garsim critique les jeux TV

Les 10 meilleurs et pires points de... A prendre ou à laisser (version Arthur)

Lorsque j’étais adolescent et que je ne prêtais pas encore trop attention à ce qui me plaisait ou non dans les jeux TV (même si ça ne m’empêchait pas de déjà détester Tout le monde veut prendre sa place dès le départ à l’époque...), je me souviens que j’adorais regarder A prendre ou à laisser avec Arthur.
Mais depuis le temps, mes goûts ont évolué, je suis devenu plus attentif voire pointilleux sur ce qu’une émission peut réussir, et à présent je dois me rendre à l’évidence sur le fait que ce que j’adorais étant plus jeune, je l’adorais parce que j’étais plus jeune. Et vu ce sur quoi reposait ce jeu, j’étais sûr qu’il allait faire partie de cette catégorie... mais à ma grande surprise, et autrement que par nostalgie, j’ai adoré me revoir récemment des épisodes de cette époque !
Comment cela se fait-il, alors que pourtant, selon mes critères actuels, ça n’aurait pas dû être le cas ? Essayons de me l’expliquer à travers ce 50/50...

10. Les intervenants


C’est du détail et le jeu pourrait presque tourner sans... mais j’aime bien quand un jeu TV propose un ou plusieurs intervenants externes à l’animateur.
Non pas qu’il y en ait beaucoup dans A prendre ou à laisser ni beaucoup besoin étant donné la présence d’un grand nombre de candidats ; mais ça apporte quand même un plus d’avoir la présence de l’huissier de justice qui répartit les sommes au préalable, ainsi qu’un banquier qui communique via téléphone interposé et dont la présence est suggérée (un peu comme le propriétaire du domaine de District Z dont on n’entend pas les interventions - oui, j’avais envie de faire un commentaire au sujet de ce programme injustement bashé).
C’est le genre de chose qui donne un peu de cachet à un programme.

9. La question joker trop simple


Sur le principe, j’aime bien l’idée de la boîte joker, avec un montant qui n’est pas prédéfini à l’avance ; et j’aime également l’idée de faire dépendre son montant d’une question posée aux candidats, en fonction du nombre de bonnes réponses. Question qui fait d’ailleurs également office de question de sélection en triant les candidats, et qui offre par ailleurs le seul moment un peu intellectuel du jeu (ah ça, on va y revenir...).
En pratique, en revanche... cette question est plutôt une blague, et dans Qui veut gagner des millions, elle ne dépasserait pas le premier palier vu que c’est une question amuse-galerie la plupart du temps. Ce qui fait que, du coup, le montant de la boîte joker ne varie pas tant que ça, à moins de tomber sur une émission où son montant est triplé (... parce que pourquoi pas) ou sur une question qui a vraiment été difficile pour les candidats. En fait, dans mon souvenir, c’est arrivé deux fois : la première parce que la question était d’une difficulté normale (pour une fois...), mais apparemment c’était jugé difficile selon les critères de la TF1 de l’époque ; la seconde... parce que la majorité des candidats était sincèrement persuadée de l’existence du château d’Azay-le-Volet mais pas de celle d’Azay-le-Rideau. Remarquez, c’est peut-être moi qui trouve la question simple en fait, car je l’avais posée à l’identique dans un Grand Concours fait avec des amis, et seule la moitié avait la réponse...
Mais toujours est-il qu’en pratique, cette question joker ne servait finalement pas à grand-chose, y compris pour la sélection du candidat. Dommage...

8. Le speech pompeux d’Arthur avant la fin


Bon, sur ce point, c’est un peu comme pour N’oubliez pas les paroles : c’est le genre de choses qui dépend des goûts de chacun, et qui pour certains sera très fun, et pour d’autres juste stupide.
Personnellement, pour une raison qui m’échappe un peu je dois l’avouer, j’adhérais à l’ambiance de ce jeu... mais ça ne m’empêchait pas de trouver quelques moments un peu gênants. Notamment le discours qu’Arthur faisait sur un fond musical de la bande originale de « Le dernier des Mohicans », qui faisait aussi office de suspense de fin. Parce que même avec des enjeux qui pouvaient être conséquents... le concept du jeu le justifie un peu trop moyennement pour ma part, et je trouvais ça un peu ridicule pour cette raison-là, même si j’aurais eu un peu de mal à imaginer le jeu sans ça.

7. L’échelle des gains


TF1 de l’époque oblige, les gains potentiels pouvaient monter très haut. Et tant mieux, car A prendre ou à laisser fait partie de ces jeux dont l’intérêt dépend grandement de l’enjeu qu’on lui donne. Avouez que si le gain maximal avait été de 1000 € comme pour un jeu de l’après-midi de France 3, on aurait moins eu envie de regarder en se disant qu’il n’y avait clairement pas de quoi pavoiser... et d’ailleurs, de façon générale, à moins de faire ça dans un contexte sans prise de tête et juste pour l’amusement, participer à une loterie a davantage d’intérêt quand le gain potentiel est élevé. Avec un gain moindre, ça peut toujours rester amusant d’y participer... mais de juste en regarder une, beaucoup moins.

Et c’est l’une des raisons pour lesquelles, lors de sa diffusion sur D8/C8, le jeu est devenu un peu moins intéressant... bon, certes, 100 000 € de gains potentiels (enfin, pas tout à fait, à cause du point suivant...) pour la version Courbet, ça restait encore honorable, mais on sentait la réduction de budget tout de même (normal pour une chaîne plus petite).
Et par la suite, même si la version Hanouna montait plus haut en matière de gain maximal (250 000 € + cagnotte qui grimpe à chaque émission où elle n’est pas remportée)... non seulement l’échelle de gains restait assez déséquilibrée, mais de plus les trucages pour éviter que le gain maximal ne tombe étaient trop évidents. Eh oui, il ne faut jamais promettre ce qu’on ne peut pas se permettre...

Néanmoins, autant les gains potentiels et l’échelle de gains étaient plutôt bien gérés, autant ce point reste gâché par...

6. Le partage des gains avec le spectateur


... en soi, ce n’est pas l’idée qu’un téléspectateur gagne quelque chose de son côté qui me gêne, ni l’idée que ce qu’il gagne dépende du candidat (après tout, même s’il peut y avoir un côté stratégique de sa part, ce n’est pas un concept où le candidat a beaucoup de mérite lorsqu’il gagne).
Mais ça m’a toujours gêné que le jeu mentionne le montant avant partage des gains de son échelle. Même si c’était régulièrement précisé que le montant était à partager (ce qui, au passage, rendait également le partage des objets plutôt idiot...), quel était l’intérêt de faire ça, plutôt que de directement mettre les bons gains dès le départ et de préciser qu’à la fin de l’émission, un téléspectateur remportera la même chose ? A part vendre plus de « rêve » en mettant en valeur des montants plus élevés de façon plus artificielle ? D’autant plus que même sur ce point, ça aurait fait un montant maximal à 250 000 € lors des premières années du jeu, ce qui reste très honorables et ce dont Money Drop s’est bien contenté pour prendre un jeu sur la même chaîne...

5. Le concept ne vole quand même pas bien haut...


Si vous adorez le concept : tant mieux pour vous.
Personnellement, même si je trouve qu’il tient à peu près la route et que j’arrive à l’apprécier dans ce contexte... il faut quand même reconnaître qu’il reste un peu simpliste pour en faire un jeu d’access prime-time et sans grande plus-value intellectuelle, voire peut-être légèrement honteux sur les bords quand on voit les candidats perdre les plus grosses sommes sous leurs yeux.
C’est d’ailleurs principalement pour cette raison-là que je craignais de me replonger dans le jeu et que je me disais que ça n’allait rester qu’un bon souvenir de mon adolescence sans plus. Même si je n’ai rien contre des concepts plus légers et que je ne cherche pas à regarder la crème de la crème, ça me semblait quand même un peu trop borderline selon mes critères habituels de juste suivre une succession de boîtes qui s’ouvrent avec des candidats qui s’amusent entre eux, car j’aime pouvoir interagir avec un jeu TV, et pas simplement suivre de façon passive. Or, ce concept n’est pas fait pour interagir avec son public, on ne peut que constater ce qui s’y passe (à moins de s’amuser à prévoir les offres du banquier ou de deviner le montant dans la boîte du candidat), et ça reste relativement répétitif comme principe.

4. ... et il fonctionne mieux lorsque les candidats sont joueurs.


Donc non seulement la mécanique de jeu ne repose que sur de l’échange d’argent... mais de plus, ne fonctionne que parce qu’il faut des scenarii un peu variés, qui jouent sur le suspense. On a d’ailleurs souvent eu des situations de « grand écart » sur la fin, avec deux boîtes restantes dont le montant était bas pour l’une et plutôt élevé pour l’autre, avec soit un échange de boîte proposé par le banquier, soit une somme intermédiaire. Ces sommes proposées ont de l’intérêt, afin de ponctuer le rythme du jeu, et de permettre des alternatives autres que de devoir forcément récupérer le contenu de sa boîte, moyennant échange ou non.
Là où ça a posé un peu problème, ça a été sur la fin de vie du jeu. La crise financière étant passée par là, les candidats sont devenus plus raisonnables et ont plus volontiers accepté les offres du banquier plutôt que d’être joueurs et de vouloir aller jusqu’au bout. Ce qui est très raisonnable de leur part, et qui contrebalance quelque peu le côté douteux du concept... mais qui, à côté de ça, réduit l’intérêt de visionnage.
Et je pense que c’est ce qui aura coûté à ce jeu sa place sur l’antenne de TF1 à la longue... soit dit en passant, après l’arrêt d’A prendre ou à laisser, les jeux laissant le choix au candidat d’arrêter ou de continuer se seront raréfiés : Qui veut gagner des millions finira par être réservé au prime time avec des people jouant pour des associations, Au pied du mur (remake de 1 contre 100) inclura une règle pour que le candidat ne parte pas quand il veut mais seulement dans des cas précis, et Money Drop qui aurait aussi pu intégrer une règle pour que les candidats arrêtent quand ils veulent ne l’aura pas fait.

3. L’esprit de bande


Forcément, avec 22 (puis 24) candidats qui reviennent d’une émission à l’autre, ça aurait été dommage de s’en priver. On aime bien suivre les candidats, qui jouent bien le jeu.
C’est ce qui rend ce genre de programme un peu plus intimiste, qui nous fait se dire que ça vaut quand même le coup de le suivre en dépit du manque d’interactivité avec le spectateur, car ça permet de créer de l’attachement envers les candidats, sans pour autant que ça ne devienne voyeuriste comme une télé-réalité.

2. Le rythme


Encore un point que la version Hanouna n’a pas compris, parce que même si l’intention était louable de faire une émission en direct pour un jeu d’access, dans ce genre de jeu c’était aussi quelque peu casse-gueule. Surtout quand ça s’étirait sur plus d’une heure... même en accrochant au concept et en réussissant son esprit de bande, ça reste beaucoup trop pour ce que c’est...
D’ailleurs, même en mettant de côté mon aversion pour Hanouna et ses productions, je pense que si j’avais assidûment suivi cette version-là, je me serais ennuyé très, très vite. Parce que même si cette version cherchait aussi à développer un esprit de camaraderie entre les candidats et à les faire interagir, ce n’est pas cet aspect à lui seul qui fait que ça fonctionne. C’est aussi, et surtout, le rythme.

Et je pense que c’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle j’ai pris autant de plaisir qu’à l’époque en revoyant des émissions d’Arthur récemment. J’ai trouvé que les émissions étaient d’une grande fluidité, et la gestion du rythme au poil, ce qui a fait que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Le jeu sait aller vite quand il le faut, enchaîner les ouvertures de boîtes quand il le faut, donne de l’importance aux candidats quand il le faut et sans nuire à son rythme, et ralentit la cadence quand il le faut également, notamment sur la fin. Oui, même si je me suis un peu moqué du speech pompeux qu’Arthur fait sur le/la candidat(e) qui joue avant l’ouverture de la dernière boîte, ça reste quand même une manière de gérer le rythme assez bien pensée.

1. L’ambiance


Bon, c’est le point numéro 1 de pas mal de jeux que je note... mais voilà, c’est assez souvent ce que les jeux réussissent (ou ratent) le plus.
Pour APOAL, ça me semblait tout de même assez évident, vu que le contenu du jeu lui-même est relativement faiblard, ce n’est pas particulièrement ça qui attire l’attention ; et il fallait donc que ce jeu ait une plus-value qui donne envie de le regarder. Cette plus-value, c’est son ambiance.
Comme pour d’autres jeux, ça découle de plusieurs points évoqués précédemment, notamment l’esprit de bande, l’animateur et la gestion du rythme, ainsi que la gestion de la bande-son et du montage. C’est un tout qui rend le jeu finalement très agréable à regarder.
Bon, cela dit, c’est un ressenti qui reste personnel, et je comprendrais parfaitement que certains n’adhèrent pas à cette ambiance qui peut avoir un côté un peu clivant je le reconnais (notamment vis-à-vis d’Arthur dont la personnalité ne fait pas l’unanimité) ou qu’elle ne suffise pas à compenser une mécanique de jeu assez faiblarde.
Toutefois, je trouve que cette ambiance reste quand même suffisamment travaillée pour qu’elle puisse être considérée comme un point positif notable.

Total : 13/20


Ce jeu (du moins dans sa version la plus connue) doit probablement être mon principal plaisir coupable téléludique. Partant d’un concept qui ne vole pourtant pas bien haut, ne présentant pratiquement pas de plus-value intellectuelle et misant principalement sur son ambiance... il arrive pourtant à me happer, alors que sur le papier il n’aurait pas dû. Comme quoi, tout peut arriver...

Publié le 27/12/2021

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