Aujourd'hui, on va s'attaquer à un gros morceau. N'oubliez pas les paroles est en effet l'un des jeux TV les plus prolifiques en matière de contenu, à tel point que je vais devoir étaler tout ça sur plusieurs articles. En commençant par la version de base, créée en 2007, et qui se jouait en solo.
Alors, c'est assez piquant, car pour le coup, je n'ai découvert l'univers de NOPLP que très tardivement (en 2021, année à partir de laquelle j'ai fini par enfin supporter Nagui, en regagnant du capital sympathie suite à sa décision de quitter Tout le monde veut prendre sa place...) ; et ce n'est pas cette version en solo que j'ai connue en premier, donc. C'est bel et bien la version maestro (dont je parlerai dans l'article suivant) que j'ai d'abord découverte, puis la version solo que j'ai rattrapée par la suite.
Donc, forcément, ça faisait bizarre de "revenir en arrière", et de redécouvrir une émission sans certains codes auxquels on s'est habitué par la suite. En particulier pour ce jeu-là, où c'est carrément une version différente, avec des enjeux différents, et qui aurait presque pu être appelée différemment sans que ça ne choque spécialement (1 contre 100 a été "renommée" Au pied du mur et Crésus en Les 12 coups de midi pour moins que ça).
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que... ça change. Autant le plateau de jeu n'a pas trop bougé, et autant certains codes sont toujours présents ; mais je suis à la fois plus et moins pris dans le visionnage. Bref, la version solo a ses qualités par rapport à la version maestro... mais aussi ses quelques défauts.
... je crois que ça résume bien. Je n'ai limite pas besoin de développer davantage, à tel point que je peux même arrêter là ma critique.
Total : 13,5/20
Bla, bla, bla.
... je ne m'en sortirai pas avec ça, hein ? Bon, d'accord, je vais être un peu plus précis.
Le candidat se retrouve face à une pyramide de gains, avec des "questions" dont le niveau est croissant, la moindre erreur est éliminatoire, et fait retomber le candidat au dernier palier dont le gain est garanti ; mais il peut cependant s'arrêter lorsqu'il le souhaite, et il dispose de jokers pour l'aider à passer les chansons sur lesquelles il bloque.
Naturellement, ici, les "questions" prennent une autre forme, car il s'agit d'un jeu musical ; aussi, le but sera pour le candidat de compléter les paroles des chansons proposées. Ce n'est pas un télé-crochet, aussi il n'est pas nécessaire d'avoir une belle voix (enfin... presque, j'y reviendrai) ou de bien synchroniser les paroles avec la bande son pour performer dans ce jeu ; seule l'exactitude des paroles données compte.
C'est la base du concept, et il faut reconnaître que c'est plutôt rafraîchissant d'avoir un jeu TV autour du karaoké, là où les jeux musicaux se focalisent plutôt sur du blind-test d'habitude. Il n'est certes pas rare de voir ce concept de complétion de paroles exploité dans des jeux de culture générale plus large, mais ça reste ponctuel. Ici, finalement, le fait d'avoir un jeu entièrement basé sur ce concept tient très bien la route.
La pyramide des gains était la suivante :
N° question | Somme en jeu |
10 | 100 000 € |
9 | 50 000 € |
8 | 35 000 € |
7 | 20 000 € |
6 | 10 000 € |
5 | 5 000 € |
4 | 2 500 € |
3 | 1 000 € |
2 | 500 € |
1 | 250 € |
Il n'y avait qu'un seul palier de sécurité, à 2 500 euros. En revanche, si le candidat arrivait à la dernière chanson et décidait de la tenter, il aurait été assuré de gagner 20 000 euros. Une petite particularité plutôt bienvenue, puisque ça aurait été très frustrant de retomber à 2 500 à ce stade-là.
Ici, le candidat joue donc pour 20 000 euros.
Là où l'émission se démarque un peu plus de QVGDM en termes de mécanique, en revanche, c'est dans le fait que le candidat a davantage de choix à effectuer dans son parcours.
En effet, au lieu de lui imposer directement une chanson à chaque fois, il va devoir choisir parmi 9 thèmes, qui dévoilent chacun deux chansons. Et s'il souhaite aller jusqu'au bout, il devra donc traiter ces 9 thèmes.
Ces thèmes donnent la plupart du temps des indications sur les chansons qu'ils cachent, d'une façon plus ou moins subtile. Il y a également souvent un thème "Artiste", qui cache deux chansons de l'artiste en question, ainsi qu'un thème "Décennie", qui cache deux chansons datant de la même décennie.
Au fil de la partie, toutefois, le nombre de mots à retrouver dans chaque chanson augmentera au fur et à mesure ; ainsi, pour les premières chansons choisies, on ne demandera que trois mots ; mais ça pourra grimper jusqu'à une bonne dizaine de mots pour les thèmes choisis en dernier.
C'est plutôt une bonne idée de procéder ainsi, en laissant le candidat choisir son parcours.
En effet, ça donne un côté stratégique plutôt bienvenu, dans la mesure où il peut commencer par les thèmes qui l'inspirent le plus, et assurer une somme minimale ; mais il peut aussi être ambitieux, et commencer par ceux qui l'inspireront le moins, pour avoir moins de mots à compléter dessus et utiliser ses jokers, et se garder les chansons qu'il juge les plus faciles et où il est sûr de lui pour la fin !
Après, je ne sais pas si cette stratégie a beaucoup été employée à l'époque. Comparée à la version maestro, le niveau global de celle-ci était moindre, et les candidats n'étaient pas encore "professionnalisés" ; ce qui fait d'ailleurs que, quand on regarde à nouveau une émission de cette période, après avoir été habitués aux grands maestros qui ont émergé par la suite, les coupes effectuées dans certaines chansons paraissent à présent ridiculement simples !
Mais dans l'idée, ça reste excellent.
Il faudra donc traiter tout ça pour avoir le gain maximal.
Seule la chanson à 100 000 € est imposée. Si le candidat arrive jusqu'ici, il devra décider s'il la joue ou non, sachant que s'il dit oui, il ne pourra pas faire marche arrière, et devra obligatoirement valider des paroles.
Et sachant qu'il doit faire ce choix avant que la chanson ne soit dévoilée ; ce que je trouve... complètement idiot. Je veux bien accepter que le candidat doive prendre le risque de devoir valider quelque chose ; mais si vous ne lui dites même pas sur quelle chanson il doit le faire avant de prendre une décision, et qu'il peut tomber sur tout et n'importe quoi, ça ne m'étonne absolument pas que personne (du moins hors émissions spéciales type primes, couples ou candidats ayant déjà participé) n'ait osé la tenter !
Comme l'enjeu était de taille et que la moindre erreur était éliminatoire, il fallait bien mettre des jokers à disposition pour les candidats, afin que leur parcours puisse être un minimum consistant.
Au niveau des jokers, il y avait le choix entre ces trois (puis quatre)-là :
Assez bizarrement, la production n'avait pas encore imaginé le joker des "initiales", qui est un joker utilisé dans la finale de la version maestro, et qui aurait tout à fait pu avoir sa place ici.
Toutefois, les jokers proposés étaient plutôt honnêtes.
Pour le joker des deux mots, le candidat doit donc donner les numéros des mots qu'il souhaite obtenir.
Bon, vous vous en doutez, malgré une bonne base, il fallait bien la faire évoluer un peu avec le temps, histoire de renouveler le contenu de temps en temps.
C'est ainsi qu'à partir de la rentrée 2011, plusieurs nouveautés ont été introduites... et, pour la plupart, elles ne m'ont pas du tout convaincu.
Bon, commençons déjà par le positif : l'apparition du Switch. Mais ça, j'en ai déjà parlé dans le paragraphe précédent ; et comme c'est à peu près la seule nouveauté positive que j'aie pu relever, passons tout de suite au négatif.
Pour commencer, il y a un léger duel qui a été instauré avant de démarrer le jeu, entre deux candidats potentiels, pour savoir lequel allait pouvoir jouer.
C'est en fait un duel de chant : les candidats chantent l'extrait de leur choix, puis le public vote pour le candidat qu'il préfère, et celui qui a le plus de votes va alors jouer. Le perdant du duel a quand même droit à deux autres tentatives par la suite pour tenter sa chance, mais au-delà il devra repartir les mains vides.
Et... comment dire... c'était nul. Bon, ok, on reste dans la thématique musicale ; mais ce qui m'intéresse dans NOPLP, à la base, c'est surtout les connaissances des candidats en la matière, davantage que leurs performances vocales (même si c'est effectivement plus agréable d'écouter quelqu'un qui chante juste en plus d'avoir une bonne culture musicale). Si je veux regarder un programme qui juge les candidats sur leur façon de chanter, n'importe quel télé-crochet lambda façon Nouvelle Star fera amplement l'affaire, mais ce n'est en tout cas pas ce que j'attends d'un jeu comme NOPLP.
D'ailleurs, j'imagine que ce système n'aura pas pleinement convaincu, puisqu'il aura été supprimé un an plus tard.
Et pourquoi pas envoyer un SMS pour choisir notre candidat favori pendant qu'on y est...
Ensuite, le choix des thèmes va devenir un peu plus... épicé.
En effet, parmi les thèmes présents, il va y avoir un thème "bonus" et un thème "malus" ; mais le candidat ne saura pas lesquels seront concernés, ce sera une indication uniquement pour le téléspectateur.
Choisir le thème "bonus" fera automatiquement progresser le candidat d'un palier ; mais choisir le thème "malus" le fera automatiquement régresser d'un palier...
Désolé de cracher à ce point sur vos tentatives d'innovation (car je respecte le fait de ne pas se reposer sur ses lauriers et de faire évoluer une mécanique vieillissante, ce qui est louable dans l'idée), mais je trouve ça pitoyable... à la rigueur, s'il n'y avait que le thème "bonus", je me serais dit pourquoi pas... mais là, pénaliser potentiellement le candidat à son insu, juste pour une question de hasard, c'est vraiment sadique ! Même si ce jeu repose en partie sur son drama (lié à la mécanique façon QVGDM), ce n'est pas une raison pour faire tout et n'importe quoi pour l'accentuer !
D'autant plus que si j'apprécie beaucoup le côté stratégique lié au choix des thèmes, cette idée de malus vient un peu refroidir cet aspect-là. Si vous vouliez faire évoluer quelque chose de ce côté-là, il eût mieux valu trouver quelque chose davantage en rapport avec la stratégie plutôt que la chance...
En vert, le bonus ; en rouge, le malus... faut espérer que la candidate ne soit pas inspirée par "Les Michel" et qu'elle arrête de jouer avant d'être contrainte de choisir ce thème...
Et enfin, c'est mineur à ce stade, et ça ne concerne que certaines émissions ; mais parfois, le candidat pouvait se faire assister par... un people. Un animateur de France 2, pour être plus précis.
Ca sort de nulle part, ça pue l'autopromo de la chaîne, c'est désespéré, et ça en devient désespérant. Non mais sincèrement, ça n'apporte rien à la mécanique. A ce stade, si vous vouliez faire en sorte que le candidat ne soit pas seul, j'aurais encore préféré que vous fassiez jouer des binômes, même si ça n'aurait rien apporté de spécial à la mécanique... ce que l'émission a d'ailleurs plus ou moins fait par moments.
Bon, bref, à partir d'un moment, c'est légèrement devenu le bazar au niveau des participants.
Bon, ok, j'adore Thierry Beccaro... mais ce n'est pas parce qu'il est présent dans cette émission que ça va me faire automatiquement la revoir à la hausse, quoi...
Dans l'ensemble, je n'ai donc pas grand-chose à reprocher à la mécanique, à l'exception de certains détails et les ajouts tardifs déjà évoqués.
En revanche, s'il y a un défaut plus significatif et plus récurrent à évoquer, c'est la gestion du rythme. Pas au point de m'en dégoûter, mais qui peut avoir tendance à accélérer la lassitude.
Quand une chanson est jouée, le candidat chante, jusqu'aux paroles manquantes, qu'il peut donner dans la foulée, puis réfléchir à tête reposée. Logique que sa réflexion puisse prendre du temps, après tout, la moindre erreur est directement éliminatoire.
Cependant, il sera sans doute amené à chanter une nouvelle fois l'intégralité de ce qui a déjà été chanté, histoire de s'assurer que les paroles auxquelles il pense conviennent. Soit à sa demande, soit parce qu'il a utilisé le joker des choeurs et que son ami souhaite rechanter avec lui, soit parce que l'animateur souhaite faire chanter à nouveau le candidat pour valider la réponse.
Et c'est plutôt lourd, à la longue. Ca fait qu'on peut passer assez longtemps sur une seule chanson, alors qu'on aimerait que ça progresse un peu plus vite. Mais il n'y a pas que ça...
En effet, par ailleurs, la production aime également bien s'amuser à ménager du suspense... un peu n'importe comment.
Ainsi, lorsqu'un candidat bloque ses paroles, la réponse n'est pas dévoilée tout de suite, mais après un certain laps de temps. Comme QVGDM, me direz-vous... mais ici, elle a parfois tendance à rallonger ce laps de temps de façon un peu trop gratuite, surtout lorsque les gains en jeu deviennent plus élevés. Et pire : elle s'amuse aussi parfois à ne pas dévoiler l'intégralité de la réponse d'un seul coup, mais de révéler les mots au compte-gouttes. Imaginez si QVGDM s'amusait à éliminer les mauvaises réponses progressivement plutôt que de dévoiler tout de suite la bonne... ça serait très vite agaçant, pas vrai ?
Ici, la production a décidé de ne pas dévoiler la réponse d'emblée, et de seulement valider les groupes de mots un par un. Pénible.
Après, je reconnais que c'est aussi à cause de l'habitude de la version maestro, qui gère beaucoup mieux son rythme, que celle-ci paraît plus pataude en comparaison. Mais bon, même pour l'époque, on aurait pu fluidifier un peu plus certains aspects évoqués ci-dessus.
Néanmoins, au niveau de l'ambiance, je reconnais qu'on tient quelque chose.
Ce n'est pas encore aussi jouissif que ne le sera la version maestro (on y reviendra), mais le fait de pouvoir jouer sur une thématique musicale permet de garantir une ambiance plutôt conviviale.
On tient d'ailleurs déjà quelques bases à ce niveau-là, notamment la présence d'un orchestre, même s'il fait un peu réduit par rapport à ce qu'on connaîtra par la suite, et qu'on n'aura pas beaucoup d'interactions avec pour le moment. Ou encore le candidat qui chante un titre de son choix, à la demande de l'animateur, pendant qu'il se présente.
Bon, il restera encore du chemin à parcourir à ce niveau-là ; par exemple, vivement que les ambianceurs arrivent, histoire que Nagui ait l'air un peu moins esseulé en essayant de "danser" pendant que le candidat chante (parce que par moments, c'est un peu... gênant).
La première version de N'oubliez pas les paroles tient plutôt bien la route (bon, si j'excepte les tentatives de renouvellement foireuses de la rentrée 2011, sinon ma note aurait plutôt été vers les 12/20). Si celle-ci ne paraît pas très originale en raison de son modèle à la Qui veut gagner des millions ?, elle parvient toutefois à s'en démarquer positivement, en jouant sur des paroles de chansons (mettant ainsi en valeur la chanson française), en proposant une certaine liberté de progression pour les candidats, et en ayant un côté convivial plutôt plaisant.
Si le rythme avait été mieux géré, cette version aurait sans doute eu de quoi devenir un classique.
Néanmoins, cette formule-là devint finalement relativement vieillissante, et les quelques tentatives de nouveautés à la pertinence douteuse introduites au fil de l'eau ne suffirent clairement pas à la maintenir à flot...
Il aura donc fallu remodeler la formule en profondeur, et en faire une toute nouvelle version, qui passera par mes soins la prochaine fois.
Publié le 05/12/2022
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