout ! Déjà, le fait de devoir remporter le Sésame pour pouvoir tenter la liste la mieux payée, ça a été introduit en cours de route parce que les producteurs s’étaient rendus compte que personne ne choisissait volontairement la liste facile (beaucoup moins bien payée). Quant au fait de s’arrêter ou de continuer après 5 victoires… franchement, vu les gains en jeu, le choix n’est pas très cornélien. De toute façon, à la base, les candidats de DCDL ne participent clairement pas pour l’argent, donc ces changements n’ont pas dû leur parler davantage.

Bref, ce dernier exemple au sujet de DCDL, c’était pour dire que, quitte à introduire de la stratégie, il faut une bonne motivation pour inciter les candidats à se montrer stratèges.

Je pourrais aussi citer le fossoyeur de DCDL euh pardon, Le jeu des 1000 €, dont la gestion des gains m’a profondément laissé indifférent.
Bon, le principe de la finale est hérité de la version radio : le binôme répond à une première question, et gagne 400 € s’il y répond correctement ; et il peut soit décider de s’arrêter là et repartir avec, soit les remettre en jeu pour tenter d’en gagner 1000.
L’idée n’est pas forcément inintéressante sur le principe… mais, franchement, les gains ne sont pas suffisamment intéressants pour que je me sente impliqué dans une quelconque montée en puissance de l’enjeu. Sans compter que la version TV dispose d’un système de champion illimité (et un de la sorte “Non seulement on débarque comme une fleur en cours de route, mais en plus on est favorisé en cas d’égalité”…), donc je m’en tamponne le coquillard si le binôme ne remporte pas le gain maximal, vu qu’il aura toutes ses chances de se rattraper après. Et je reviendrai sur les systèmes de champion ; mais ce n’est vraiment pas à grands coups de 1 000 € maximum par émission que ce jeu va parvenir à faire fructifier les cagnottes des candidats de sorte que ce soit intéressant sur le long terme…

Ce principe de finale est tout aussi plat que le reste du jeu, de toute façon…

Cela dit, je conçois que ça reste toujours largement plus honnête de promouvoir des gains faibles, mais qui restent accessibles ; plutôt que des gains élevés qui semblent impossibles à atteindre en pratique…


Dans quels cas les sommes mirobolantes sont-elles un miroir aux alouettes ?

Avant toute chose, je tiens à préciser que ce n’est pas parce que le gain maximal d’un jeu tombe rarement (voire jamais) que je considère qu’il est forcément inatteignable.
Ainsi, le million d’euros de QVGDM ne sera certes tombé qu’une seule fois en plus de 10 ans d’existence ; mais on a justement eu la preuve qu’il pouvait tomber.

Et je pourrais en dire de même pour Mission : 1 million (Greed aux US), où le gain maximal n’est jamais tombé (bon, en France, le jeu n’a duré que deux semaines, aussi…) ; et où l’animateur avait avoué que ce million n’était censé être qu’un attrape-nigaud. J’entends bien qu’en pratique, ce gain maximal est rendu tellement ardu à obtenir, avec une telle puissance de dissuasion de le tenter pour les candidats (vu qu’en cas d’erreur, on retombe toujours à zéro, rien que ça !), qu’il n’y avait effectivement quasiment aucune chance de le voir être remporté en pratique ; toutefois, théoriquement, ça restait quand même possible. C’est surtout que les règles de ce jeu n’étaient pas du tout au point, avec un côté dissuasif bien trop prégnant.
A ce niveau-là, je trouve que Jouez pour 5 fois plus s’en est un peu mieux sorti, en faisant en sorte qu’un gain minimal soit tout de même assuré en cas d’erreur sur sa dernière question. En revanche, ça pèche quand même pas mal, étant donné que ce jeu se base sur un principe qui est très loin d’être une science exacte ; et qu’en pratique, le candidat a une chance sur 11 de gagner. Même avec un minimum garanti, ça reste trop dissuasif pour susciter de l’intérêt.

Il faut trouver les 4 bonnes réponses parmi les 6 proposées, sans droit à l’erreur ; auquel cas, l’équipe repart bredouille. Et dites-vous que le nombre de propositions augmente au fur et à mesure, sans aucun filet de sécurité… ça donne vraiment pas envie de tenter d’aller jusqu’au bout.

Mais bon, après, ça reste dans l’intérêt du diffuseur qu’il ne tombe pas non plus trop souvent, voire rarement. D’une part, car ça lui coûte évidemment beaucoup moins cher d’avoir des candidats qui gagnent moins ; d’autre part, car ça permet d’événementialiser les fois où ça arrive, en garantissant un pic d’audience. C’est le même phénomène que celui des grands champions, lorsqu’ils s’apprêtent à battre un record : ça attire davantage de curieux.

Cela dit, il y a des cas de figure où le montant maximal théorique n’est clairement pas possible à remporter en pratique.
A ce niveau-là, je pourrais citer The Wall et Spin the wheel ; mais ce serait un peu de la triche de ma part. Certes, The Wall détient le record du gain maximal théorique pour un jeu diffusé en France (hors systèmes de champion…) ; mais il ne me semble pas qu’il ait fait sa promotion là-dessus, et n’a jamais promis que ça pouvait arriver. De toute façon, les candidats pouvaient s’en sortir avec des gains suffisamment honnêtes pour qu’on n’attaque pas le jeu là-dessus.
Bon, Spin the wheel a été plus prétentieux avec ses 23 millions de dollars purement théoriques (là encore un record), et très (mais alors TRÈS) largement supérieurs aux gains moyens des candidats… mais ça pouvait encore vaguement passer. Je pense toutefois que si ce jeu n’avait pas autant versé dans la démesure sur tous les plans, j’aurais nettement moins tiqué à son sujet.
De toute façon, même sans atteindre le maximum théorique, ça restait toujours intéressant de voir jusqu’où les candidats pouvaient potentiellement monter, et quel record ils pouvaient établir.

En fait, du moment que les promoteurs ne se la ramènent pas trop avec cette histoire de gain maximal théorique, ça passe.
Par exemple, dans Tout vu, tout lu (j’en reparlerai d’ailleurs plus loin, de celui-là), c’est théoriquement possible de remporter 150 000 €… mais comme ça impliquerait un scénario assez improbable dans lequel un candidat ne verrait jamais son capital être attaqué par les autres, ce serait du suicide marketing de faire la promotion du jeu sur ces 150 000 €. De fait, il ne le fait pas. Et puis, de toute façon, les gains qu’il est possible de remporter en situation normale restent suffisamment honnêtes pour que ça passe encore.

Quoique, c’était déjà arrivé que quelqu’un arrive en finale avec le maximum théorique ! Mais pour le conserver, en revanche, c’est une autre paire de manches…

En revanche, je ne peux pas en dire autant de Super Million Question, jeu jadis diffusé par (bientôt feu) NRJ12 parmi ses tentatives ratées de monter en gamme. Pour celui-là, le gain dépendait d’une question, dont le montant en jeu diminuait au fil du nombre de secondes de réflexion écoulées. Donc à moins de donner la réponse le plus instantanément possible, remporter le million n’était évidemment pas possible. Et ça aurait été moins gênant… si le jeu n’avait pas fait sa promotion là-dessus. Franchement, rien que son titre est mensonger à ce sujet !

Mais parlons de cas où le problème ne vient pas spécialement des règles, mais plutôt de la façon dont la production exploite le concept, pour s’assurer que le gain maximal ne tombe pas… bref, des fois où elle truque délibérément le jeu.

Et à ce niveau-là, parlons un peu de D8/C8…
En fait, entre les jeux qu’elle a repris de TF1 avec moins de budget, ainsi que ses nouveaux concepts au-dessus de leurs moyens, cette chaîne est presque un cas d’école à elle seule pour cet article.
Mais en ce qui concerne les trucages, je n’aurai que deux jeux à citer.

Le premier est Still Standing.
Bon, j’en ai déjà assez largement parlé dans ma critique du jeu, où je soulignais le côté pas du tout subtil des trucages. Cela dit, dans cet article, je soulignais davantage le fait que ces trucages étaient là pour compenser la décision totalement foireuse de faire de l’émission un format unitaire au lieu d’un format feuilletonnant.
Néanmoins, ça présente aussi un intérêt financier pour les décideurs, dans la mesure où le gain maximal ne peut jamais être remporté (et pourtant, 25 000 €, ce n’est pas vraiment la mer à boire…). Ajoutez à ça le côté très aléatoire de la façon dont la cagnotte du champion augmente, plus les “portes de sortie” dissuasives où le champion ne peut repartir qu’avec un pourcentage de la cagnotte… et vous avez un exemple parfait de jeu qui se fout de la gueule du spectateur concernant sa façon de gérer les gains.

Question très difficile...
Ça sent tellement la question pour éjecter le candidat, franchement…

Le second cas est A prendre ou à laisser.
Ce jeu a connu deux itérations sur le canal 8 : la première, en 2015, présentée par Julien Courbet ; la seconde, en 2020, présentée par Cyril Hanouna.
Concernant la version Courbet, je n’ai aucun problème. Bon, on sent que le jeu a totalement assumé qu’il n’avait plus autant de budget que sur TF1, et promettait des gains moins élevés ; mais ça restait honnête.
Concernant la version Hanouna, en revanche, celle-ci a non seulement tenté de proposer un gain maximal théorique supérieur à la version Courbet (mais toujours inférieur à celui de TF1) ; mais, en plus de ça, de le faire fructifier de 1 000 € supplémentaires tant qu’il ne tombe pas. Si bien qu’au bout de quelques mois, il pouvait dépasser les 700 000 €…
Et là où ça devient du foutage de gueule, c’est que ce gain n’a quasiment jamais été accessible pour les candidats. Comme par hasard, le banquier ne se hasarde quasiment jamais à proposer un échange de boîte avant qu’il ne soit éliminé ; en outre, ses offres ne sont jamais très généreuses non plus…

En fait, le gros problème de cette version Hanouna, c’est qu’elle sombrait dans l’attrape-nigaud que le présentateur de Mission : 1 million déplorait : on fait miroiter un gain potentiel très élevé pour vendre du rêve ; mais en pratique, on s’arrange pour qu’il ne tombe pas.
Et ce que ça a soulevé par ailleurs, c’est que C8 avait les yeux plus gros que le ventre, et promettait davantage qu’elle ne pouvait réellement se permettre. De fait, elle n’avait pas d’autre moyen que de piper les dés.

Vous voyez ce gain à 250 000 €, en bas à droite ? Généralement, vous pouvez l’oublier, le banquier s’arrange souvent pour ne pas proposer d’échange avant qu’elle ne tombe…

Cela dit, même avec davantage de moyens, ça n’a pas empêché TF1 de recourir à ce genre de pratique… comme on a pu le constater avec Money Drop.
Le programme a effectivement eu droit à une controverse, soulevée par le magazine VSD ; qui avait affirmé que la production faisait en sorte de ne pas dépasser un budget moyen de 18 000 € par émission, en sélectionnant notamment des candidats pas trop cultivés, et en modulant les questions de sorte que leur cagnotte s’écrème.
Bon, à ma connaissance, il me semble que l’affaire n’est pas allée plus loin, et qu’il n’y a pas eu de preuves formelles pour affirmer avec certitude que le jeu était truqué.
En revanche, on pouvait quand même se rendre compte que certaines questions avaient clairement pour but de faire répartir la cagnotte des candidats, afin qu’ils ne conservent pas leur montant maximal. En particulier les questions de type “sondage” (dont Les 12 coups de midi raffole aussi pour avoir les scenarii qui l’arrange…), qui ne relèvent pas de la culture générale, et dont les candidats n’ont quasiment aucune chance de vraiment avoir la réponse.
Et ça, très clairement, ça fait perdre le jeu en crédibilité, parce que la ficelle devient trop grosse.

Bref : si vous voulez rester crédible dans votre façon de gérer les gains, évitez de promettre ce dont vous ne disposez pas.
Pour réduire les dépenses, il y a d’autres moyens envisageables que de truquer le parcours, qu’on va éplucher… la prochaine fois.

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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