A une époque où Nintendo commençait à appliquer une politique plus « casual », j’avais une image un peu biaisée de cette console, ne me sentant pas particulièrement dans son public cible.
Mais cela étant, de nouvelles capacités pour une console impliquent également de nouveaux horizons… et Hotel Dusk doit être l’une de mes meilleures découvertes sur cette console.
Editeur : Nintendo
Développeur : Cing
Support : Nintendo DS
Date de sortie (France) : 2007
Genre : Point’n’click
(Source des captures d’écran : jeuxvideo.com)
Trois ans plus tôt, alors que son équipier Bradley espionne l’association de commerce illégal de tableaux Nile, Kyle Hyde, enquêteur, apprends que son ami a disparu et tente pour des raisons inconnues de s’enfuir. Kyle le poursuit en voiture à travers la ville, et tout deux se retrouvent sur le port. Kyle crie au loin à son ami « Bradley! Pourquoi? », mais ce dernier, ne disant mot, se contente de courir, obligeant Kyle à l’abattre. Son corps tombe dans l’eau, mais n’est jamais retrouvé.
Trois ans plus tard, Kyle, qui a quitté la police et travaille maintenant pour la vente produits ménagers Red Crow, cherche depuis trois ans Bradley qu’il croit en vie afin de savoir pourquoi il l’a trahi. Son patron Ed Vincent se charge en fait également de retrouver des objets perdus. Il charge Kyle d’aller à l’hôtel Dusk sur demande d’un client afin de retrouver certains objets. Sur la route, il aperçoit une jeune fille aux cheveux blancs Kyle ne va pas tarder à découvrir que touts les clients de l’hôtel sont tous liés par le destin, et à Bradley…
Evidemment, vu le style de jeu, le scénario est tout de même un point capital.
Il s’agit en fait d’une enquête policière interactive, durant laquelle vous devez mener l’enquête auprès des clients de l’hôtel, ainsi que son personnel, pour découvrir les secrets de l’hôtel Dusk…
Elle donne l’impression d’utiliser un livre interactif : en effet, la position verticale de la DS ainsi que la progression dans le jeu le font rappeler.
Un livre dont le suspense est toujours très bien entretenu : en effet, même après plusieurs chapitres, on a beau éclaircir certaines choses au niveau des personnages qu’on vient d’interroger, ça ne résout toujours pas l’affaire… et plus on reste sur notre faim, plus on a envie de progresser…
Les personnages, d’ailleurs, parlons-en…
Hormis le personnage principal que vous incarnez, Kyle Hyde, qui a d’ailleurs son histoire, sa personnalité… il y a les personnages qu’il contacte par téléphone (son patron, Ed, ou sa secrétaire Rachel), mais aussi (et surtout) les clients et le personnel de l’hôtel qu’il aura souvent l’occasion de questionner, et qui ont tous une personnalité très bien exploitée avec leur lot de secrets qu’il vous faudra découvrir. Par ailleurs, il y aura aussi les personnages n’intervenant pas mais ayant tout de même leur importance dans l’histoire, que l’on pourra découvrir au fil des conversations…
Par conséquent, tout contribue à une ambiance policière, légèrement rétro, et très prenante. On est tout de suite imprégnés par l’histoire.
Contribue d’ailleurs à cette ambiance la musique, qui immerge là encore très bien dans l’ambiance soit un peu tendue lors d’un interrogatoire, soit plus détendue le reste du temps. Evidemment, elle reste de bonne qualité.
Mais il faut aussi souligner l’ambiance graphique, qui n’est pas en reste, loin de là.
En effet, même s’il y a une différence entre des décors qui sont plutôt dans un effet un peu 3D et des couleurs dans des tons bruns ou marron, et les personnages qui sont, en revanche, plutôt en 2D, dans un style gris et crayonné, elle passe très bien.
L’animation des personnages est tout de même très attachante, et s’intègre là encore très bien dans l’ambiance policière et rétro du jeu.
Mais ne pensez cependant pas que votre rôle s’arrête à tourner les pages avec le stylet ou les boutons de la DS, nous allons justement en venir au gameplay.
Il repose principalement sur le stylet, qui peut servir à presque tout (personnellement, les boutons m’ont surtout servi à faire défiler le texte et à déplacer le personnage, ce qu’on peut aussi faire avec le stylet) et qui est ici très simple à prendre en main.
La plupart du temps, lorsque vous ne serez pas en train de discuter, vous aurez à vous déplacer dans l’hôtel, afin de fouiller un peu partout et de découvrir des choses intéressantes… comme dans un point’n’click. Le stylet permet d’ailleurs de le faire assez confortablement.
Le rôle du stylet ne s’arrête pas là.
En effet, on est aussi souvent amenés à faire un mini-jeu, à résoudre une énigme, à chercher quelque chose minutieusement… du coup, on a besoin du stylet pour découvrir comment résoudre l’énigme.
Parfois, on pourrait considérer ça comme du chipotage, par exemple lorsqu’on décolle l’étiquette d’une bouteille de vin, on doit faire quelques chichis pour découvrir quelle est la bonne bouteille et comment la décoller pour finir par l’enlever au stylet. Cela dit, c’est tout de même assez amusant de se servir du stylet pour effectuer ces petites tâches de rien du tout qui peuvent briser la routine du jeu.
Je vous rassure, le puzzle, c’est pour quelqu’un d’autre…
Niveau difficulté et durée de vie, on pourrait peut-être trouver quelques petits bémols.
En fait, le jeu n’est pas difficile dans l’ensemble, et on ne risque pas de tomber trop souvent sur un écran de game over au début du jeu, mais lorsqu’on risque de tomber sur cet écran de game over, on est généralement assez frustrés. Oui, d’accord, on est généralement frustrés par un game over, mais là c’est tout de même plus énervant.
En effet, même si le système est plutôt intelligent sur ce point (possibilité de réessayer et de recommencer juste avant de s’être planté, texte qu’on peut faire défiler plus vite…), c’est tout de même assez frustrant de mener un interrogatoire jusqu’au bout, pour voir le personnage en question ne pas nous faire confiance à cause d’une petite erreur de raisonnement, et, crac, game over… parce qu’après, comme il faut se taper de nouveau l’interrogatoire, merci bien…
En effet, pour ceux qui voulaient de l’action, c’est un peu raté, car il y a tout de même pas mal de dialogues, ce qui semble normal mais qui est parfois un peu frustrant pour la raison énoncée ci-dessus, ou pour les fois où on oublie de savegarder et qu’on doit relire un passage qu’on connaît déjà bien.
On peut aussi en avoir un peu marre d’une cinématique un peu trop longue et on a envie de faire une pause…
Mais la durée de vie du jeu reste tout de même très bonne : en effet, la dizaine de chapitres ne se parcourt pas si rapidement, et on n’est pas à l’abri d’un petit pépin…
Mais on se doute quand même que le jeu reste très linéaire dans l’ensemble, et ce, malgré les petites occasions de pouvoir suivre une légère quête annexe (quoique c’est un bien grand mot). Ce qu’on peut encore regretter, c’est de ne pouvoir la suivre qu’à un moment précis parfois, ce qui est là encore assez frustrant, comme devoir lire un bouquin dans lequel on doit apprendre une astuce un peu anodine avant de pouvoir la mettre en pratique, et ce, même si on la connaissait déjà… ou encore, pourquoi on ne peut aller chercher de la monnaie à la réception qu’à un moment précis ? (bon, d’accord, Kyle Hyde va dormir après minuit, mais si le patron est toujours éveillé… ça ne servait à rien que je découvre ces chiffres cachés alors !)
Idem pour ce que le personnage doit faire, on a vraiment l’impression qu’il est obligé de faire telle chose à tel endroit précis, alors que ça n’était pas la peine d’attendre avant de le faire.
Et tant qu’à discuter des défauts, autant signaler pour finir les QCM en fin de chapitre, qui, certes, permettent de bien se repérer dans l’histoire, dans ce qui s’est passé. Mais parfois, les questions ou les réponses sont tout de même un peu stupides…
C’est ce genre de détails qui refroidissent un peu l’ambiance, même si on peut les surmonter.
Conclusion
A mi-chemin entre le roman et le jeu vidéo, Hotel Dusk offre une expérience plutôt rafraîchissante avec une ambiance qui lui est spécifique, que je ne saurais que recommander.
Et recommander également sa suite, Last Window : le secret de Cape West, qui est un bon prolongement de ce jeu (et malheureusement la dernière oeuvre des studios Cing), que les auteurs devaient d’ailleurs déjà avoir en tête lors de ce premier opus… oui, ça m’a fait étrange en rejouant à Hotel Dusk d’y voir une référence !