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#017 – Jeopardy!

Jeopardy! Un jeu qui est une véritable institution aux Etats-Unis : en effet, il y est diffusé depuis 1964, rien que ça ! Et en France, ceux qui ont entendu parler de ce jeu l’ont sans doute pour la plupart connu par rapport à ses références dans la culture populaire américaine qu’on a importée par chez nous (par exemple, j’ai découvert le concept pour la première fois dans la sitcom Une nounou d’enfer), plutôt que son adaptation en France sur TF1, présentée par Philippe Risoli, qui n’a duré que trois ans, de 1989 à 1992.
Et l’image que j’en avais eue au premier abord me donnait l’impression d’un jeu légèrement surcoté : en fait, au départ, je pensais qu’il s’agissait juste d’un jeu de quiz un peu banal, avec pour originalité de devoir poser les questions au lieu de donner les réponses ; ce qui me semblait un peu limité comme concept. Pour moi, c’était un peu le même genre de gimmick que pour Boom : gagner ne tient qu’à un fil : original au départ, mais dont on se lasse vite passé l’effet de curiosité.
Néanmoins, il est évident que juger un jeu uniquement via sa représentation dans la culture populaire en donne une image biaisée, puisque le but de la culture populaire n’est pas de représenter le jeu en question dans toutes ses nuances… au mieux, on joue avec son concept, mais uniquement pour ce qui est nécessaire au scénario ; au pire, on le tourne en dérision. Ainsi, si une comédie comme le film Vilaine fait allusion à Questions pour un champion et à Des chiffres et des lettres, ce sera surtout pour dépeindre ces jeux comme des jeux « d’intellos », et se moquer d’une candidate écervelée qui y participe sans faire exprès (ce qui n’a rien de réaliste soit dit en passant, puisque les sélections de ces jeux se font plus sérieusement que ça dans la vraie vie… mais bon) ; mais pas pour présenter ces jeux-là à un public qui ne les connaîtrait pas. Idem pour la parodie de Fort Boyard des Inconnus nommée Fort Boyaux : on reprend certes des éléments cultes du jeu (pour la plupart superficiels), et on fait même l’effort de venir sur le Fort lui-même pour la tourner ; en revanche, cette parodie dépeint une version inexacte des règles du jeu, et ne montre pas toute la subtilité de son matériau de base.

Enfin, je digresse. Tout ça pour dire que sur le papier, Jeopardy! me semblait être un jeu plutôt banal qui risquait de m’ennuyer rapidement ; mais que suite à mon visionnage de l’adaptation française (qui est, pour le coup, plutôt fidèle à la version d’origine), mon avis dessus a changé. En bien !

Comment se déroulent les deux premières manches ?

Le déroulement des deux premières manches est semblable, à quelques détails près.
Au début de ces manches, un tableau est montré aux trois candidats, avec des cases derrière lesquelles se trouvent des réponses. Chaque colonne correspond à un thème, chaque ligne correspond à un montant. Plus on descend dans le tableau, plus les montants sont élevés, plus les questions sont (théoriquement) corsées.
Le champion (oui, il y en a un… mais bon, c’était l’époque où le nombre de participations était limité à 5, et c’est le seul moment où son statut a un peu d’importance, donc ça reste léger) commence et indique la case du tableau (le thème et le montant en jeu) avec laquelle tout le monde va jouer. L’animateur donne alors la réponse derrière la case, et les candidats jouent au buzzer. Le plus rapide propose sa question : si elle est correcte, il accumule dans sa cagnotte le montant correspondant ; mais si elle est incorrecte, il perd autant d’argent que le montant mis en jeu, et les autres candidats peuvent tenter une proposition à leur tour.
Le candidat qui a bien répondu peut choisir à son tour l’une des cases du tableau, et on repart pour une nouvelle réponse, etc. jusqu’à ce que le temps imparti pour la manche ne soit écoulé. Bien sûr, on ne peut pas revenir sur les cases qui ont déjà été dévoilées.


Le tableau, aussi nommé « mur » de réponses.

L’une des cases cache une surprise : il s’agit du Doublé du jour (nom un peu mensonger au passage, vu qu’il peut y en avoir jusqu’à trois dans une même émission…).
Lorsqu’un candidat dévoile cette case, il peut décider du montant qu’il va mettre en jeu sur la question (soit issu de sa cagnotte personnelle, soit par rapport à sa valeur indiquée sur le tableau) ; en outre, seul celui-ci pourra proposer une question, les autres concurrents ne pouvant pas jouer dessus. Ce sera d’ailleurs le même candidat qui pourra choisir la nouvelle case du tableau.

Les différences entre la manche 1 et la manche 2 (le Double Jeopardy) sont les montants mis en jeu, qui sont tous doublés en manche 2, ainsi que la présence de deux Doublés du jour en manche 2 (un seul en manche 1).


A noter : les candidats peuvent aussi être à découvert s’ils accumulent les mauvaises réponses !

Dans l’ensemble, c’est une mécanique de jeu intéressante, qui tient bien la route. En plus de faire jouer les candidats sur différents domaines de connaissances, on y retrouve un aspect assez stratégique, en permettant aux candidats de choisir le niveau de difficulté et le thème, ce qui leur permet de moduler leur prise de risques (ce que la finale de Tout le monde veut prendre sa place aurait pu mieux faire, si l’attribution des thèmes s’y faisait de façon plus satisfaisante…).
Cela étant, il n’y a aucun risque d’élimination durant tout le jeu, donc les candidats ont moins de pression par rapport à cet aspect-là. C’est juste qu’avoir une cagnotte la plus élevée possible confère un avantage pour la finale.

Et ce qui fait que ces manches fonctionnent d’autant plus, c’est le rythme très bien géré.
En effet, les questions s’enchaînent, et il y a un véritable tac-au-tac dans le déroulement du jeu : le candidat choisit un thème et un montant, l’animateur donne la réponse, les candidats jouent au buzzer, celui qui a la bonne question remporte la somme, il propose immédiatement un nouveau thème/montant, et ça repart. Il n’y a quasiment aucun temps mort durant les différentes manches, et on ne s’ennuie pas.
Bon, si je devais chipoter sur quelque chose, ce serait sur la pause à la moitié de la manche 1, durant laquelle on présente davantage les candidats. Personnellement, je l’aurais plutôt placée entre les manches 1 et 2 pour souffler un peu entre les deux manches, d’autant plus que cette présentation était couplée à la page de publicité… mais ça reste relativement mineur par rapport à la gestion du rythme globale.

Qu’est-ce que la réponse à une question ?

L’originalité du jeu (et sans doute ce pour quoi ce jeu est connu), c’est donc le fait qu’au lieu d’avoir une question à laquelle les candidats répondent, les candidats ont une réponse pour laquelle il faut deviner la question.
Comme je le disais en introduction, je trouvais ce concept plutôt limité sur le papier. Je me disais qu’il suffisait juste de rajouter un « Qu’est-ce que… ? » ou un « Qui est… ? » devant la réponse ; bref, le genre de détail un peu artificiel qui est là pour piéger le candidat s’il oublie de le faire.
Mais ça va quand même un peu plus loin que ça. Certes, pour pas mal de questions, il suffit effectivement de rajouter un « Qu’est-ce que… ? » devant la réponse ; mais pour d’autres, la formulation de la question est un peu plus recherchée. Par exemple, pour un thème « La seconde guerre mondiale », on peut avoir une réponse « Ce jour-là, le général De Gaulle a lancé son appel à la résistance depuis Londres » à laquelle la question serait « Que s’est-il passé le 18 juin 1940 ? ».


Pour cette réponse, la question sera donc « Qui est… » euh… ah, oui, Jacques-Yves Cousteau. Désolé, j’avais un trou de mémoire sur celle-là.

Et je reconnais que vu comme ça, c’est davantage intéressant, car ça demande aux candidats un effort supplémentaire pour la formulation de leur question ; ainsi, il ne suffit pas de connaître la réponse, il faut aussi la formuler correctement, parfois d’une façon plus subtile.

En outre, le fait de poser la question au lieu de la réponse est également intéressant dans le contexte de ce jeu en particulier, dans la mesure où c’est un concept incorporé dans une mécanique très rythmée.
Et dans ce contexte, ça rend l’idée de poser les questions plutôt que les réponses assez futée, dans la mesure où les candidats doivent répondre de manière vive et rapide, sont donc davantage stressés, et sont donc davantage enclins à oublier de formuler leur réponse comme une question (ou à mal formuler leur question) avec la précipitation.

Cette approche dans la façon de formuler les réponses a néanmoins quelques menus inconvénients.
D’une part, il n’y a pas qu’une seule formulation possible, ou que parfois on attend un niveau de détail plus élevé dans la formulation. Au moins, la production n’est pas trop méchante à ce niveau-là, et permet au candidat de reformuler la question s’il est assez proche de ce qui était attendu ; mais il y a quand même un peu de subjectivité dans cette approche.
D’autre part, le jeu s’autorise également à présenter certaines réponses sous forme musicale… et c’est assez peu pratique dans ce contexte-là. Ca casse un peu l’idée de base, dans la mesure où je ne trouve pas ça vraiment compatible avec le fait de formuler une question.


Notons la présence de diodes lumineuses sur les pupitres, qui font office de chronomètre, et qui indiquent le temps de réflexion auquel le candidat a droit. Si toutes les lumières s’éteignent, c’est trop tard !

Comment se déroule la finale ?

La finale est disputée avec l’ensemble des candidats dont la cagnotte personnelle est strictement positive (autrement dit, ni nulle, ni à découvert) à l’issue de la manche 2 ; ceux pour lesquels ce n’est pas le cas sont éliminés et ne peuvent pas la disputer.
Ce qui fait que, théoriquement, on peut donc avoir une finale… non disputée ! En effet, si les trois candidats étaient très mauvais au point que leur cagnotte ne dépasse pas 0F, la finale passe donc à la trappe. A confirmer pour la version française, mais c’est déjà arrivé dans la version originale.
Je reconnais aussi que cette façon de qualifier les candidats est plutôt rafraîchissante (même si « rafraîchissante » n’est probablement pas le terme le plus adéquat pour un jeu qui date de 1964 dans son format d’origine…), dans la mesure où la finale peut donc se jouer (et se joue le plus souvent) avec l’ensemble des candidats. En effet, là où la plupart des jeux auraient juste sélectionné le candidat avec le meilleur score ou opposé deux candidats, ici, on termine l’émission comme on l’a commencée, c’est-à-dire avec les trois candidats (si personne n’a zéro ou moins).

Cette fois-ci, il n’y a plus de tableau, juste une réponse, qui sera la même pour tout le monde.
Une fois celle-ci dévoilée, un temps de réflexion (avec une musique caractéristique) est donné ; et durant celui-ci, les candidats doivent faire deux choses : d’une part, écrire leur question sur leur pupitre ; d’autre part, faire une enchère muette avec le montant de leur cagnotte.
Si leur question est correcte, ils augmentent leur cagnotte avec le montant qu’ils ont misé ; sinon, ce montant est retranché de leur cagnotte.
A l’issue de cette finale, le candidat qui a la cagnotte la plus élevée revient le lendemain.


On peut même voir la mise en place des dispositifs anti-copiage !

Dans l’ensemble, je suis un peu plus mitigé sur la finale.
Parmi les points positifs : j’aime le fait qu’elle ait un côté un peu plus posé, qui prend le contrepied du reste du jeu.
Je trouve également que cette mécanique d’enchère est plutôt intéressante, dans la mesure où c’est quelque chose de relativement peu exploité dans les jeux TV (Tout vu, tout lu est l’un des seuls exemples à me venir spontanément en tête) et qu’elle permet aux candidats en retard de pouvoir se rattraper dans une certaine mesure, tout en avantageant les mieux placés. A ce stade de la partie, ça ne me dérange d’ailleurs pas d’avoir une avance irrattrapable, puisque durant tout le reste du jeu, les candidats ont eu l’occasion de pouvoir faire monter leur score le plus haut possible.

Néanmoins, il y a quand même quelques éléments qui me dérangent un peu.
Premièrement : le fait de poser une question au lieu de donner la réponse n’est à présent là que pour la forme, puisqu’il n’y a plus la gestion soutenue du rythme des deux premières manches pour perturber les candidats ; et qu’à ce stade, ce serait étonnant que ceux-ci oublient de faire une formulation correcte. En outre, on a plus souvent dans ce cadre-là des formulations en « Qu’est-ce que… ? » ou « Qui est… ? ».
Secondement : le fait que tout puisse se jouer en une seule question… moyennement fan de l’idée. Pour le coup, ça contraste trop avec le reste du jeu, où les candidats pouvaient jouer sur des domaines variés, et pour certains ceux de leur choix, avec un résultat à la clé qui ne dépendait pas que d’une seule question. Ici, au contraire, tout se joue sur la même question pour tout le monde, sur un domaine imposé.

Cependant, je reconnais que le système d’enchère permet de nuancer un peu cet aspect-là, en permettant aux candidats de miser ce qu’ils souhaitent, et donc de prendre plus ou moins de risques. On retrouve ainsi, d’une certaine manière, le côté stratégique qu’on avait dans le reste du jeu.
Et là encore, le reste du jeu a son importance, et permet de minimiser la prise de risque si l’on a une avance confortable sur ses adversaires.
Ce qui fait qu’au final, les quelques défauts que je peux trouver à cette finale ne ternissent pas spécialement mon appréciation globale de celle-ci.

Total : 14,5/20

Finalement, Jeopardy! est un jeu qui n’a pas usurpé son côté culte pour moi.
Son concept, bien qu’imaginé il y a à présent un certain temps, vieillit plutôt bien, en mettant en avant la culture générale d’une façon large et rythmée ; et il aurait tout à fait pu tenir la route encore aujourd’hui si ce jeu avait continué à être diffusé en France. Enfin… potentiellement sur une autre chaîne que TF1, parce que vu comment la chaîne a évolué par la suite, il y a de quoi regretter cette époque-là…
Même si j’ai pu relever quelques défauts finalement assez mineurs, ils ne gênent pas mon appréciation globale de l’émission pour moi.

Après, même si j’aime bien qu’on mette en avant l’intellectuel dans les jeux TV, ça peut m’arriver de temps en temps de vouloir me regarder des contenus un peu plus au ras des pâquerettes… comme le jeu de la prochaine fois. Tout le monde a son plaisir coupable…

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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