garsim critique les jeux TV

Chacun son tour

La gestion de la présidence de France TV par Delphine Ernotte a quelque peu tendance à m'irriter sur certains détails. Je ne nie pas que son bilan est plutôt bon sur pas mal de points, notamment en matière de gestion financière, de création et de développement numérique... en revanche, s'il y a un sujet que je trouve très fâcheux concernant ses mandats, c'est la façon de "dépoussiérer" le contenu de ses chaînes, au détriment aussi bien de certains programmes que de certaines incarnations.
Et outre un certain nombre d'animateurs qui ont été mis à la porte pour avoir eu l'outrecuidance d'être des hommes blancs de plus de 50 ans pour avoir plus de "diversité" (... ce qui n'en empêche pas certains d'être surexposés quand même, comme quoi c'est seulement quand ça arrange qu'on invoque ce principe...), il y a également pas mal de programmes qui en ont pâti, y compris des grands classiques. Parmi les jeux TV, Motus en a été la première victime en 2019, et Les z'amours ont suivi 2 ans plus tard (honnêtement, ça m'étonne d'ailleurs un peu qu'ils n'aient pas profité du renvoi de Tex 3 ans plus tôt pour arrêter le jeu par la même occasion...). Ca me dérangeait un peu moins pour ce format, vu le peu d'intérêt que j'avais pour (surtout que c'était facilement l'un des programmes les moins "service public" que j'aie pu voir sur la chaîne...) ; toutefois, j'attendais un peu au tournant celui qui allait le remplacer, et sur lequel on nous avait fait tout un foin sur le côté "novateur", "la création française en force", etc.

Et le moins que je puisse dire c'est... mouais. Tout ça pour ça.
Vous l'aurez compris, Chacun son tour n'est clairement pas un programme qui me rende particulièrement enthousiaste ; et le succès qu'il a rencontré par la suite me l'a fait encore moins l'apprécier, à tel point que ce jeu doit facilement être l'un des plus surcotés que je n'aie jamais traité sur ce blog.
Après, je ne dis pas que c'est mal d'aimer ce jeu, clairement pas ; si vous l'aimez, tant mieux pour vous, comme je le dis en introduction de ce blog, mes critiques ne représentent qu'un avis subjectif. Et je comprends très bien les aspects de ce jeu qui font qu'il est apprécié. Mais de là à crier au génie au sujet de ce concept, en revanche... j'ai du mal.
Bref, attendez-vous donc à ce que je ne sois pas très positif dans cette critique...

Une occasion manquée de faire mieux


Mais avant de me lancer dans la critique du jeu lui-même, je tiens à faire un petit laïus qui explique par ailleurs pourquoi je trouve ce jeu très décevant par rapport aux attentes que je pouvais en avoir. Car le choix de ce jeu par rapport au cahier des charges demandé pour succéder aux Z'amours me reste toujours en travers de la gorge...

Pour resituer le contexte : la direction de France Télévisions tient à supprimer Les z'amours pour mettre une création française à la place (en insistant là-dessus), et a le choix entre trois projets, dont celui qui donnera sa naissance à Chacun son tour.
Mais ce projet-ci, outre le fait d'être produit par une société dont France 2 a maintenant l'habitude pour ses programmes (présidée par un animateur déjà très présent sur la chaîne), a la particularité d'avoir été présenté comme une adaptation d'un jeu allemand (Cash ball) et d'un jeu italien (Avanti un altro!).
Et pourtant, c'est celui-ci qui a été choisi... mais ça, j'en étais pratiquement sûr, car certains choix de France Télévisions sont devenus très prévisibles depuis quelques années, tant ils se font à la tête du client... donc pas surpris que ce soit le projet de Banijay/Air Prod qui ait été choisi.
Ça me rappelle la fois où France 3 avait le choix entre trois pilotes de jeux différents, mais avait comme par hasard choisi celui présenté par Cyril Féraud, qui était déjà bien exposé par la chaîne contrairement aux deux autres... mais bon, je vais arrêter ici la digression, mon but dans cet article n'est pas de cracher sur les choix de projets contestables de la part des directions d'un grand groupe télévisuel (même si ce n'est pas l'envie qui me manque, ici...).
Après, ce n'est pas tant le fait que France 2 ait choisi un énième projet Banijay/Air Prod qui me gêne, que pour une direction qui a insisté sur le caractère français du projet, celle-ci se soit tournée vers un format hybride entre un jeu allemand et un jeu italien...
Cela dit, il est possible que j'extrapole, car je ne connais pas précisément Avanti un altro! et Cash Ball, et ne saurais donc dire à quel point Chacun son tour est une double adaptation de ces formats. Si ça se trouve, ce sont peut-être les médias qui en ont fait des caisses à ce sujet ; ou alors, le terme d'"inspiration libre" serait plus judicieux.

Mais bon, certains diront que ça porte à débat de savoir si l'on considère un jeu en tant qu'adaptation car il reprend plusieurs formats pré-existants, ou comme création originale car il cherche à en faire quelque chose de différent. D'ailleurs, le jeu lui-même se considère comme une création originale, lorsqu'on se penche sur son générique de fin.
Et vous savez quoi : je suis d'accord avec ça. D'ailleurs, je peux citer l'un de mes jeux préférés, qui est lui aussi une double adaptation de deux jeux non français à la base : Pyramide (version années 90-début 2000). Pour être plus précis, c'est l'adaptation de deux concepts d'outre-Atlantique, Password (dont Mot de passe est pour le coup directement adapté) et Pyramid (dont le "retour" éphémère de Pyramide durant les années 2010 était davantage inspiré). On sent très bien la mécanique de jeu des deux concepts de base qui transparaît dans le concept "fusionné" ; mais cette mécanique est mise au service d'un jeu plus ambitieux au niveau de ses règles, ce qui fait que le format final donne presque l'impression d'en être un à part entière.
Comme quoi, ce n'est certainement pas un défaut d'adapter deux formats différents, et le format final peut même avoir sa propre identité.

Mais voilà : d'une part, Pyramide ne devait (à ma connaissance) pas répondre à un cahier des charges insistant sur le côté "création originale" ; et d'autre part, si Pyramide a su habilement marier les concepts de ses matériaux de base pour en faire un jeu à part entière intéressant (voire même légèrement supérieur à ceux-ci)... c'est moins le cas de Chacun son tour.
Bon, je ne pourrais pas juger précisément les jeux Avanti un altro! et Cash Ball, car d'une part mes connaissances en italien et en allemand sont limitées, et d'autre part trouver des émissions complètes (surtout pour le second) est difficile. Mais sur le papier, ces jeux avaient tout de même l'air d'être un peu plus intéressants... pour leur mécanique du moins, parce qu'en termes d'ambiance, en revanche, Avanti un altro! a l'air d'être un peu stupide pour les quelques images que j'ai pu entrapercevoir (au moins, je reconnais que Chacun son tour n'a pas essayé de la reproduire, ça lui fera au moins un bon point...). Honnêtement, je n'aurais pas été contre une adaptation directe de l'un de ces deux concepts (moyennant potentiellement quelques ajustements, par exemple pour supprimer les délires d'Avanti un altro!...), qui m'aurait semblé plus prometteuse sur le papier.
Mais vu le cahier des charges "création française", c'était malheureusement impossible de faire une adaptation directe de l'un des matériaux de base, qui sont tous les deux étrangers. Comme quoi, cette clause aura finalement plus desservi le projet qu'autre chose, et aura plutôt contribué à donner une moins bonne image de la création française pour moi...

Pfiou ! C'était un point assez long à rédiger, je le reconnais ; mais j'avais besoin d'en parler.
Encore une fois, je suis conscient que le public qui ne s'intéresse pas plus que ça à l'actualité médias s'en fout complètement de savoir pourquoi ce jeu a été choisi, et de savoir que c'est une adaptation de deux formats qu'il n'a probablement jamais eu l'occasion de regarder (à moins de zapper sur les chaînes allemandes et italiennes)... mais c'est le genre de backstory derrière un projet qui fait que je vais en avoir une approche moins clémente.
Surtout vu le produit fini...

Mais parlons déjà un peu du concept global


Le plateau de jeu se compose d'un animateur, et d'une trentaine de candidats potentiels.
La structure d'une émission est la suivante : on tire au sort deux candidats qui vont s'affronter en duel (en répondant à des questions de culture générale), puis le gagnant a le droit de participer à une session de bilalrd japonais pour remporter des prix. A l'issue de cette session, un autre candidat est tiré au sort pour l'affronter en duel sur le même principe, puis le gagnant relance la balle, etc. On répète ça 3 ou 4 fois, puis on passe à la finale, disputée par le dernier gagnant, qui consiste à lancer cette fois-ci une seule balle sur le billard ; mais qui lui permet de remporter le montant de la cagnotte s'il parvient à atteindre la cible.

Bon, en soi, j'ai déjà un peu de mal à voir le rapport entre les phases de duels, axées sur de la culture générale, et les phases de billard japonais, axées sur l'adresse. C'est un peu comme si on intercalait des anagrammes de Harry entre deux chansons de N'oubliez pas les paroles, ou encore des épreuves du Juste Prix entre deux manches de Questions pour un champion...
Néanmoins, je reconnais que ce n'est pas le seul jeu à proposer deux mécaniques un peu disjointes dans le même concept (pour être équitable, je devrais aussi relever que Motus alterne entre des mots à trouver et des boules à piocher, et ça n'a pas beaucoup de rapport non plus...) ; et, ici, on peut se dire que ça fait un peu écho à La tête et les jambes. Je ne sais pas si les producteurs avaient cette idée d'"hommage" en tête en concevant cette émission, mais pourquoi pas.

Et je reconnais que, globalement, c'est une mécanique un peu rafraîchissante si on la prend dans sa globalité (du moins pour le PAF, vu que là encore c'est une double adaptation de deux concepts étrangers). Mais bon, elle ne casse pas non plus tant de briques que ça pour ma part... et, honnêtement, j'aurais même tendance à la trouver assez lassante au bout d'un moment.
Les enchaînements "duel/billard/duel/billard/etc." ont un côté quelque peu répétitif. Et là où des jeux comme Le Juste Prix ou Chéri(e), fais les valises ! (... je n'arrive pas à croire que je cite ce jeu pour en parler positivement, c'est dire) alternent aussi des phases de sélection et des épreuves, ceux-ci ont le mérite de proposer des épreuves variées. Ici, en revanche, on n'a que le billard. C'est certes divertissant à un certain niveau, mais est-ce que ça suffit à porter le jeu à lui seul sur le long terme ? ... personnellement, je ne trouve pas, mais j'imagine que si ce jeu a autant de succès, c'est que certains doivent trouver ça addictif...

Des duels...


Le duel se déroule entre deux candidats, l'un tiré au sort, l'autre étant celui qui a gagné le duel précédent. C'est un tirage avec remise, donc les candidats peuvent théoriquement jouer plusieurs duels, même dans deux émissions consécutives (ce qui est un peu une conséquence de l'aspect "jeu de bande", mais qui fait un peu redondant).
Comment se passent les duels ? Les candidats répondent chacun leur tour à une question, et il suffit que l'un d'entre eux ait deux points d'avance pour le remporter et passer à la suite. Ca peut être rapide (ça peut être plié en trois questions (si le candidat 1 répond faux, que le candidat 2 répond juste puis que le candidat 1 refasse une erreur) comme ça peut être un petit peu plus long, mais le jeu s'arrange pour ne pas que ça s'étire trop non plus.

Et... désolé de le dire, mais cette mécanique est ultra simpliste. Quand j'ai vu ce jeu pour la première fois, c'est vraiment ça qui m'a fait me dire : "Et c'est ça que vous avez choisi pour remplacer Les z'amours ?" Quelque chose qui fait autant service minimum question culture générale, et qui à quelques détails près ressemble énormément à la Mort subite du Maillon Faible ?
Alors, bon, la Mort subite du Maillon Faible, je n'ai rien contre... dans le contexte du Maillon Faible. C'est-à-dire en tant que manche optionnelle pour départager une égalité finale de façon rapide. Mais là, c'est sérieusement ce qui a été choisi pour déterminer les vainqueurs des duels !
Ça me donne l'impression d'être là juste pour cocher la case "Culture générale", sans avoir trouvé de moyen plus pertinent de l'incruster dans le jeu, et je trouve même que ça dénote un peu avec la mécanique de billard. Ça manque d'un trait d'union entre les deux.

Alors, en soi, je comprends le besoin d'avoir des duels fluides qui se soldent rapidement (et encore, avec le blabla éventuel, c'est délicat de parler de fluidité...). Mais on aurait pu trouver des mécaniques plus efficaces que ça... mince, j'oserais même dire qu'à ce stade, j'aurais préféré que ça se joue à Pierre-Feuille-Ciseaux, ça aurait été encore plus fluide et ça n'aurait pas dénoté avec le côté léger du jeu...
En fait, c'est ce genre de détail qui me fait regretter que le jeu n'ait pas cherché à varier un peu sa mécanique, voire même de ne pas être parti sur un jeu d'ambiance pur et thématique. Quitte à avoir adapté le billard japonais, on aurait pu aller à fond dans l'idée de faire une émission entièrement basée sur l'adresse des candidats, et faire des duels basés eux aussi sur des jeux d'adresse en rotation par exemple. Je pense que j'aurais d'ailleurs été davantage happé par ce jeu s'il était parti dans une même logique.

Mais bon, même si on avait voulu mettre de la culture générale pour les duels... on aurait très bien pu faire ça autrement et plus efficacement, tout en gardant la fluidité souhaitée.
Par exemple, en posant des questions simultanément aux deux candidats, qui répondraient à la rapidité avec un buzzer, avec un score de 3 points à atteindre (donc minimum 3 questions pour les deux candidats pour gagner, plutôt qu'une ou deux potentiellement).
Certes, ça n'aurait pas été très original et ça aurait fait penser à Questions pour un champion, mais ça aurait eu un côté moins frustrant quand même, et ça m'aurait fait légèrement revoir à la hausse ce jeu.
Bon, cela dit, ça reste la mécanique appliquée pour départager les égalités, en cas de duel qui s'éternise, comme quoi la production y a quand même pensé...

Et de façon générale, c'est aussi ce point qui fait que je trouve ce jeu un peu bâtard, au fond : il se veut à la fois être un jeu de culture générale et un jeu d'adresse, mais chacun des deux aspects manque de pertinence, surtout le côté "culture générale" porté par une mécanique de duel aussi expéditive. Ce jeu aurait vraiment gagné à se concentrer sur une seule dimension pour l'exploiter pleinement.
Mais encore une fois, on en revient au problème d'avoir voulu adapter deux jeux qui n'avaient rien à voir en un seul... je crois qu'à force, vous comprenez pourquoi j'ai autant insisté au début sur la conception de jeu : elle n'aura pas réussi à en faire quelque chose de pleinement abouti, de mon point de vue.

... et du billard japonais.


Mais bon, passons et concentrons-nous sur un point un peu plus positif et original : le billard japonais.
Le candidat qui a gagné le duel a le droit de lancer une boule sur le billard, et s'il la fait tomber dans un trou, il gagne ce qu'il y a dedans. Il a droit à trois balles, pour faire trois essais (non, je ne ferai pas de référence au Jugement de Fort Boyard...).

Bon, même si je trouvais tout à l'heure que ce concept est répétitif, je reconnais que la relative diversité des enjeux lui donne de l'intérêt, un peu comme les tours de La roue de la fortune et les cases qui permettent de remporter différentes choses.
D'autant plus qu'il n'y a pas que des gains monétaires ; en effet, certains trous renferment aussi des cadeaux aléatoires et des bonus pour les règles, comme une "extra balle", qui donne l'occasion de lancer une balle supplémentaire lors de la finale.
C'est plutôt pas mal, j'aime bien quand on donne un aspect un peu plus stratégique plutôt que de juste faire gagner des gains un peu au hasard. Bon, sachant que selon la dextérité des candidats, ils pourront tout aussi bien atteindre intentionnellement les trous que de ne pas faire exprès de tomber dedans, mais au moins ça garantit un peu de variété.

Je vais juste faire une petite parenthèse sur le délire des cadeaux aléatoires en revanche ; car, lorsque le candidat tombe là-dessus, il peut gagner n'importe quoi, aussi bien un trampoline qu'une boîte de petits pois. Ha ha, je suis mort de rire.
C'est comme pour les récompenses des devinettes "Monsieur et Madame" dans Une famille en or, où on pouvait tout aussi bien gagner cinq ordinateurs portables que cinq barbecues (sincèrement, quel intérêt que chaque candidat ait son propre barbecue s'ils font partie de la même famille ?) ou cinq déguisements (ce qui ne représente clairement pas le même budget que cinq ordinateurs portables...) selon le bon vouloir de la prod : non seulement je ne trouve pas ça très équitable pour les candidats d'avoir des cadeaux à la valeur plus qu'aléatoire, mais en plus c'est le genre de délire qui fonctionne plutôt en petit comité qu'en tant que spectateur.
Je sais que c'est censé renforcer l'ambiance et le côté fun, et que c'est censé être un délire gentillet... mais bon, ça reste un délire trop facile, qui ne me fait plus rire depuis longtemps. C'est peut-être marrant les deux ou trois premières fois de voir un candidat gagner une boîte de petits pois alors qu'il s'attendait à avoir quelque chose de plus classe, mais on s'en lasse vite ; et, de toute façon, je ne regarde pas un jeu TV fait un tant soit peu professionnellement pour revivre les sensations de la tombola de l'école ou du centre commercial à côté de chez moi.

Mais bon, c'est du chipotage, en dehors de cet aspect-là, les phases de billard japonais font le café.

La finale est par ailleurs basée sur ce principe, mais avec cette fois-ci un billard japonais d'un seul trou, et d'une seule chance (sauf si le candidat a gagné une extra balle précédemment) pour gagner la cagnotte (qui augmente de 500 euros à chaque émission, tant qu'elle n'est pas remportée).
... pourquoi pas. Rien de plus à rajouter à ce niveau-là.

Un jeu de bande... peut-être un peu trop


Bon, même si j'ai un peu de mal à être pris dedans, j'imagine que l'une des raisons du succès de ce jeu, c'est son ambiance très feel good et bienveillante. Ce qui est plutôt un bon point en soi, étant donné que je n'aime pas particulièrement les jeux à l'ambiance plus mesquine (même si je n'en connais pas non plus tant que ça, je le reconnais).

Déjà, le fait qu'il s'agisse d'un jeu de bande, à l'instar d'A prendre ou à laisser aide beaucoup à développer l'affection qu'on peut avoir pour les candidats, via le fait de les revoir fréquemment, ainsi que celui de les voir développer des relations et des dynamiques.
Et vu qu'il m'arrive d'être pris par cette ambiance-là dans APOAL, j'imagine que c'est également le cas ici, même si pour moi ça prend moins. A vrai dire, je reconnais déjà que pour APOAL, c'est un peu exceptionnel pour moi et que ça ne tient pas à grand-chose, puisque d'habitude je ne suis pas plus happé que ça par ce genre de jeu. Peut-être que Chacun son tour manque un peu de rythme ou d'enjeux plus forts pour que je sois pris dedans... mais je comprends qu'on puisse l'être.

Mais aussi, on sent que le jeu tient à ce que tout le monde puisse gagner quelque chose.
Déjà, je n'en avais pas parlé, mais lors du tirage au sort des candidats, une boule un peu particulière peut être tirée : une boule dorée (qui n'est pas remise en jeu après tirage), qui permet à tous les candidats de remporter un cadeau. Plutôt attentionné, je le reconnais.

Et en outre, le fait qu'un candidat participe à une finale ne garantit pas son départ pour autant. En effet, c'est uniquement lorsqu'un candidat gagne la finale et remporte la cagnotte, qu'il part du jeu et qu'il est remplacé par quelqu'un d'autre. Donc en somme, un candidat ne peut partir du jeu que lorsqu'il a remporté une cagnotte... original, je le reconnais.
Et c'est là qu'on attaque l'un des principaux problèmes de ce jeu : les candidats peuvent rester très, mais alors TRÈS longtemps. On avait déjà un peu ce genre de problème dans APOAL, où les tirages au sort pouvaient faire en sorte qu'un candidat malheureux ne soit pas pris avant un bout de temps... et encore, ils n'étaient au maximum que 24 dans ce jeu-là.
Mais là, vu qu'il faut qu'un candidat gagne pour pouvoir partir, ça veut dire qu'il faut non seulement qu'il soit tiré au sort dans une émission, qu'il soit le candidat qui va participer à la finale, ET qu'il remporte ladite finale...
En fait, la petite originalité du jeu à ce niveau-là se retourne contre lui. Ce n'est certes pas banal de faire en sorte qu'un candidat ne puisse partir que lorsqu'il gagne... mais comment on s'assure qu'il puisse forcément gagner, au bout d'un moment ? On n'impose même pas un nombre de participations maximal pour éviter ça...
Bref, on se retrouve avec un jeu où un candidat peut rester encore plus longtemps qu'un champion de jeu TV... et par "peut", j'entends "c'est déjà arrivé", en plus (même un an après la création du jeu, il restait des candidats qui étaient là depuis le début). Va te rhabiller avec ton record de longévité d'un candidat, Tout le monde veut prendre sa place ! On a trouvé un jeu où c'était encore plus facile pour quelqu'un de ne jamais en partir ! C'est dire au passage à quel point ce genre de record a du mal à pouvoir être pris au sérieux, étant donné sa tendance à mélanger les torchons et les serviettes...

Quand même, j'ai du mal à comprendre pourquoi avoir fait ça. Vouloir développer un esprit de bande, je comprends... mais bon, c'est quand même pas plus mal aussi de faire tourner un peu plus les candidats...

Total : 9/20


Chacun son tour est un jeu... tout juste passable.
Bon, malgré mon manque d'enthousiasme, ce serait un peu abusé de ma part de dire que ce jeu est mauvais. Sur le plan technique, hormis cette histoire de candidats qui peuvent rester plus d'un an, je n'ai pas grand-chose à lui reprocher. Sa mécanique est certes assez faiblarde et répétitive, mais a un côté légèrement rafraîchissant et ludique ; et son ambiance reste feel-good, notamment grâce à son esprit de bande et le fait que tout le monde ait le droit à quelque chose.
Mais ça ne va pas plus loin que ça. Je comprends qu'il puisse être apprécié vis-à-vis de ces qualités-là... mais personnellement, il ne mérite vraiment pas le succès d'audience ni l'engouement qu'il a pu avoir. Succès et engouement qui restent cependant limités à la fin de matinée, la tentative de prime time avec des people ayant été un échec d'audience plutôt cuisant qui devrait dissuader la chaîne de retenter l'expérience (encore heureux...).
Et au final, c'est surtout cela que je reprocherais à ce concept : le fait qu'il se contente de ce qu'il est, sous prétexte qu'on ne cherchait qu'à en faire un jeu de fin de matinée sans prétention... alors qu'il a quand même certaines prétentions malgré lui. En étant une double adaptation officieuse de concepts pré-existants avec des mécaniques diversifiées, ce jeu posait les jalons pour faire quelque chose de très travaillé et qui avait le potentiel d'être vraiment bon... mais il se contente juste de faire son job de façon assez minimaliste. C'est très frustrant par rapport à ce qu'on nous a vendu à la base, et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je lui ai très facilement préféré Y'a pas d'erreur ?, sorti la même année, qui au moins assumait davantage ses ambitions restreintes et se la racontait beaucoup moins.

Publié le 24/08/2022

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